lundi 29 novembre 2021

Expo Ecoute Voir ! // histoire de l’Univers du Big Bang à nos jours et au-delà… // Championnat “Curieux et inventifs” //

Le mois de décembre débute par au musée d'histoire des sciences une conférence qui promet d'être passionnante, et se continue par une expo pour voir le son …  !
Un championnat de sciences"Curieux et inventifs" pour les jeunes de 8 à 15 ans à réaliser en équipe ( plus bas)


Conférence

Une histoire de l'Univers du Big Bang à nos jours et au-delà…

par Yann Mambrini

mercredi 1er décembre à 18h30 au Musée d'histoire des sciences


Depuis que l'homme réfléchit à son destin et ses origines, jamais il n'a été aussi proche d'une compréhension unifiée de l'Univers, de l'infiniment petit à l'infiniment grand. Les récentes découvertes de l'accélération de l'expansion de l'Univers, du boson de Higgs, des ondes gravitationnelles, et des trous noirs permettent désormais d'avoir une vision globale de l'histoire de notre Univers, du Big Bang à nos jours.
L'auteur retrace les étapes clefs qui ont permis ces découvertes, croisant la route de ses découvreurs, de Newton à Einstein en passant par Planck. A travers les résultats les plus récents nés des paradoxes de la relativité et de la physique quantique, la conférence propose un voyage dans le temps passionnant qui nous mènera des origines à notre destin final.

Yann Mambrini est directeur de recherche au CNRS/Université Paris-Saclay, physicien théoricien des particules, spécialisé dans la physique de l'Univers primordial et la matière noire. Il est également  membre du conseil scientifique de l'Institut de Physique du CNRS et scientifique associé au CERN. Auteur de plus de 100 articles scientifiques dans des revues internationales et de plusieurs ouvrages de vulgarisation dont le récent Newton à la plage qui vient de paraître cet été. Il est trois fois lauréat du prix d'excellence scientifique du CNRS pour ses travaux de recherche (2010, 2014 et 2018) et prix de la Société Française de Physique 2006. Il enseigne également à l'école doctorale de l'Ecole Polytechnique et à l'Ecole Normale Supérieure.
Gratuit et tout public
Certificat COVID19 obligatoire


http://institutions.ville-geneve.ch/fr/mhn/votre-visite/site-du-musee-dhistoire-des-sciences/expositions-temporaires/ecoute-voir/


Une exposition du Musée d'histoire des sciences

Une exposition bilingue français anglais, qui fait la part belle aux expériences interactives et n'a pas peur du bruit!
L'exposition en quelques mots:

Les sons nous environnent, nous accompagnent au quotidien, mais au fait, qu'est-ce qu'un son?
Cette exposition vous emmène à la découverte de ce phénomène physique et du monde merveilleux des ondes…

Chaque section est agrémentée d'éléments interactifs.


1. Le son est une onde mécanique, il a donc besoin de matière (Le son est une onde; Le son se caractérise par différents paramètres):
-    Eh oh, du tuyau (vitesse de propagation du son)
-    Ondes en mouvement
-    Vague ondulante
-    Rouleau à ondes
-    Des ronds dans l'eau!

2. Des oreilles pour entendre (Le spectre audible, Trop fort)
-    Modèle d'oreille
-    Enregistrements de sons d'animaux, de voix humaines; d'ambiances sonores

3. La fabrication d'un son (Les diapasons; Mélanger les sons)
-    Des sons qui résonnent
-    Différentes expériences avec des diapasons
-    Résonateurs de Helmholtz
-    Monocorde
-    Figures de Chladni

4. Quelques phénomènes liés aux sons (L'effet Doppler; le mur du son)
5. Voir avec le son (Le sonar des chauves-souris; Les ultra-sons aux multiples visages; Un camion à infrasons)
6. Pollution sonore et bruit

Pour découvrir l'exposition autrement :

CQFD du 10 juin 21 (audio)  Cult du 11 juin 21 (YouTube)   Rencontre (Radio Cité) du 15 juillet 21

Une section est consacrée aux instruments des collections qui permettent de mesurer, voir, produire ou amplifier le son (Brève histoire de l'acoustique; La mesure de la vitesse du son dans l'eau par Colladon).


L'exposition compte également un espace pour les plus petits.
Elle est accompagnée d'un catalogue en français téléchargeable ou imprimé d'une centaine de pages, avec une section pédagogique proposant des expériences à faire à la maison ou en classe.

Catalogue de l'exposition (pdf)
English Texts of the Exhibition (pdf)

Images de l'expositio


Pour en savoir plus sur l'exposition et sa situation magnifique !

CONTACT

Tél. + 41 22 418 63 00
info.museum[at]ville-ge[dot]ch     
www.museum-geneve.ch

Musée d'histoire des sciences:

Parc de la Perle du Lac, Rue de Lausanne 128 , 1202 Genève, Suisse
T +41 22 418 50 60
10h-17h, fermé le mardi. Entrée gratuite.

Tournoi scientifique pour les jeunes de 8 à 15 ans à réaliser en équipe
championnat de sciences,Tournoi scientifique pour les                jeunes de 8 à 15 ans à réaliser en équipe

La IXème édition du championnat de sciences "Curieux et inventifs" aura lieu le samedi 5 mars 2022 à l' École Polytechnique Fédérale de Lausanne.
Le flyer est désormais en ligne.
Les inscriptions par équipes se feront en ligne cette année, jusqu'au 31 janvier 2022, dans la limite des places disponibles (15 équipes par catégorie d'âge). Attention c'est bientôt complet !

Le championnat de sciences "Curieux et Inventifs",  sponsorisé par SimplyScience, permet à des jeunes filles et garçons de 8 à 15 ans de développer leur goût de la réflexion et de la recherche scientifique. Ils peuvent ainsi dévoiler leur inventivité dans une ambiance ludique et créative.

jeudi 25 novembre 2021

Comment les métissages d’Homo sapiens ont apporté une meilleure immunité aux européens

Pour (re)voir la conférence, et approfondir

Vous n'avez pas tous pu assister à la conférence de  Lluís Quintana-Murci - un orateur qui a su être exceptionnellement accessible mais approfondi et à la pointe de la recherche.
Il est possible de la (re)voir et d'approfondir : Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser JTS a retrouvé pour vous plusieurs des articles mentionnés. (Re)voir la conférence ici

Sur les traces ADN des migrations et des métissages d'Homo sapiens

La conférence est encore disponible on-line

Quintana-Murci a montré dans son exposé comment les migrations "récentes" (40-80'000ans) des humains ont apporté aux populations métissées des combinaisons de gènes - notamment dans le système immunitaire - qui protègent mieux contre les pathogènes. p. ex. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Quintana-Murci  (2019)  ici.

