lundi 23 mars 2020

Se focaliser sur le positif pour pas se laisser envahir par l'anxiété


L'incertitude est anxiogène, suivre les news augmente les incertitudes…

Jump-To-Science ne doute pas que votre vie soit difficile, avec l'ampleur du travail pour enseigner à distance, avec votre vie privée qui est sans doute fortement perturbée, et les incertitudes au niveau de ce que vous devez faire pour vos élèves etc. C'est normal que ce soit stressant !!
On sait combien l'incertitude est anxiogène, que la perte de contrôle sur les aspects importants de sa vie sont stressants. Cf. p. ex (Ryan & Deci, 2000).

Avec ça il est difficile de ne pas guetter continuellement les nouvelles , ... or elles sont le plus souvent anxiogènes. 

Echanger et se focaliser sur du positif

Jump-To-Science n'a pas les moyens de réduire vos incertitudes sur la progression des virus, l'efficacité des mesures prises par les gouvernements, la durée de la crise,…
Cependant la recherche sur le bonheur  (DeNeve, Cooper, 1998,  Wiederman 2007 ici) et la motivation (Ryan & Deci, 2000 ici) suggèrent qu'on se sentira mieux si on se focalise sur du positif et ce qu'on peut faire et contrôler plus que sur les contraintes, les impossibilités et les informations remettant en cause les certitudes, les espoirs et donc anxiogènes dont nous sommes bombardés.
Retenons donc les bonnes nouvelles et ce sur quoi nous avons prise.
"Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre."  Marc-Aurèle (il n'y avait pas encore de pdf ni de doi:-)

Reprendre le contrôle sur sa vie …

https://thecounselingteacher.com/
source : https://thecounselingteacher.com/ Carrie Stephens art

Il a été confiné 366 jours et vous propose des outils pour garder le contrôle sur votre vie…


Cyprien Verseux, qui a passé 366 jours confiné sur un volcan, partageant un dôme de 11 mètres de diamètre avec 5 autres personnes, sans jamais être à l'air libre et sans aucun contact réel avec l'extérieur, propose des conseils pour tenir :
"Abandonnez la culpabilité. Gardez ceci à l'esprit : la façon dont vous réagissez dans cette situation ne reflète pas vos capacités dans un contexte normal.
Si j'écris ce texte, c'est parce que des proches – des gens d'habitude productifs, équilibrés et compétents – m'ont contacté dans cet état. Il ne s'agit pas d'un manque de volonté. Il s'agit, simplement, d'une situation à laquelle peu ont été préparés.  Des outils existent. " lire la suite
En termes de contrôle sur sa vie, on peut noter quand même qu'il a choisi ce confinement, son sentiment de contrôle est probablement plus favorable que le virus dont nous subissons les effets.  Cependant nous pouvons regagner ce contrôle - en partie au moins -  cf l'image plus haut "I can control"


Une note d'espoir : la crise ouvrira sur un autre monde ? 

Boris Cyrulnik  discute les phases de crises face à une épidémie 
Article par Germanier Stéphane, Arcinfo.ch
  1. " le temps du déni - on minimise, on refuse d'entendre ou de voir
  2. le temps du sauve-qui-peut – on aggrave la diffusion du virus ou de la bactérie en tentant de fuir
  3. le temps de la protection – on se confine, on se calfeutre, on s'enferme
  4. le temps de la réaction - on cherche la cause, l'ennemi, le fautif, afin de le combattre
Enfin dans un cinquième temps, quand la crise est terminée on se remet à vivre. Souvent autrement d'ailleurs. "
Capture de l'article en pièces jointes : sorry pour la qualité médiocre. 

Il semble qu'on en est au point 4 : chacun y va de son explication, désigne un coupable ou souligne que "je/ ils l'avai-en-t bien dit" (comme toutes les prédictions ont pu être faites, il y en forcément qui vont se révéler vraies...) 
Exemple : ici
"The presence of a large reservoir of SARS-CoV-like viruses in horseshoe bats, together with the culture of eating exotic mammals in southern China, is a time bomb."(cf. dernières lignes de l'article)

Restez chez vous n'oubliez pas de vous faire du bien, ne lisez pas trop les news !
…Sauf Jump-To-Science :-)) ?
Et partagez vos petits bonheur, le pépites d'enseignement ou d'apprentissage que vous récoltez. 

