Une magnifique opportunité de tisser des liens entre la biologie en classe et la recherche, montrer qu'elle bouge, qu'elle produit de nouvelles réponses à des problèmes de santé par exemple.
C'est aussi l'occasion de rencontrer des chercheurs pour que les élèves se fassent une meilleure idée du métier de chercheur-e, et des études en biosciences au moment ou leurs choix d'études se font.
Optimiser les sorties de classe
Ces sorties ont d’autant plus d'effet sur les apprentissages que les élèves ont pu se préparer - par exemple avec des questions à poser aux chercheurs, sur la biologie, sur la vie de chercheur-e, sur les études, sur la science et la société.Pour qu'ils aient des questions il faut naturellement qu'ils comprennent un peu le problème...
Raven (2007) le décrit ainsi
"Deux formes de diabète sucré sont maintenant identifiées. Les gens atteints du type I, ou diabète insulinodépendant ont perdu les cellules β sécrétrices d'insuline. Ces patients sont donc traités par des injections d'insuline.
Cependant, la plupart des patients souffrent du diabète de type II, ou diabète sucré ne dépendant pas de l'insuline. Ils ont en général un taux sanguin normal d'insuline, ou même supérieur à la norme, mais leurs cellules sont moins sensibles à l'insuline. Ces gens ne requièrent pas d'injections d'insuline et peuvent en général contrôler leur diabète par un régime et de l'exercice." p. 1008
- Une définition du diabète sucré ici dans Endocrinology: An Integrated Approach. Nussey S, Whitehead S.Oxford: BIOS Scientific Publishers; 2001.
Pour susciter les questions : un article-choc
Bien que ce soit certainement discutable, une news récente dans la revue Science ( Couzin, J. , 2008) ici suggère que le diabète de type II pourrait être traité chirurgicalement par un bypass gastrique. "By altering the gut's production of hormones, gastric bypass surgery may be able to eliminate type 2 diabetes. But scientists worry that this radical operation can also cause dangerously low blood sugar"
Fig 1 : Un bypass gastrique réduit la taille effective de l'estomac. Parmi d'autres effets il pourrait éliminer le diabète de type II selon les auteurs de cet article. [img]Source :CREDIT: C. BICKEL/SCIENCE; ADAPTED FROM DEMARIA, NEW ENGLAND JOURNAL OF MEDICINE 356, 21 (2007)
C'est une option radicale qui suscitera certainement de nombreuses questions sur l'obésité, le diabète, la responsabilité individuelle dans sa santé, etc.
Ces questions débattues, et/ou posées aux chercheur-e-s du CMU – je soupçonne qu'ils-elles n’adhéreront pas aux conclusions de cet article – seraient une magnifique occasion de discuter comment la science progresse par débat et confrontation d'idées.
Une belle occasion d'apprendre à mettre en perspective la science et se distancer des arguments d'autorité : comment décider quelle autorité croire entre la prestigieuse revue Science et des chercheurs du prestigieux CMU ...
Un petit pas pour nos élèves d'accepter que si la science progresse elle est forcément faite d'incertitudes puisque de nouvelles données modifieront un jour les conclusions actuelles...
Un grand pas si on arrive à leur apprendre à construire leurs propres conclusions par la mise en perspective critique des idées, leur débat argumenté. Cf Johnson, D. W., & Johnson, R. T. (2009) sur comment débattre constructivement.
Pour monter que la science avance et remet en question ses conclusions : une recherche récente.
Une des formes de diabète résulte d'un déficit de production d'insuline, souvent lié à la disparition des cellules β du pancréas qui produisent l'insuline.
Une équipe de chercheurs de l'Université de Genève avec des chercheurs de Nara au Japon (Thorel, F., et al. 2010) ont réussi a reprogrammer des cellules pancréatiques α (productrices de glucagon) en cellules β (productrices d'insuline) chez la souris ce qui pourrait ouvrir la voie à des traitements du diabète.
Fig 1 : Ilots représentatifs de divers moments après l'ablation des cellules β. En vert la production d'insuline. [img]Source :Thorel, et al (2011)
Ils ont détruit toutes les cellules β en activant la protéine Diphtérique (DT) sélectivement et observé comment les cellules β réapparaissaient spontanément.
Un des ateliers de cette journée portes ouvertes traite de ce thème Une équipe de chercheurs de l'Université de Genève avec des chercheurs de Nara au Japon (Thorel, F., et al. 2010) ont réussi a reprogrammer des cellules pancréatiques α (productrices de glucagon) en cellules β (productrices d'insuline) chez la souris ce qui pourrait ouvrir la voie à des traitements du diabète.
Fig 1 : Ilots représentatifs de divers moments après l'ablation des cellules β. En vert la production d'insuline. [img]Source :Thorel, et al (2011)
Ils ont détruit toutes les cellules β en activant la protéine Diphtérique (DT) sélectivement et observé comment les cellules β réapparaissaient spontanément.
Cellules souches et diabète :Les auteurs proposent que l'on pourrait envisager des thérapies humaines sur ce principe.
Les cellules souches ont le potentiel de produire n'importe quel type cellulaire. Alors pourquoi pas une cellule à insuline pour le traitement du diabète? Comment transformer ces cellules en laboratoire ?
"Such inter-endocrine spontaneous adult cell conversion could be harnessed towards methods of producing β-cells for diabetes therapies, either in differentiation settings in vitro or in induced regeneration."