Le métissage accélère l'adaptation …

On sait tous que la sélection positive favorise certains variants que les mutations ont produites, mais Quintana-Murci rappelle que parfois des gènes sont introduits dans la population par introgression : le métissage produit rapidement de nouvelles combinaisons de gènes dont certaines seront plus avantageuses.


Fig 1: Le métissage avec Neandertal a produit de nouvelles combinaisons de gènes (introgression) dont certaines se sont révélées  plus avantageuses et ont été mieux transmises (en vert sur le schéma)   [img]. Source :(Quach, et al. 2016)


Fig 2: Le métissage avec Neandertal et Denisova a permis  l'acquisition rapide de certains de nos  gènes liés au système immunitaire  [img]. Source :exposé Quintana-Murci à 1h17: 12

Par exemple Quintana-Murci montre que nos ancêtres lorsqu'ils sont venus depuis l'Afrique se sont métissés avec Neandertal (installé en Europe depuis longtemps et donc bien adapté aux pathogènes locaux). Il fournit des données montrant que ceal a accéléré l'acquisition de combinaisons de gènes qui nous protègent mieux.  Certains de nos  gènes liés au système immunitaire proviennent très largement de ce métissage de nos ancêtres migrants avec Néandertal. Jusqu'à 37% des européens actuels ont plutôt hérité  la version Néandertal de gènes (TLR1, TLR6, TLR10) impliqués dans la réponse immunitaire innée Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'exposé Quintana-Murci à 1h17: 12 ) ou approfondir dans un article d'origine :   ici.

Les résultats qu'il présente (vers 1h30:45) et (Barreiro, Quintana-Murci, 2020) ici soutiennent aussi l'hypothèse hygiéniste (que la confrontation à de nombreux agents infectieux bénins dans l'enfance puisse réduire le risque d'allergies et de certaines maladies autoimmunes), ce  qui explique que l'allergie soit un problème plus fréquent en Europe qu'en Afrique. Ce serait un "dommage collateral" de notre meilleure protection contre les virus et bactéries, et il ne se manifeste que depuis que nous vivons dans une très bonne hygiène. Cf aussi un review : (Bach, 2021)ici

Fig 3: la susceptibilité (europénne) à l'allergie est probablement en partie le prix à payer pour cette meilleure protection contre les pathogènes   [img]. Source :exposé Quintana-Murci à 1h30: 45


>> Découvrez l'interview du professeur Lluís Quintana-Murci réalisée par LeJournal de l'UNIGE.


Implications éducatives :

D'une part, ces résultats sont l'occasion de mettre à jour les données sur l'évolution humaine.
D'autre part, si la question des migrations est assez sensible,… discuter sur la base de ces données comment le métissage a apporté ( et peut encore apporter)  une biodiversité génétique qui enrichit la population est susceptibles d'aider les élèves à mettre en perspective ou à nuancer des affirmations idéologiques trop simplistes.

Références:

  • Bach, J.-F. (2021). Revisiting the Hygiene Hypothesis in the Context of Autoimmunity. Frontiers in Immunology, 11, 615192. https://doi.org/10.3389/fimmu.2020.615192
  • Barreiro, L. B., & Quintana-Murci, L. (2020). Evolutionary and population (epi)genetics of immunity to infection. Human Genetics, 139(6), 723‑732. https://doi.org/10.1007/s00439-020-02167-x
  • Quach, H., Rotival, M., Pothlichet, J., Loh, Y.-H. E., Dannemann, M., Zidane, N., Laval, G., Patin, E., Harmant, C., Lopez, M., Deschamps, M., Naffakh, N., Duffy, D., Coen, A., Leroux-Roels, G., Clément, F., Boland, A., Deleuze, J.-F., Kelso, J., … Quintana-Murci, L. (2016). Genetic Adaptation and Neandertal Admixture Shaped the Immune System of Human Populations. Cell, 167(3), 643-656.e17. https://doi.org/10.1016/j.cell.2016.09.024
  • Quintana-Murci, L. (2019). Human Immunology through the Lens of Evolutionary Genetics. Cell, 177(1), 184‑199. https://doi.org/10.1016/j.cell.2019.02.033

Les 3 erreurs d'Einstein... Leçon d'adieu de Nicolas Gisin

Leçon d'adieu de Nicolas Gisin

https://www.unige.ch/lejournal/evenements/a-la-une/les-3-erreurs-deinstein/

Einstein, comme tout génie, s'est parfois trompé.

Le génie d'Einstein influence encore nos vies bien plus qu'on ne se l'imagine, que cela soit à travers notre perception de l'espace-temps ou de la gravitation. Pourtant Einstein, comme tout génie, s'est parfois trompé.


Mais à quoi ont conduit ces erreurs? À l'occasion de sa leçon d'adieu, le professeur Nicolas Gisin présentera trois erreurs du savant Einstein, dont les natures très différentes pourraient surprendre.

Professeur honoraire de la Faculté des sciences de l'Université de Genève, Nicolas Gisin a acquis une notoriété internationale pour ses travaux dans le domaine de la cryptographie quantique, qui utilise les lois de la nature pour établir une communication en envoyant le message photon par photon, garantissant une confidentialité totale et impossible à pirater.

Nicolas Gisin, récipiendaire de nombreuses distinctions internationales, figure parmi les quarante personnalités à faire son entrée dans Le Larousse édition 2022. Il est le seul Suisse à bénéficier de ce privilège.

LES 3 ERREURS D'EINSTEIN

Leçon d'adieu de Nicolas Gisin, Professeur honoraire à l'Université de Genève, Professeur au Schaffhausen Institute of Technology

Jeudi 9 décembre | 18h30 | Sciences II, salle A300
Sciences II, 30 quai Ernest-Ansermet, 1205 Genève

Inscription obligatoire en cliquant ici

mercredi 17 novembre 2021

Autrefois l'incompris était attribué à des dieux, aujourd'hui «c'est épigénétique» …?

L'épigénétique : un mécanisme scientifique, ou un terme qu'on évoque pour soutenir sa théorie fétiche voire réfuter un "déterminisme biologique"... ?