Sources

(Les membres Expériment@l-Tremplins peuvent obtenir ces articles).
encourage le lecteur à aller vérifier dans les articles d'origine
  • Cheng, V. C., Lau, S. K., Woo, P. C., & Yuen, K. Y. (2007). Severe acute respiratory syndrome coronavirus as an agent of emerging and reemerging infection. Clinical microbiology reviews, 20(4), 660‑694. https://doi.org/10.1128/CMR.00023-07
  • DeNeve, K. M., & Cooper, H. (1998). The happy personality : A meta-analysis of 137 personality traits and subjective well-being. Psychological bulletin, 124(2), 197.
  • Ryan, R. M., & Deci, E. L. (2000). Self-determination theory and the facilitation of intrinsic motivation, social development, and well-being. American Psychologist, 55(1), 68‑78. https://doi.org/10.1037/0003-066X.55.1.68
  • Wiederman, M. (2007). Why It's So Hard to Be HAPPY. Scientific American Mind, 18(1), 36‑43. JSTOR. https://www.jstor.org/stable/24939565

vendredi 20 mars 2020

Une chimie verte et une opportunité pédagogique ?

Un numéro spécial de la revue Science : une chimie pour la terre de demain

Dans les discussions à la cafétéria les chimistes sont souvent taquinés sur la perception publique très négative de "la chimie" dans l'alimentation et l'environnement... Pourtant la puissance génératrice de chaos de minuscules êtres biologiques donnera des arguments pour alimenter une discussion vive... 

En attendant que ces discussions puissent avoir lieu autour d'un café, vous propose quelques réflexions de chercheurs dans la revue Science discutant un virage amorcé et nécessaire des processus de fabrication, d'analyse des risques et des méthodes de mesure. 

On est déjà submergé par l'enseignement à distance … une opportunité ????

Peut-être que ces articles - ou des extraits - pourront relancer l'intérêt des élèves, pourront contextualiser des activités à distance, stimuler certains élèves,…
D'autres pourraient faire l'objet d'activités interdisciplinaires; cf. p. ex l'article Where chemistry meets biology (Vermeulen,  et al. 2020). 

L'enseignement à distance ne doit pas seulement être un pis-aller, un ersatz de cours, mais peut être l'occasion d'inventer, d'explorer de nouvelles façons d'aider les élèves à apprendre, à développer leur autonomie... qui sera bien utile même une fois la crise passée. 
Fichu pour fichu osons innover !, me disait
Barbara Class (en d'autres mots, et j'espère qu'elle me pardonnera  mais je suis hors de portée :)   

"Avec la crise du Corona tous les enseignants, tous degrés confondus doivent s'improviser enseignants à distance. Cette page vise à leur donner quelques éléments philosophiques pour aider à se positionner. En effet, plutôt que de simplement appliquer une consigne (e.g. mettre des exercices en ligne), cette crise peut être vue comme une formidable opportunité pour sortir de la routine, repenser son enseignement, sa relation aux apprenants, être créatif, profiter de toutes les ressources qui existent sur le web et prendre le lead de son propre développement professionnel. En un mot: s'engager. "  Créativité pédagogique dans EdutechWiki
C'est avec plaisir que Jump-To-Science recevra et partagera des expériences que les abonné-es et membres communiqueront.


