Une équipe menée par C. Dulac à Harvard : (T. Kimchi et al. 2007) ont montré que des souris femelles à qui l'on a désactivé (par knockout) un seul gène, Trpc2, ont les comportements du mâle (de cour et de reproduction, approche, cris ultrasonores typiques, mouvements de copulation, ...) et une baisse des comportements maternels.
Une vidéo (ici) montre bien la femelle sans gène (pas de jeux de mots merci!) (TRPC2 -/-) grise qui monte un mâle (pelage noir).
Ce gène est un canal ionique exprimé dans l'organe voméronasal (VNO) qui détecte les pheromones chez les souris. La suppression chirurgicale de cet organe produit les mêmes effets.
Est-ce que ce gène existe chez l'humain ?
Si l'on regarde dans les base du NIH, par MapViewer, on voit que ce gène existe chez la souris et chez l'homme (entre autres)
- On voit que le gène est sur le chromosome 11 de la souris (solution)
- Depuis là un lien vers UniGene, montre des similarités ( 36.2% ce qui est bien significatif) avec TRP3_HUMAN : aussi un récepteur.
- Chez l'homme un gène du même nom TRPC2 sur le chromosome 11 (solution).
Il n'est pas simple de savoir lequel serait l'équivalent, et il est difficile de trancher, mais il semble être chez nous un pseudogène (cf pubmed) "While encoding an active channel in the mouse, the human TRPC2 appears to be a pseudogene."
Remarquez qu'on est encore une fois en sciences dans les hyopthèses et qu'il faut vire avec ! On peut tout de même relever qu'un gène similaire existe chez nous, et il faudra bien sûr des expériences complémentaires pour montrer son action chez l'homme.
Remarquez qu'on est encore une fois en sciences dans les hyopthèses et qu'il faut vire avec ! On peut tout de même relever qu'un gène similaire existe chez nous, et il faudra bien sûr des expériences complémentaires pour montrer son action chez l'homme.
Pas chez nous ?
L'absence (ou sa taille minuscule) d'organe Voméronasal chez l'homme a souvent été donné comme argument contre l'action des phéromones chez l'homme. Le Pr. Ivan Rodriguez (2003) de notre université de Genève a montré que la fonctionnalité de cet organe VNO existe bien chez nous, même si anatomiquement il est vestigial. Nous reviendrons sur ce sujet un de ces jours...
Une question controversée
Sûr que cette publication va relancer le débat entre l'inné / acquis ou génétique / culturel !
Pourtant on commençait juste à les dépasser ( Selon Axel Kahn et Albert Jacquard -ils parlaient de l'intelligence - elle serait 100% acquise et 100% culturelle, signifiant par là que les 2 sont critiques et c'est de leur interaction que résulte le comportement, la caractéristique, ...). Et l'épigénétique (nous en reparlerons...) oblige à nuancer cette dichotomie.
L'illusion du gène du sexe ou "Gay"
Certains vont sans doute interpréter ces résultats comme "le gène du sexe". En particulier les mouvements gays d'un côté ou les fondamentalistes de l'autre, et la presse scientifique à sensation (surveillez Science et Vie avec un titre comme "un seul gène change la femelle en mâle ou des femelles qui se prennent pour des mâles : un gène identifié, ...) (Exemple : le "gène Gay" )
Catherine Dulac dans le Podcast (transcription du texte) voit plutôt le cerveau comme programmé pour les deux sexes et un interrupteur sensoriel activerait l'un ou l'autre des programmes de comportement.
De beaux débats en vue...
L'occasion de montrer que la science bouge, qu'elle est fait d'hypothèses qui s'affinent, se confirment, et progressent ...
De donner envie de savoir, aussi !
"Ce qui n'est pas entouré d'incertitudes ne peut pas être la vérité" Richard FeynmannSources
- Jacquard, A., Kahn, A., & Papillon, F. (2001). L'avenir n'est pas écrit: Bayard.
- Kerri Smith, A genetic switch for gender bending Female mice adopt male sexual behaviour including pelvic thrusts and mounting.Nature-news 8 August 2007; | doi:10.1038/448630b | Intranet
- Tali Kimchi, Jennings Xu & Catherine Dulac, A functional circuit underlying male sexual behaviour in the female mouse brain Nature advance online publication 5 August 2007 doi:10.1038/nature06089 | Supplementary information Avec les vidéo
- Podcast du 9 août 2007 : Transcription du texte
- Rodriguez, I. (2003). Nosing into pheromone detectors. Nature Neuroscience, 6(5), 438-440.
- Feynmann Richard(in Postel Vinay , Olivier, une culture remplace l'autre La Recherche 394 février 2006 p. 92)