Etienne Danchin (2021) évoque l'excès de popularité  d'un concept souvent mal compris "Ce qui était auparavant incompris était attribué à des dieux, alors qu'aujourd'hui «c'est épigénétique »" Danchin, E. (2021) p. 63

Il est parfois évoqué  pour soutenir la théorie fétiche d'un.e journaliste :

  • "Et si l'épigénétique était la clé pour retrouver un équilibre parfait ?" Verley, F. (2021, juin 16). Comment influer sur nos gènes pour vivre plus longtemps et en meilleure santé ? Vogue

Ce terme est beaucoup évoqué en sciences sociales pour réfuter un "déterminisme biologique" mais sans toujours justifier, il me semble, de manière scientifique - en s'appuyant sur des résultats discutés à la lumière des méthodes. 
D'autres l'évoquent plus rigoureusement, comme Dupras, C. (2017) pour remettre en question le cadrage conceptuel en termes de nature et culture (perçus comme séparés). Il met en évidence combien cette séparation nature-culture est floue et ancrée dans des questions politiques, éthiques très délicates.
D'autres, comme l'historien des sciences Michel Morange (un biologiste au départ) s'élève aussi contre cette opposition dans une vidéo 

  • Liberté épigénétique vs. déterminisme génétique : un mauvais procès Youtube

JTS se concentrera ici sur les aspects biologiques : présenter les mécanismes et quelques exemples bien étayés en termes scientifiques.

Une définition

"On peut définir l'épigénétique comme l'étude de tous les changements d'expression des gènes non dus à une variation dans la séquence nucléotidique de l'ADN et qui néanmoins sont transmis soit entre générations de cellules, soit entre générations d'organismes". Danchin, E. (2021, p. 64)
Cette définition très large s'applique à de nombreux mécanismes possibles ou bien établis.

Quels mécanismes ?

"Le mécanisme épigénétique le mieux documenté concerne des modifications chimiques sur les nucléotides de l'ADN. La plus connue d'entre elles implique l'ajout d'un radical méthyle, sur certaines des cytosines […] Chez les mammifères, plus un promoteur est méthylé, plus cela rend difficile la fixation de la [machinerie machinerie moléculaire de transcription]. Si de nombreuses cytosines ont un radical méthyle, la transcription ne se produit plus et le gène en question est silencé [on dit que les gènes non exprimés sont «silencés »] . La méthylation-déméthylation des cytosines constitue donc un puissant mécanisme d'expression différentielle des gènes. Danchin, E. (2021) p.65

Méthylation de l'ADN

Dans la mesure ou la compaction de la chromatine empêche la transcription (on utilise souvent l'anglicisme silencer) , des modifications qui décompactent l'ADN rendent plus accessibles les gènes qui sont donc plus exprimés.

mecanismeepigénétique depuis Wikimedia

Fig 1: Commentaire  img  Source : WikimediaCNX Biology Textbook CC-BY-4

Modification des Histones

L'acétylation des histones peut aussi augmenter l'expression en favorisant l'accessibilité de l'ADN : cf. (Campbell & Reece,2015) p. 423 

Il y a d'autres mécanismes comme l'ARN interférent.  Voir notamment


Un exemple bien documenté de mécanisme épigénétique chez la souris 

Un exemple désormais classique trouvé dans la revue Nature et joliment intitulé " Lamarck revisited : Epigenetic inheritance of ancestral odor fear conditioning"  Szyf, M. et al. (2014) ici

Leur étude montre que lorsque les souris sont conditionnées à craindre une odeur, leur progéniture et la génération suivante naissent en la craignant. Le gène d'un récepteur olfactif activé par l'odeur est spécifiquement déméthylé dans la lignée germinale et les circuits olfactifs de détection de l'odeur sont renforcés. (traduction de Szyf, M. (2014).   Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles            plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

figure1

Fig 3 : Le conditionnement à craindre une odeur peut se transmettre à la génération suivante par modification épigénétique   img  source : Wikimedia CNX Biology Textbook CC-BY-4

  • Szyf, M. (2014). Lamarck revisited : Epigenetic inheritance of ancestral odor fear conditioning. Nature Neuroscience, 17(1), 2‑4. https://doi.org/10.1038/nn.3603

Comment l'un des Chromosomes X est inactivé chez les femmes

Les mammifères femelles ont deux chromosomes X, et les hommes un seul. Un mécanisme remarquable a évolué qui empêche que ne se produise un déséquilibre dans l'expression de gènes : dans toutes les cellules en comportant deux, un chromosome X entier est «silencieux» c'est-à-dire que la transcription de l'ARN est empêchée. Ce processus s'appelle l'Inactivation du Chromosome X  (XCI en anglais) et commence tôt dans le développement des embryons femelles. Une fois achevée cette inactivation XCI est essentiellement stable pour la vie. Par conséquence les gènes d'un chromosome X humain peut être réduit au silence pendant plus de 100 ans.  Ce XCI est devenu un paradigme pour les processus épigénétiques -  dans lesquels l'ADN et les protéines associées sont modifiés pour altérer l'expression des gènes. XCI a été étudiés de manière intensive pendant des décennies. Au cours des 25 dernières années, une grande partie de cette recherche s'est centrée sur un ARN long non codant (LNCRNA) appelée Xist, qui est nécessaire pour orchestrer cette XCI. Cependant, les détails du mécanisme d'inactivation (silencing en anglais) de Xist étaient restés incompris. Dossin et al. (2020) publient dans Nature une magnifique série d'expériences qui révèlent la manière dont les gènes Xist, en partenariat avec une protéine appelée Spen inactivent l'ADN de manière durable. (Traduction de Trotman, & al., 2020) encourage le lecteur à approfondir  dans l'article d'origine :  ici

mécanisme par lequel SPEN et Xist          inactivent le chr Xl

Fig 4: Mécanisme d'inactivation des gènes du X : l'ARN long non codant Xist et son cofacteur protéique, SPEN. répriment l'expression(silence en anglais) des gènes sur l'un des chromosomes X chez les cellules de mammifères femelles [img]. Source :Trotman, & al. (2020)



Comment le tabac modifie l'expression du Génome

Le CDC répertorie des exemples d'épigénétique ici: JTS a sélectionné le cas du tabagisme qui peut entraîner des changements épigénétiques. Par exemple,
au niveau de certaines parties d'un facteur de transcription AHRR, les fumeurs ont tendance à avoir moins de méthylation de l'ADN que les non-fumeurs. La différence est plus grande pour les gros fumeurs et les fumeurs de longue durée. Après avoir arrêté de fumer, les anciens fumeurs peuvent commencer à avoir une méthylation accrue de l'ADN au niveau de ce gène. À terme, ils peuvent atteindre des niveaux similaires à ceux des non-fumeurs. Dans certains cas, cela peut se produire en moins d'un an, mais la durée dépend de la durée et de la quantité de fumée avant d'arrêter de fumer.  (McCartney, & al., 2018).    Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici
  • La protéine AHR dont l'expression est modifiée : P35869 @ Uniprot  "Facteur de transcription activé par un ligand qui permet aux cellules de s'adapter aux conditions changeantes en détectant les composés de l'environnement, de l'alimentation, du microbiome et du métabolisme cellulaire, et qui joue un rôle important dans le développement, l'immunité et le cancer "