Introduction au numéro spécial Cover image              expansion

Traduction.
Fig 1 à droite :La couverture de Science du 24 janvier 2020  [img]. Illustration: Adam Simpson
Les produits chimiques de synthèse jouent des rôles importants dans la vie moderne, mais le système actuel de production, de distribution et d'élimination à l'échelle mondiale a, dans de nombreux cas, causé des dommages à l'environnement et à la santé humaine. Les innovations en matière de synthèse chimique, de surveillance environnementale et d'analyse de l'exposition et des risques garantiront que les produits chimiques de demain seront moins persistants, auront une plus grande efficacité et nous feront progresser vers un avenir durable.

encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici


Chemistry for Tomorrow's Earth

Introduction to special issue (Traduction) Embedded Image

Les chimistes et leurs collègues s'efforcent de comprendre et de manipuler les propriétés des molécules synthétiques durant leur production et leur diffusion dans l'environnement. Des produits chimiques plus durables et moins nocifs peuvent nous aider à protéger et à réhabiliter un monde déjà chargé de produits chimiques.

Fig 2 : La chimie se transforme pour être plus durable et moins toxique  [img]. Source :Illustration: Adam Simpson


A cleaner, greener future for chemicals

Abstract (Traduction)

Depuis la révolution industrielle, les développements de la chimie ont transformé des secteurs entiers de l'économie mondiale, apportant souvent de grands avantages à la société et à la qualité de vie. Mais la production, la distribution de masse et l'élimination de produits chimiques de plus en plus complexes et persistants ont entraîné de nombreux cas de dommages écologiques et environnementaux. Les effets nocifs pour les personnes sont souvent concentrés dans les communautés les moins à même d'éviter l'exposition, et les inquiétudes concernant les produits chimiques inconnus dans nos aliments, notre eau et nos maisons sont répandues. Comment pouvons-nous continuer à développer des molécules qui répondent aux défis d'aujourd'hui tout en nous assurant de comprendre les effets des produits chimiques complexes et omniprésents sur notre santé et l'environnement?
Au niveau mondial, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et des intrants bruts d'origine fossile est impérative pour parvenir à un avenir durable. De nouvelles transformations chimiques sont nécessaires pour compléter ou supplanter nombre de celles sur lesquelles nous comptons actuellement. Nous devons également tenir compte du sort de la myriade de produits chimiques complexes utilisés dans l'agriculture, les produits de consommation, les médicaments et les matériaux. Nous avons maintenant de nombreux outils sophistiqués pour comprendre ce qui arrive à ces molécules lorsqu'elles sont libérées dans l'environnement. Notre santé, et celle des écosystèmes du monde entier, dépend de notre engagement à collecter ces informations et à agir en conséquence. Traduction.
encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici



Learning from the past and considering the future of chemicals in the environment

La connaissance des dangers et des risques associés aux produits chimiques rejetés dans l'environnement s'est considérablement développée au cours des 40 dernières années. Cette meilleure prise de conscience découle des progrès de notre capacité à mesurer les produits chimiques à de faibles concentrations environnementales, de la prise de conscience d'une gamme d'effets sur les organismes et d'une croissance mondiale de l'expertise. Les scientifiques et les entreprises de l'environnement ont tiré des leçons des expériences du passé; en théorie, la prochaine génération de produits chimiques entraînera une toxicité moins aiguë et sera moins persistante et bioaccumulable pour l'environnement. Cependant, les chercheurs ont encore du mal à établir si les effets non létaux associés à certains produits chimiques et substances modernes auront des conséquences graves pour la faune. L'obtention des ressources nécessaires pour résoudre les problèmes liés aux produits chimiques dans l'environnement reste un défi.

Fig 3: Les 20 substances chimiques au risque le plus élevé (concentration moyenne dans les rivières en GB / ecotoxicité aquatique). Voir les méthodes   [img]. Source: Johnson, & al., 2020

encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :
  • By Andrew C. Johnson, Xiaowei Jin, Norihide Nakada, John P. Sumpter  Science24 Jan 2020 : 384-387   Abstract Full Text PDF


Tracking complex mixtures of chemicals in our changing environment

Abstract (Traduction)