Un espoir ?
Nous savons que cette thérapie n'est pas pour demain, mais pour dans des années, et seulement peut-être.Cet espoir justifie sans aucun doute les recherches, mais ne risque-t-il pas aussi de se retourner contre la recherche si dans quelques années nos élèves voient que toutes ces thérapies promises ne se sont pas réalisées, et que les chercheurs – ou leur service de communication – savaient combien d'obstacles il y a depuis une découverte fondamentale jusqu'à une thérapie et combien n'y parviendraient pas. Cela pourrait ébranler la confiance encore très grande - des études le montrent - que le public a envers les chercheurs.
Faut-il laisser entendre – sans le dire – que ce traitement est probable et proche pour défendre la recherche, ou éduquer pour faire des citoyens responsables qui soutiendront la recherche parce qu'ils l'auront mieux comprise ?
(Je reconnais que je pose la question d'une manière qui révèle mon opinion... et j'assume cela)
Sources
- Couzin, J. (2008). Bypassing Medicine to Treat Diabetes. Science, 320(5875), 438 -440. doi:10.1126/science.320.5875.438
- Johnson, D. W., & Johnson, R. T. (2009). Energizing learning: The instructional power of conflict. Educational Researcher, 38(1), 37.3intranet.pdf
- Raven, P. H., Johnson, G. B., Losos, J. B., & Singer, S. R. (2007). Biologie. Bruxelles: de Boeck.
- Thorel, F., Népote, V., Avril, I., Kohno, K., Desgraz, R., Chera, S., & Herrera, P. L. (2010). Conversion of adult pancreatic α-cells to β-cells after extreme β-cell loss. Nature, 464(7292), 1149-1154. doi:10.1038/nature08894
Madame, Monsieur,
La Faculté de Médecine vous invite à la
Journée Portes Ouvertes
Diabète et Obésité - visite des laboratoires et rencontre avec les chercheurs
Mardi 15 novembre, 9h30-18h00
Centre Médical Universitaire (sur inscription)
Pour la 9e fois consécutive, la Faculté de médecine de l'Université de Genève organise une
Journée Portes Ouvertes qui s'inscrit dans la campagne de la Journée Mondiale du Diabète,
axée sur l'éducation et la prévention. Elle a pour but une meilleure compréhension de ses habitudes de vie
et des mécanismes biologiques favorisant le diabète. Cette année, un accent particulier sera porté sur la génétique dans le diabète.
10 stands sont proposés sur un parcours thématique à la carte: le visiteur aura la possibilité de rencontrer chercheurs et cliniciens
et de construire son parcours personnel en faisant sa propre sélection (sur inscription).
Tout public et tout âge.
Programme et descriptif complet sur www.diabete.unige.ch
Les stands à choix, d'une durée de 30 minutes chacun, animés par des chercheurs et des cliniciens
- Le diabète chez l'enfant et l'adolescent :
Qu'est-ce que le diabète et comment le traiter? Comment fonctionne une pompe à insuline? Nous mesurerons le sucre dans le sang et nous verrons quels sont les éléments qui font bouger son taux. - Voyage microscopique dans le pancréas :
Un parcours visuel sur la fonction du pancréas. Observez le pancréas et les cellules à insuline à travers différents instruments appartenant au passé ou à la dernière technologie de pointe. - Comment fonctionne la cellule à insuline :
Comment la cellule du pancréas ouvre et ferme le robinet à insuline ? Quels sont les outils des chercheurs ? Nous visualiserons comment les cellules à insuline fonctionnent comme détecteurs de sucre. - Horloge pancréatique et diabète :
Nos cellules ont une horloge biologique rythmée par des cycles d'environ 24 heures. Comment cela influence-t-il la régulation des cellules à insuline et quelle peut-être la conséquence sur l'apparition du diabète? - Le génome pour comprendre le diabète :
Découverte de l’univers fascinant du plan de fabrication de chaque individu, au travers d’une fresque graphique, de mises en scène, d’une sculpture lumineuse de l’hélice d’ADN, de films d’animation scientifique et du journal lumineux sur lequel défile l’intégralité du génome humain. - A la recherche des gènes du diabète :
Y a-t-il des gènes responsables du diabète ? Comment faire pour les identifier ? Nous verrons comment rechercher les empreintes génétiques associées au diabète dans des modèles expérimentaux. - Transgénèse et régénération:
Comment sont générées les souris transgéniques en laboratoire? Est-ce que le pancréas peut régénérer de nouvelles cellules productrices d'insuline chez les souris diabétiques? Pourquoi utilise-t-on des souris transgéniques diabétiques pour étudier la régénération? Quels sont les perspectives pour l'Homme et les futurs traitements du diabète? - La transplantation cellulaire pour traiter le diabète:
La transplantation humaine des îlots pancréatiques est une option thérapeutique pour le traitement de certains diabétiques. Nous verrons comment isoler, purifier, et finalement transplanter ces précieuses cellules. - Cellules souches et diabète :
Les cellules souches ont le potentiel de produire n'importe quel type cellulaire. Alors pourquoi pas une cellule à insuline pour le traitement du diabète? Comment transformer ces cellules en laboratoire ? - Association Genevoise des Diabétiques :
présentation de l'AGD et des aides aux personnes diabétiques.
Pour tout renseignement:
Mme Geneviève Ruckstuhl, 022 379 55 60
Genevieve.Ruckstuhl@unige.ch