Comment des modifications épigénétiques permettent aux péruviens de vivre avec si peu d'oxygène

Les Quechua, un peuple autochtone du Pérou qui vit à des altitudes supérieures à 2500 mètres depuis au moins 11 000 ans, ont développé des adaptations héréditaires pour se perpétuer dans leur environnement hostile. Les scientifiques se demandent depuis longtemps si le stress environnemental, comme les faibles concentrations d'oxygène, peut façonner l'activité des gènes chez les peuples des hautes terres.[…] Cette recherche "pionnière" montre qu'il est non seulement possible, mais probable que des changements épigénétiques soient impliqués. Une nouvelle étude (Childebayeva, et al. 2021) ici révèle que dans ces conditions extrêmes on trouve des altérations épigénétiques […] de cet ADN, qui activent ou inactivent, diminuent ou augmentent l'activité de certains gènes. Ce mécanisme permet de s'adapter à l'environnement beaucoup plus rapidement que ne le permet la génétique classique. Le rôle que joue l'épigénétique pour aider les gens à s'adapter à une vie à haute altitude n'était pas clair avant cette étude. Cette recherche apporte les premières données expérimentales (evidence en anglais ~éléments de preuve) que grandir dans les montagnes peut altérer non seulement les gènes, mais aussi la façon dont ils sont exprimés dans le corps. (Traduction de (Kreier, F. 2020)) encourage le lecteur à approfondir  dans l'article d'origine :  ici

  • Kreier, Freda (2020) High-altitude living has changed more than just the genes of some Peruvians. https://doi.org/10.1126/science.abg2903
  • Childebayeva, A., Goodrich, J. M., Leon-Velarde, F., Rivera-Chira, M., Kiyamu, M., Brutsaert, T. D., Dolinoy, D. C., & Bigham, A. W. (2021). Genome-Wide Epigenetic Signatures of Adaptive Developmental Plasticity in the Andes. Genome Biology and Evolution, 13(2). https://doi.org/10.1093/gbe/evaa239


 Une signature épigénétique unique propre aux jumeaux monozygotiques

Des chercheurs ont découvert que le jumeaux portent une signature épigénétique spécifique sur leur ADN, une signature qui se fixe dans leurs cellules au début du développement et se maintient jusqu'à l'âge adulte. À l'aide d'échantillons de sang et de cellules de la muqueuse buccale, les chercheurs ont scanné les épigénomes de plus plus de 3000 jumeaux monozygotiques, ainsi qu'un nombre comparable de jumeaux fraternels et de certains parents de jumeaux. Ils ont examiné 400 000 endroits différents sur le génome de chaque personne. Environ 800 sites présentaient des différences de méthylation qui distinguaient les jumeaux monozygotiques des autres, rapportent van Dongen, J.,et al. (2021). "C'est probablement quelque chose d'établi très tôt qui se propage aux cellules suivantes", explique van Dongen.

Un test épigénétique pourrait ainsi être utile pour déterminer si une personne a déjà eu un jumeau identique qui aurait disparu dans l'utérus. Parfois, un fœtus jumeau apparaît dans une échographie avant de disparaître, mais d'autres fois, il peut être absorbé sans laisser de trace. Selon certaines estimations, jusqu'à 12% des grossesses commencent comme multiples (y compris des jumeaux fraternels), mais seulement 2% des paires de jumeaux survivent. Traduction de  Kayser, J. (2021). encourage le lecteur à approfondir  dans l'article d'origine :  ici


  • Kayser, J. (2021). Identical twins carry genetic modifications no one else has [Data set]. https://doi.org/10.1126/science.acx9209
  • van Dongen, J., Gordon, S. D., McRae, A. F., Odintsova, V. V., Mbarek, H., Breeze, C. E., Sugden, K., Lundgren, S., Castillo-Fernandez, J. E., Hannon, E., Moffitt, T. E., Hagenbeek, F. A., van Beijsterveldt, C. E. M., Jan Hottenga, J., Tsai, P.-C., Min, J. L., Hemani, G., Ehli, E. A., Paul, F., … Boomsma, D. I. (2021). Identical twins carry a persistent epigenetic signature of early genome programming. Nature Communications, 12(1), 5618. https://doi.org/10.1038/s41467-021-25583-7


Le placenta : rôle-clé de modifications épigénétiques

Plus tôt ce mois-ci dans Nature, Li, et al. (2020), ont rapporté avoir trouvé de l'ADN méthylée (méthyladénine) dans des cellules des cellules souches du trophoblaste (qui deviendra placenta) de souris. Les méthyladénines étaient fréquentes dans les régions actives du génome, où la double hélice de l'ADN se déroule brièvement. Li et al. ont découvert que les méthyladénines dans l'ADN déroulé empêchent la liaison de la protéine SATB1 nécessaire pour rembobiner l'ADN. Le déroulement bloque à son tour l'expression des gènes qui permettraient aux cellules souches du trophoblaste de se différencier et d'arrêter leur croissance. Au lieu de cela, les cellules se multiplient, assurant qu'il y en a suffisamment pour former le placenta complet. Plus tard, les méthyles sont retirés - les chercheurs ne savent pas comment - et les cellules commencent à se spécialiser pour fabriquer le placenta. Traduction de Pennisi, E. (2021). encourage le lecteur à approfondir  dans l'article d'origine :  ici

Fig 7: Chez la souris, l'adénine méthylée stabilise l'ADN déroulé en empêchant la liaison par la protéine SATB1. La méthyladénine permet aux cellules souches de se multiplier avant de se différencier pour former le placenta.  . [img]. Source :V. Altounian/Science in Pennisi, E. (2021)

  • Pennisi, E. (2021). Controversial DNA modification could play key role in placenta development. https://doi.org/10.1126/science.abd9820
  • Li, Z., Zhao, S., Nelakanti, R. V., Lin, K., Wu, T. P., Alderman, M. H., Guo, C., Wang, P., Zhang, M., Min, W., Jiang, Z., Wang, Y., Li, H., & Xiao, A. Z. (2020). N6-methyladenine in DNA antagonizes SATB1 in early development. Nature, 583(7817), 625‑630. https://doi.org/10.1038/s41586-020-2500-9

L'age du chien établi par les modifications épigénétiques  ?