Les produits chimiques ont amélioré notre qualité de vie, mais la pollution environnementale qui en résulte a le potentiel de causer des effets néfastes sur les humains et l'environnement. La population et les écosystèmes sont exposés de façon chronique à des milliers de produits chimiques provenant de diverses sources environnementales par le biais de multiples voies. Les chimistes de l'environnement et les toxicologues sont allés au-delà de la détection et de la quantification de produits chimiques uniques pour caractériser des mélanges complexes de produits chimiques dans des environnements intérieurs et extérieurs et des matrices biologiques. Nous mettons en évidence des approches analytiques et bioanalytiques pour isoler, caractériser et suivre des groupes de produits chimiques préoccupants dans des matrices complexes. Les techniques qui combinent l'analyse chimique et les essais biologiques pourraient faciliter l'identification des mélanges de produits chimiques qui présentent un risque combiné.
encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : 


The exposome and health: Where chemistry meets biology

Abstract (Traduction)

Malgré de nombreux indices convergents que l'exposition à des produits chimiques spécifiques peut entraîner des maladies, les approches de recherche et les politiques réglementaires actuelles ne parviennent pas à faire face à la complexité chimique de notre monde. Pour protéger les générations actuelles et futures du nombre croissant de produits chimiques polluant notre environnement, une approche systématique et non idéologique est nécessaire. Le concept d '«exposome» s'efforce de saisir la diversité et la gamme des expositions aux produits chimiques synthétiques, aux constituants alimentaires, aux facteurs de stress psychosociaux et aux facteurs physiques, ainsi que leurs réponses biologiques correspondantes. Les avancées technologiques telles que la spectrométrie de masse à haute résolution et la science des réseaux nous ont permis de faire les premiers pas vers une évaluation complète de l'exposome. Compte tenu de la reconnaissance accrue du rôle dominant que jouent les facteurs non génétiques dans la maladie, un effort pour caractériser l'exposome à une échelle comparable à celle du génome humain est justifié.
encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :


Designing for a green chemistry future

Abstract (Traduction)

Les fondements matériels d'une société durable reposeront sur des produits et des processus chimiques conçus selon des principes qui les rendent favorables à la vie. Les propriétés inhérentes des molécules doivent être prises en compte dès le stade le plus précoce - la phase de conception - pour déterminer si les composés et les processus épuisent ou maintiennent les énergies, sont toxiques ou ont des  effets bénins, sont  persistants ou facilement dégradables. Les produits, les matières premières et les processus de fabrication devront intégrer les principes de la chimie verte et de l'ingénierie verte dans une définition élargie de la performance qui inclut des considérations de durabilité. Cette transformation nécessitera le meilleur des  de la science et de l'innovation, couplé à une nouvelle pensée et conception de systèmes émergents qui commence au niveau moléculaire et se traduit par un impact positif à l'échelle mondiale.
encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :

  • By Julie B. Zimmerman, Paul T. Anastas, Hanno C. Erythropel, Walter Leitner pp. 397-400 Abstract | Full Text | PDF


Policy Forum Overhaul environmental risk assessment for pesticides

Abstract (Traduction)

Parmi les aspects de l'intensification agricole qui ont été critiqués pour leurs impacts négatifs sur la biodiversité (1, 2), les pesticides ont été liés au déclin des insectes, des oiseaux et de la biodiversité dans les systèmes aquatiques (3–5). Si l'utilisation des pesticides est à blâmer, même partiellement, cela soulève des questions à la fois sur l'utilisation des pesticides et sur les procédures réglementaires utilisées pour protéger l'environnement (4). L'évaluation des risques environnementaux (EER) des pesticides ne tient pas compte de nombreux facteurs de stress qui se sont intensifiés ces dernières années, tels que le changement climatique, la destruction de l'habitat et l'homogénéité croissante du paysage, dont la combinaison peut aggraver les effets des pesticides dans la nature. Nous décrivons comment plusieurs hypothèses sous-jacentes à l'ERA peuvent ne pas tenir dans les paysages agricoles intensifs modernes, et l'interaction entre les violations des hypothèses peut expliquer les déclins observés de la biodiversité. En utilisant des contextes européens pour illustrer ces préoccupations mondiales, nous examinons comment l'ERA réglementaire pour les pesticides est en décalage avec les connaissances scientifiques (4) et les exigences sociétales pour une production alimentaire durable et suggérons des changements de réglementation systématiques et récemment réalisables.
encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :
  • By C. J. Topping, A. Aldrich, P. Berny,  Science24 Jan 2020 : 360-363   Summary | Full Text | PDF