Cette étude est basée sur un concept relativement nouveau dans la recherche sur le vieillissement : que les modifications chimiques de l'ADN d'une personne au cours d'une vie créent ce qu'on appelle une horloge épigénétique. Les scientifiques ont démontré qu'une de ces modifications, l'ajout de groupes méthyle à des séquences d'ADN spécifiques, suit l'âge biologique de l'homme, c'est-à-dire les effets que la maladie, un mode de vie malsain et la génétique font subir à notre corps. En conséquence, certains chercheurs ont converti le statut de méthylation de l'ADN d'une personne en une estimation de l'âge - ou même une prédiction de l'espérance de vie (des éthiciens inquiets, disent que les données pourraient être utilisées à mauvais escient par les enquêteurs médico-légaux et les compagnies d'assurance (Dupras, C., et al. (2019) ici) .

D'autres espèces subissent également une méthylation de l'ADN en vieillissant. Les souris, les chimpanzés, les loups et les chiens, par exemple, semblent tous avoir des horloges épigénétiques. Pour découvrir en quoi ces horloges diffèrent de la version humaine, le généticien Trey Ideker de l'Université de Californie à San Diego et ses collègues (Wang, et al.… Ideker, 2019) ici)ont commencé avec des chiens. Même si les meilleurs amis de l'homme ont divergé des humains au début de la divergence des mammifères, ils constituent un bon groupe de comparaison car ils vivent dans les mêmes environnements et beaucoup reçoivent des soins de santé et des traitements hospitaliers similaires. encourage le lecteur à approfondir  dans l'article d'origine :  ici

La nouvelle formule, qui s'applique aux Labradors estime l'âge humain d'un chien à peu près :

    âge équivalent humain = 16 x ln(âge du chien) + 31

C'est-à-dire le logarithme naturel (ln) de l'âge réel du chien, multiplié par 16, avec augmenté de 31


Dans l'ensemble, l'horloge épigentique canine tourne beaucoup plus vite au départ que celle de l'humain - un labrador de 2 ans peut  se comporter comme un chiot mais il est d'âge moyen, suggère ce modèle basé sur la méthylation, puis ralentit.
  • Morell, V. (2019). Here's a better way to convert dog years to human years, scientists say. Science. https://doi.org/10.1126/science.aba2340
  • Dupras, C., Beck, S., Rothstein, M. A., Berner, A., Saulnier, K. M., Pinkesz, M., Prince, A. E. R., Liosi, S., Song, L., & Joly, Y. (2019). Potential (mis)use of epigenetic age estimators by private companies and public agencies : Human rights law should provide ethical guidance. Environmental Epigenetics, 5(3). https://doi.org/10.1093/eep/dvz018
  • Wang, T., Ma, J., Hogan, A. N., Fong, S., Licon, K., Tsui, B., Kreisberg, J. F., Adams, P. D., Carvunis, A.-R., Bannasch, D. L., Ostrander, E. A., & Ideker, T. (2019). Quantitative translation of dog-to-human aging by conserved remodeling of epigenetic networks (p. 829192). https://doi.org/10.1101/829192

Le grand retour du Lamarckisme ?

Joël de Rosnay parle, déJà en 2011 ici, de « la grande révolution de la biologie de ces cinq dernières années » car elle démontre que dans certains cas, notre comportement agit sur l'expression de nos gènes

Etienne Danchin écrit à ce propos dans un ouvrage sur les formes de transmissions génétique et les autres.

"Lorsqu'au tout début du XIXe siècle Jean-Baptiste de Lamarck a formalisé l'idée que les espèces se transforment au cours du temps, c'était un grand pas dans la connaissance du vivant. L'idée était encore révolutionnaire six décennies plus tard, à l'époque de Darwin. Évidemment, on ne connaissait alors rien des mécanismes d'hérédité, ni de ses règles, ni de la manière dont l'information impliquée était encodée. Lamarck a alors suggéré la «règle de l'usage et du non-usage» des organes comme moteur général de l'évolution. Près de cinquante ans plus tard, Darwin proposait la sélection naturelle.[… selon laquelle] on devrait même s'attendre à l'existence de processus lamarckiens. En effet, l'information génétique, par sa très grande fidélité de transmission, est spécialisée dans la transmission d'informations héritées d'ancêtres très lointains. Or […] l'environnement des ancêtres récents doit constituer un bien meilleur prédicteur de l'environnement dans lequel se développera la génération suivante. Ainsi, tout organisme capable de transmettre à ses descendants des informations sur leur environnement aurait un avantage sélectif majeur, parce que ces derniers seraient en quelque sorte moulés aux conditions environnementales dans lesquelles ils se développeront, survivront et se reproduiront.[…]Tant pis si cette hypothèse est immédiatement taxée de lamarckiste et donc rejetée, car non conforme au néodarwinisme. Il existe dans la littérature scientifique de nombreux faits très bien documentés qui montrent que de tels mécanismes existent bien." Danchin, E. (2021) pp 55-56

  • Danchin, E. (2021). L'hérédité comme on ne vous l'a jamais racontée. Humensciences.  ici
  • Interview dans l'émission  Egosystème à la RTS
  • Joël de Rosnay, La symphonie du vivant, comment l'épigénétique va changer notre vie (Ed. Les liens qui Libèrent).

Imprimer un modèle 3D d'histone pour le faire manipuler par les élèves ?

Voir à l'écran ou dans un livre ne produit évidemment pas les mêmes apprentissages que la manipulation d'objets tangibles - probablement surtout chez certain.e.s élèves, notamment les plus jeunes ou moins scolaires (Achiam, 2016). On peut par exemple discuter la méthylation en collant un peu de pâte à modeler ou pâte collante genre patafix, blutack sur un modèle en plastique d'une Histone.  

Produire de tels modèles  est devenu possible, abordable et presque facile… le projet Bioinformatique : opportunités pour l'enseignement  fournit les données authentiques   ici pour l'histone par exemple afin de la faire imprimer dans un Fablab ou auprès d'un collègue qui a une imprimante 3D.

Fig 9 :Un modèle imprimé en 3D de l'Histone  H4 (celui-ci n'a plus qu'un tour d'ADN suite à des manipulations manquant de douceur … )

Ces activités sont encore nouvelles et à inventer, mais elles concilient l'authenticité scientifique d'être basées sur les meilleures données scientifiques disponibles et des activités  concrètes en classe. Le numérique n'est pas forcément virtuel : il est plus tangible que les habituels modèles imprimés.