Perspective :  Rethinking chemistry for a circular economy

Abstract (Traduction)

La Terre manque de ressources nécessaires à la fabrication de matériaux tels que les produits chimiques, les minéraux et le pétrole. Ainsi, ces composants ne sont disponibles qu'à des coûts économiques et environnementaux croissants. En tant que contribution importante à un avenir durable, la chimie et ses produits doivent être adaptés à une économie circulaire (EC) - un système visant à éliminer les déchets, à faire circuler et à recycler les produits, à économiser les ressources et l'environnement .

encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :
  • By Klaus Kümmerer, James H. Clark, Vânia G. Zuin  Science24 Jan 2020 : 369-370 Summary | Full | Text PDF


Une compagnie s'associe avec des environnementalistes pour développer un revêtement intérieur des canettes sans Bisphénol.

Can do

By Warren Cornwall pp. 380-383 To forge a safer lining for food containers, a chemical company teams up with unlikely allies.Summary  Full Text PDF





mercredi 11 mars 2020

Comment un article sérieux devient : "Solved: the mystery of the expansion of the universe"



Un splendide exemple de Transposition

Ou comment un papier scientifique  " Consistency of the local Hubble constant with the cosmic microwave background" devient ce titre  "Solved: the mystery of the expansion of the universe"

Le service de presse de l'UNIGE écrit : A UNIGE researcher has solved a scientific controversy about the speed of the expansion of the universe by suggesting that it is not totally homogeneous on a large scale.

Or l'article dit
These results therefore suggest borderline consistency between the local and Planck measurements of the Hubble constant. Generally accounting for the environmental uncertainty, the local measurement may be reinterpreted as a constraint on the cosmological Hubble constant of km/s/Mpc.

Inévitable transposition des savoirs

On comprend bien que l'annonce par l'université s'adresse à un public plus large. On devine qu'ils veulent rendre attractif la nouvelle...
mais ce faisant la nature scientifique, nuancée, précise se perd inévitablement. 
Et le public risque de croire que la science produit des vérités définitives... Puis devient méfiant quand des progrès de la science les remettent en question.

Ce processus de Transposition est qualifié d'inévitable et nécessaire par Chevallard, Y. (1991). Il est aussi pertinent dans la vulgarisation scientifique :"Le contexte, la situation, le cadre et les méthodes de recherche qui ont produit les résultats sont perdus, la discussion de ces résultats, leur incertitude, leur portée et leur validité disparaissent et sont réduits à une conclusion simple, notable et souvent sensationnaliste présentée comme définitive."
Lombard, F., & Weiss, L. (2018)) ici

Que faire ?

Ainsi ne reprochons pas au service de presse de faire leur métier - et très bien : cette news m'a accroché tout de suite !...
Mais  encourage le lecteur - qui a un master en physique ou chimie ou biologie - à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici
Et à aider ses élèves à remonter autant que possible selon leur niveau vers les savoirs authentiques. Développer l'esprit critique c'est aussi leur apprendre progressivement à affronter la complexité du monde.  