Se procurer de tels objets est peut-être plus réaliste que l'achat des modèles dans les circuits commerciaux habituels vu leur coût très modéré et le fait qu'elles soient aussi accessibles entre collègues sans démarches administratives, budgets, paperasses, etc.
Le SEM propose aux enseignants un service d'impression 3D dans son 

NB : ne pas oublier de respecter les normes sanitaires ( désinfecter les objets etc)

Sources

La plateforme Jump-To-Science l  offre aux membres l'accès a ces articles Comment  Obtenir un article mentionné

  • Achiam, M., Simony, L., & Lindow, B. E. K. (2016). Objects prompt authentic scientific activities among learners in a museum programme. International Journal of Science Education, 38(6), 1012‑1035. https://doi.org/10.1080/09500693.2016.1178869
  • Campbell, N. A., & Reece, J. B. (2015). Biology : A global approach (10. ed., global ed). Pearson.
  • Childebayeva, A., Goodrich, J. M., Leon-Velarde, F., Rivera-Chira, M., Kiyamu, M., Brutsaert, T. D., Dolinoy, D. C., & Bigham, A. W. (2021). Genome-Wide Epigenetic Signatures of Adaptive Developmental Plasticity in the Andes. Genome Biology and Evolution, 13(2). https://doi.org/10.1093/gbe/evaa239
  • Danchin, E. (2021). L'hérédité comme on ne vous l'a jamais racontée. Humensciences.
  • Dossin, F., Pinheiro, I., Żylicz, J.J. et al. SPEN integrates transcriptional and epigenetic control of X-inactivation. Nature 578, 455–460 (2020). https://doi.org/10.1038/s41586-020-1974-9
  • Dupras, C. (2017). Rapprochement des pôles nature et culture par la recherche en épigénétique : Dissection d'un bouleversement épistémologique attendu. Les ateliers de l'éthique, 12(2‑3), 120. https://doi.org/10.7202/1051278arhttps://doi.org/10.1126/science.aba2340
  • Dupras, C., Beck, S., Rothstein, M. A., Berner, A., Saulnier, K. M., Pinkesz, M., Prince, A. E. R., Liosi, S., Song, L., & Joly, Y. (2019). Potential (mis)use of epigenetic age estimators by private companies and public agencies : Human rights law should provide ethical guidance. Environmental Epigenetics, 5(3). https://doi.org/10.1093/eep/dvz018
  • Wang, T., Ma, J., Hogan, A. N., Fong, S., Licon, K., Tsui, B., Kreisberg, J. F., Adams, P. D., Carvunis, A.-R., Bannasch, D. L., Ostrander, E. A., & Ideker, T. (2019). Quantitative translation of dog-to-human aging by conserved remodeling of epigenetic networks (p. 829192). https://doi.org/10.1101/829192
  • Kayser, J. (2021). Identical twins carry genetic modifications no one else has [Data set]. https://doi.org/10.1126/science.acx9209
  • Kreier, Freda (2020) High-altitude living has changed more than just the genes of some Peruvians. https://doi.org/10.1126/science.abg2903
  • Li, Z., Zhao, S., Nelakanti, R. V., Lin, K., Wu, T. P., Alderman, M. H., Guo, C., Wang, P., Zhang, M., Min, W., Jiang, Z., Wang, Y., Li, H., & Xiao, A. Z. (2020). N6-methyladenine in DNA antagonizes SATB1 in early development. Nature, 583(7817), 625‑630. https://doi.org/10.1038/s41586-020-2500-9
  • McCartney, D. L., Stevenson, A. J., Hillary, R. F., Walker, R. M., Bermingham, M. L., Morris, S. W., Clarke, T.-K., Campbell, A., Murray, A. D., Whalley, H. C., Porteous, D. J., Visscher, P. M., McIntosh, A. M., Evans, K. L., Deary, I. J., & Marioni, R. E. (2018). Epigenetic signatures of starting and stopping smoking. EBioMedicine, 37, 214‑220. https://doi.org/10.1016/j.ebiom.2018.10.051
  • Morell, V. (2019). Here's a better way to convert dog years to human years, scientists say. Science. https://doi.org/10.1126/science.aba2340
  • Pennisi, E. (2021). Controversial DNA modification could play key role in placenta development. https://doi.org/10.1126/science.abd9820
  • Szyf, M. (2014). Lamarck revisited : Epigenetic inheritance of ancestral odor fear conditioning. Nature Neuroscience, 17(1), 2‑4. https://doi.org/10.1038/nn.3603Trotman, J. B., & Calabrese, J. M. (2020). How to silence an X chromosome. Nature, 578(7795), 365‑366. https://doi.org/10.1038/d41586-020-00207-0
  • van Dongen, J., Gordon, S. D., McRae, A. F., Odintsova, V. V., Mbarek, H., Breeze, C. E., Sugden, K., Lundgren, S., Castillo-Fernandez, J. E., Hannon, E., Moffitt, T. E., Hagenbeek, F. A., van Beijsterveldt, C. E. M., Jan Hottenga, J., Tsai, P.-C., Min, J. L., Hemani, G., Ehli, E. A., Paul, F., … Boomsma, D. I. (2021). Identical twins carry a persistent epigenetic signature of early genome programming. Nature Communications, 12(1), 5618. https://doi.org/10.1038/s41467-021-25583- 
  • Wang, T., Ma, J., Hogan, A. N., Fong, S., Licon, K., Tsui, B., Kreisberg, J. F., Adams, P. D., Carvunis, A.-R., Bannasch, D. L., Ostrander, E. A., & Ideker, T. (2019). Quantitative translation of dog-to-human aging by conserved remodeling of epigenetic networks (p. 829192). https://doi.org/10.1101/829192
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mardi 9 novembre 2021

Cette part de Neandertal qui est en nous ; conférence 16 novembre 18h Uni Dufour

L'évolution de l'homme : se tenir à jour ?

linearité trompeuseL'idée d'une évolution linéaire "du singe à l'homme"  perdure malgré d'abondantes recherches récentes et la découverte de métissages nombreux entre Néanderthal et Homo sapiens, ainsi que plusieurs espèces ayant vécu parallèlement à la notre récemment découvertes (floresiensis, denisova, naledi,…). 
On trouve cette idée de linéarité dans des ouvrages scolaires d'il y a quelques années et elle persiste dans bien des documents scolaires 
evolution-info-regressionOn trouve d'innombrables images ironisant sur ce thème ( une jolie collection ici )

Même des médias  assez sérieux semblent s'y raccrocher  : P.ex. la RTS mentionnne ici  cette linéarité comme si elle était encore dans la communauté scientifique…) et présente ces résultats comme " remise en cause des théories sur l'Evolution".

On voit bien l'inévitable transformation des savoirs dans la vulgarisation (Sensationnalisme, conclusions présentées comme définitives, absence des méthodes, …) Green & Clémence (2002) et cf. ici

Pour les enseignants, il est bien difficile de s'y retrouver... De plus on sait  combien diverses pressions concourent à ce que les savoirs transposés en classe perdent une partie au moins de ce qui fait leur scientificité : on glisse vers des affirmations définitives, on perd les méthodes et la discussion de la portée et du degré de certitude, on retombe sur des savoirs socialement reconnus (que les parents, les anciens, les médias reconnaissent),…  C'est la transposition didactique de Chevallard, Y. (1991) et cf. ici

L'université de Genève propose une conférence avec un des meilleurs spécialistes sur cette question : Lluis Quintana-Murci
L'occasion de se mettre à jour ? De savourer une magnifique conférence en présentiel ?  D'y envoyer ses élèves ?
Pour se préparer, pour approfondir, ou pour ceux qui ne pourront pas venir propose un article de Lluis Quintana-Murci ici, et un review ici cf détails plus bas

Sur les traces ADN des migrations et des métissages d'Homo sapiens

Latsis 2021

>> S'inscrire ici (présentiel uniquement) <<

Lluis Quintana-Murci

Mardi 16 novembre 2021, à 18h.
Uni Dufour, salle U600.

Conférence également en ligne ici.

D'où viennent les humains et qui sont-ils ? C'est à ces questions universelles que Lluis Quintana-Murci tente de répondre en utilisant les analyses les plus modernes de l'ADN.

20 ans après le séquençage du génome humain, les données génomiques des différentes populations à travers le monde permettent de dresser un portrait étonnant de la diversité génétique humaine, à un niveau de résolution sans précédent. Ces études ont permis de mieux comprendre l'histoire des migrations humaines, de la sortie de l'Afrique il y a plus de 60'000 ans au peuplement de la Polynésie, il y a quelques millénaires. Ces études révèlent les constants métissages entre ces populations, mais également avec des humains dits archaïques, tels les hommes de Néandertal. Ces métissages soit entre populations humaines, soit avec des humains archaïques, ont contribué à la survie des homo sapiens lors de leurs rencontres avec de nouvelles conditions climatiques et nutritionnelles ou avec de nouveaux agents pathogènes, notamment des virus. Cependant, l'héritage néandertalien qui persiste en nous toutes et tous peut parfois se révéler délétère, voire même affaiblir notre immunité face au virus de la Covid-19!


Lluis Quintana-Murci est professeur au Collège de France où il occupe la chaire de Génomique humaine et évolution. Il dirige l'unité de Génétique évolutive humaine à l'Institut Pasteur, dont il a été directeur scientifique en 2016-2017. Il est membre de l'Académie des sciences.

A partager autour de vous :  Le flyer A5 au format pdf

Soirée organisée en l'honneur des lauréat-es des Prix Latsis universitaires 2020 et 2021 (voir ici)





encourage le lecteur à s'informer dans un ou deux articles  d'origine :  p.  ex

Quach, et al.…, Quintana-Murci (2016) dans Cell  ici avec un excellent abstract graphique  ou Quintana-Murci (2019) Human Immunology through the Lens of Evolutionary Genetics. Cell, un review très récent. 
Humans differ in the outcome that              follows exposure to life-threatening pathogens, yet the              extent of population differences in immune responses and              their genetic and evolutionary determinants remain              undefined. Here, we characterized, using RNA sequencing, the              transcriptional response of primary monocytes from Africans              and Europeans to bacterial and viral stimuli—ligands              activating Toll-like receptor pathways (TLR1/2, TLR4, and              TLR7/8) and influenza virus—and mapped expression              quantitative trait loci (eQTLs). We identify numerous              cis-eQTLs that contribute to the marked differences in              immune responses detected within and between populations and              a strong trans-eQTL hotspot at TLR1 that decreases              expression of pro-inflammatory genes in Europeans only. We              find that immune-responsive regulatory variants are enriched              in population-specific signals of natural selection and show              that admixture with Neandertals introduced regulatory              variants into European genomes, affecting preferentially              responses to viral challenges. Together, our study uncovers              evolutionarily important determinants of differences in host              immune responsiveness between human populations.
Fig 1: Graphical Abstract  [img]. Source : (Quach,…, Quintana-Murci, 2016)

Références:

  • Chevallard, Y. (1991). La transposition didactique. Du savoir savant au savoir enseigné (2e éd. revue et augmentée, 1985 lre). La Pensée sauvage.
  • Green Staerklé, E., & Clémence, A. (2002). De l'affiliation des souris de laboratoire au gène de la fidélité dans la vie : Un exemple de transformation du savoir scientifique dans le sens commun. In C. Garnier & W. Doise (Éds.), Représentations sociales. Balisage du domaine d'études. Montréal : Éditions nouvelles, pp. 147—155, 2002. (p. 147‑155).
  • Quach, H., Rotival, M., Pothlichet, J., Loh, Y.-H. E., Dannemann, M., Zidane, N., Laval, G., Patin, E., Harmant, C., Lopez, M., Deschamps, M., Naffakh, N., Duffy, D., Coen, A., Leroux-Roels, G., Clément, F., Boland, A., Deleuze, J.-F., Kelso, J., … Quintana-Murci, L. (2016). Genetic Adaptation and Neandertal Admixture Shaped the Immune System of Human Populations. Cell, 167(3), 643-656.e17. https://doi.org/10.1016/j.cell.2016.09.024
  • Quintana-Murci, L. (2019). Human Immunology through the Lens of Evolutionary Genetics. Cell, 177(1), 184‑199. https://doi.org/10.1016/j.cell.2019.02.033
  • Lombard, F., & Weiss, L. (2018). Can Didactic Transposition and Popularization Explain Transformations of Genetic Knowledge from Research to Classroom? Science & Education. https://doi.org/10.1007/s11191-018-9977-8

lundi 1 novembre 2021

Une chercheure discute : Devons-nous tenir compte de la foi religieuse des élèves lorsque nous enseignons l'évolution ?