Pour vous donner envie …

Une publication qui réconcilie les deux approches


Page de garde.jpg
Fig 1: image d'illustration  [img]. Source :unige © All rights reserved

D'après le press release de l'unige 

La terre, le système solaire, toute la Voie lactée et les quelques milliers de galaxies les plus proches de nous se déplacent dans une vaste «bulle» de 250 millions d'années-lumière de diamètre, où la densité moyenne de la matière est deux fois moins importante que pour le reste de l'univers.  C'est l'hypothèse avancée par un physicien théoricien de l'Université de Genève (UNIGE) pour résoudre une controverse dans la communauté scientifique depuis une décennie: à quelle vitesse l'univers se dilate-t-il ?
Jusqu'à présent, au moins deux méthodes de calcul indépendantes sont arrivées à deux valeurs différentes d'environ 10% avec un écart statistiquement inconciliable. Cette nouvelle approche, exposée dans la revue Physics Letters B, résout cette divergence sans recourir à une «nouvelle physique». Traduction Automatique retouchée. Voir le PDF complet


D'après Lombriser lui-même "Consistency of the local Hubble constant with the cosmic microwave background"

Allez vérifier vous-même :   encourage le lecteur à consulter Lombriser, L. (2020). ici

L'abstract de l'article est plus nuancé et plus explicite :
A significant tension has become manifest between the current expansion rate of our Universe measured from the cosmic microwave background by the Planck satellite and from local distance probes, which has prompted for interpretations of that as evidence of new physics. Within conventional cosmology a likely source of this discrepancy is identified here as a matter density fluctuation around the cosmic average of the 40 Mpc environment in which the calibration of Supernovae Type Ia separations with Cepheids and nearby absolute distance anchors is performed. Inhomogeneities on this scale easily reach 40% and more. In that context, the discrepant expansion rates serve as evidence of residing in an underdense region of . The probability for finding this local expansion rate given the Planck data lies at the 95% confidence level. Likewise, a hypothetical equivalent local data set with mean expansion rate equal to that of Planck, while statistically favoured, would not gain strong preference over the actual data in the respective Bayes factor. These results therefore suggest borderline consistency between the local and Planck measurements of the Hubble constant. Generally accounting for the environmental uncertainty, the local measurement may be reinterpreted as a constraint on the cosmological Hubble constant of km/s/Mpc. The current simplified analysis may be augmented with the employment of the full available data sets, an impact study for the immediate ≲10 Mpc environment of the distance anchors, more prone to inhomogeneities, as well as expansion rates measured by quasar lensing, gravitational waves, currently limited to the same 40 Mpc region, and local galaxy distributions.


Pour ceux qui ne sont pas des physiciens :

L'univers s'est étendu depuis le Big Bang il y a 13,8 milliards d'années - une proposition faite pour la première fois par le canon et physicien belge Georges Lemaître (1894-1966), et démontrée pour la première fois par Edwin Hubble (1889-1953). L'astronome américain a découvert en 1929 que chaque galaxie s'éloignait de nous et que les galaxies les plus éloignées se déplaçaient le plus rapidement. Cela suggère qu'il y a eu un temps dans le passé où toutes les galaxies étaient situées au même endroit, un temps qui ne peut correspondre qu'au Big Bang. Cette recherche a donné naissance à la loi de Hubble-Lemaître, y compris la constante de Hubble (H0), qui dénote le taux d'expansion de l'univers. Les meilleures estimations de H0 se situent actuellement autour de 70 (km/s)/Mpc (ce qui signifie que l'univers s'étend 70 kilomètres par seconde plus rapidement tous les 3,26 millions d'années-lumière). Le problème est qu'il existe deux méthodes de calcul contradictoires.

Supernovae sporadiques

Le premier est basé sur le fond cosmique des micro-ondes: c'est le rayonnement micro-ondes qui nous vient de partout, émis au moment où l'univers est devenu suffisamment froid pour que la lumière puisse enfin circuler librement (environ 370 000 ans après le Big Bang). En utilisant les données précises fournies par la mission spatiale Planck, et étant donné que l'univers est homogène et isotrope, une valeur de 67,4 est obtenue pour H0 en utilisant la théorie de la relativité générale d'Einstein pour parcourir le scénario. La deuxième méthode de calcul est basée sur les supernovae qui apparaissent sporadiquement dans les galaxies lointaines. Ces événements très lumineux fournissent à l'observateur des distances très précises, une approche qui a permis de déterminer une valeur pour H0 de 74.

Lucas Lombriser, professeur au Département de physique théorique de la Faculté des sciences de l'UNIGE, explique: «Ces deux valeurs ont continué à se préciser pendant de nombreuses années tout en restant différentes l'une de l'autre. Il n'a pas fallu grand-chose pour déclencher une controverse scientifique et même pour susciter l'espoir excitant que nous avions peut-être affaire à une «nouvelle physique». » Pour réduire l'écart, le professeur Lombriser a entretenu l'idée que l'univers n'est pas aussi homogène qu'on le prétend, hypothèse qui peut sembler évidente à des échelles relativement modestes. Il ne fait aucun doute que la matière est distribuée différemment à l'intérieur d'une galaxie qu'à l'extérieur. Il est cependant plus difficile d'imaginer des fluctuations de la densité moyenne de matière calculées sur des volumes des milliers de fois plus importants qu'une galaxie.

 La «bulle Hubble»

«Si nous étions dans une sorte de« bulle »gigantesque, poursuit le professeur Lombriser, où la densité de matière était nettement inférieure à la densité connue pour l'univers entier, cela aurait des conséquences sur les distances des supernovae et, finalement, sur la détermination de H0 . "

Il suffirait que cette «bulle de Hubble» soit suffisamment grande pour inclure la galaxie qui sert de référence pour mesurer les distances. En établissant un diamètre de 250 millions d'années-lumière pour cette bulle, le physicien a calculé que si la densité de matière à l'intérieur était de 50% inférieure à celle du reste de l'univers, une nouvelle valeur serait obtenue pour la constante de Hubble, qui serait alors d'accord avec celui obtenu en utilisant le fond micro-ondes cosmique. "La probabilité qu'il y ait une telle fluctuation à cette échelle est de 1 sur 20 à 1 sur 5, explique le professeur Lombriser, ce qui signifie que ce n'est pas un fantasme de théoricien. Il y a beaucoup de régions comme la nôtre dans le vaste univers. »
Traduction de la press-release 


Références:

(Les membres jump-To-Science peuvent obtenir ces articles).


dimanche 1 mars 2020

Inutile de tenter d'éliminer ou de changer les (mis)conceptions... les conférences Potvin ont été enregistrées

Inutile de tenter d'éliminer ou de changer les (mis)conceptions... : apports récents des neurosciences sur la manière dont un cerveau apprend les sciences

Deux conférences grand public ont permis de comprendre pourquoi il paraissait si difficile de faire changer les conceptions des élèves, pourquoi ce n'est probablement pas possible, pourquoi mener la chasse aux mythes, misconceptions, etc. est probablement contre-productif. Qu'il  est probablement plus utile d'aider les élèves à savoir quand utiliser les modèles explicatifs scientifiques plutot que les modèles naïfs et à se sentir à l'aise pour utiliser avec succès ceux que nous leur enseignons...
Allez vérifier vous-même :   encourage le lecteur à écouter le conférencier !

Si vous n'avez pas pu y assister, si vous voulez approfondir, si vous voulez les transmettre, les conférences ont été enregistrées sur le serveur de l'UNIGE et peuvent être visualisées ici:

recommande chaudement  à chaque enseignant de sciences - ou à  chaque bibliothèque d'école - l'excellent ouvrage complet mais abordable, du conférencier détails ici.pdf
Pour approfondir  encourage le lecteur à consulter cette sélection d'articles :

Références:

  • Masson, S., Potvin, P., & Riopel, M. (2009). Utilisation de l'imagerie cérébrale pour l'étude du changement conceptuel en sciences. In M. Riopel, P. Potvin, & J. Vaszquez-Abad (Éd.), Utilisation des Technologies pour la recherche en éducaiton scientifique (p. 197‑222). Québec: Presses de l'Université Laval.
  • Potvin, P., Sauriol, É., & Riopel, M. (2015). Experimental evidence of the superiority of the prevalence model of conceptual change over the classical models and repetition. J Res Sci Teach, 52(8), 1082‑1108. https://doi.org/10.1002/tea.21235