L'enseignement de la biologie ne peut pas passer sous silence l'évolution qui en fonde toutes les explications

On le sait bien; "Rien n'a de sens en biologie si ce n'est à la lumière de l'évolution" Dobzhansky, T. (1973.Trad.) pourtant il n'est guère facile de se positionner comme scientifique pour enseigner le modèle explicatif central de la biologie sans heurter des idéologies, des religions, et parfois sous des pressions sourdes  pour ne pas faire de vagues

Pierre Clément (2014) à montré sur un large échantillon de pays et de religions "qu'il est tout à fait possible d'être à la fois croyant (catholique, protestant, orthodoxe ou musulman) et évolutionniste. C'est cette compatibilité qu'il semble important de promouvoir pour lutter contre les fondamentalismes dogmatiques qui prétendent le contraire. Une meilleure formation épistémologique des enseignants pourrait,[…], contribuer à diminuer le rejet des connaissances scientifiques sur l'évolution biologique. "   encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Taber argumente "Il ne faut pas croire à l'évolution
mais
aider les élèves à comprendre (c.-à-d. savoir appliquer) les modèles et théories scientifiques !

Taber (2019) rejoint Clément "Lorsqu'on enseigne la sélection naturelle, on doit être conscient que certains élèves auront des raisons religieuses de rejeter l'évolution."  mais explicite bien ce qu'on peut comprendre par l'épistémologie ici en distinguant la croyance des connaissances scientifiques.

La science n'est pas une question de croyance, et le rôle du.de la professeur.e de sciences n'est pas de persuader les élèves qu'un récit scientifique est vrai. Son rôle est d'aider les élèves à comprendre (et donc à pouvoir appliquer) les modèles et théories scientifiques. Cela fait partie de l'enseignement des sciences d'aider les élèves à comprendre pourquoi les scientifiques en sont venus à adopter actuellement une idée particulière, mais ils n'ont pas besoin de les convaincre eux-mêmes. En effet, nous espérons que les scientifiques restent ouvert.e.s d'esprit - ouverts à de nouvelles preuves qui remettent en question les idées actuelles, ou à une nouvelle façon de penser qui donne une meilleure explication données disponibles. Un.e scientifique doit être convaincu que les modèles qu'ils appliquent offrent la meilleure explication actuellement disponible des données existantes, mais pas qu'elles représentent un compte rendu absolu et final de la nature. " Taber (2019)Traduction. p. 160 de  MasterClass in science education : Transforming teaching and learning
Si l'enseignement de la biologie ne peut pas exiger la croyance (qui appartient au religieux, découle des valeurs et des  appartenances), on peut demander aux élèves de savoir prédire ou expliquer en utilisant les explications scientifiques de l'évolution.   
JTS a présenté cette approche ici : S'agit-il de croire en l'évolution ou savoir utiliser des modèles de l'évolution?  et un projet du DIP propose des expériences et TP  où on peut appliquer


Une chercheure, Anat Yarden, analysera dans un Webinar gratuit et ouvert de LS2 un cas intéressant de personnes très religieuses qui acceptent, étudient et enseignent l'évolution.
Elle a
beaucoup publié, notamment :
  • Siani, M., & Yarden, A. (2020). "Evolution? I Don't Believe in It". Science & Education, 29(2), 411‑441. https://doi.org/10.1007/s11191-020-00109-7
  • Siani, M., & Yarden, A. (2021). "I Think that Teachers Do Not Teach Evolution Because It Is Complicated" : Difficulties in Teaching and Learning Evolution in Israel. International Journal of Science and Mathematics Education. https://doi.org/10.1007/s10763-021-10179-w

November 17 (17.30): Anat Yarden(Weizmann Institute of Science, Rehovot, Israel);
Should we relate to students' religious faith when teaching evolution?
Devons-nous tenir compte de la foi religieuse des élèves lorsque nous enseignons l'évolution ?
Anat Yarden et Reut Stahi, Département de l'enseignement des sciences, Weizmann Institute of Science, Rehovot 76100, Israël anat.yarden@weizmann.ac.il

L'évolution est l'une des questions scientifiques les plus controversées au monde, principalement en raison du conflit présumé avec la religion. Ce conflit survient également dans les cours de biologie à l'école, et des études ont montré que l'acceptation de l'évolution par les élèves diminue à mesure que leur religiosité augmente. Dans notre étude, nous nous sommes concentrés sur un groupe unique de personnes religieuses qui acceptent, étudient et enseignent l'évolution. Nous avons tenté de mieux comprendre la conception de ces personnes envers la relation entre l'évolution et la religion et les facteurs qui influencent leur conception. À cette fin, des professeurs de biologie et des scientifiques du secondaire religieux ont été interrogés et interrogés sur leur conception de l'évolution et de la religion et sur les facteurs qui ont influencé leur conception. Il a été constaté que l'interprétation de la Bible en tant que guide moral, plutôt qu'un livre de science, est une idée principale dans la conception des participants. La plupart des participants ont souligné que leur conception de l'évolution était influencée par l'approche scientifique de leurs parents et de leurs enseignants. Les participants qui ont rejeté l'évolution dans le passé ont souligné que l'exposition aux connaissances scientifiques à elle seule n'était pas suffisante pour diminuer leur rejet, tandis que l'exposition à la compatibilité possible entre la religion et l'évolution a favorisé leur acceptation. Ces résultats peuvent aider les enseignants à promouvoir les étudiants affiliés à une religion vers un meilleur apprentissage de l'évolution et vers un apprentissage significatif de la science en général.  Anat Yarden Traduction. 

Références:

  • Clément, P. (2014). Les conceptions créationnistes d'enseignants varient-elles en fonction de leur religion ? Education et societes, n° 33(1), 113‑136. https://www.cairn.info/revue-education-et-societes-2014-1-page-113.htm
  • Dobzhansky, T. (1973). Nothing in biology makes sense except in the light of evolution. American Biology Teacher, 35(3), 125‑129.
  • Quessada, M. P., Munoz, F., & Clément, P. (2013). Les conceptions sur l'évolution biologique d'enseignants du primaire et du secondaire dans 28 pays varient selon leur pays et selon leur niveau d'étude. Actualité de la Recherche en Éducation et Formation, 19. https://doi.org/hal-01026095
  • Taber, K. (2019). MasterClass in science education : Transforming teaching and learning. ch 10
  • Siani, M., & Yarden, A. (2020). "Evolution? I Don't Believe in It". Science & Education, 29(2), 411‑441. https://doi.org/10.1007/s11191-020-00109-7
  • Siani, M., & Yarden, A. (2021). "I Think that Teachers Do Not Teach Evolution Because It Is Complicated" : Difficulties in Teaching and Learning Evolution in Israel. International Journal of Science and Mathematics Education. https://doi.org/10.1007/s10763-021-10179-w