mardi 11 octobre 2011

IgNobel Le scarabée qui prenait une bière pour sa compagne ?

IgNobel : étonnant, … mais pas si bête après tout !

The Ig® Nobel Prizes


The Ig Nobel Prizes honor achievements that first make people laugh, and then make them think. The prizes are intended to celebrate the unusual, honor the imaginative — and spur people's interest in science, medicine, and technology.
http://improbable.com/ig/

Dans ce genre irrévérencieux qui le caractérise – et qui peut donner aux adolescents une image moins terne de la science – le prix IgNobel a été décerné avec humour à des recherches qui font "d'abord rire, puis réfléchir".

En ce qui concerne les biosciences  les prix décernés sont :
Biologie : à Darryl Gwynne et David Rentz pour avoir découvert qu'une espèce de scarabée tentait de s'accoupler avec un certain type de bouteille de bière australienne.
Médecine : à Mirjam Tuk, Debra Trampe et Luk Warlop, ainsi qu'à Matthew Lewis, Peter Snyder et Robert Feldman, Robert Pietrzak, David Darby et Paul Maruff pour avoir démontré que l'on peut prendre, dans certains cas, de meilleures décisions lorsqu'on a un besoin urgent d'uriner, et de mauvaises décisions dans d'autres cas.Il  récompense deux recherches : l'une publié sous le titre magnifique de The effect of acute increase in urge to void on cognitive function in healthy adults par M.S. Lewis et al. qui montre qu'une envie d'uriner diminue les fonctions cognitives autant qu'une nuit blanche, et l'autre :" Inhibitory Spillover: Increased Urination Urgency Facilitates Impulse Control in Unrelated Domains" qu'elle favorise des choix raisonnables plutôt qu'impulsifs.
On ne devrait emmener des conjoint-e-s dispendieux voir les expositions de voitures ou les bijouteries qu'avec la vessie pleine ?

Nous allons commenter un peu celui de biologie, bien que l'autre suscite aussi cette curiosité qui est un des moteurs  de la science :
" Sa grande qualité était l'aptitude à goûter l'étrangeté qui marque l'esprit des véritables chercheurs."  MORRIS, Desmond, 1980, La fête Zoologique, Calmann-Lévy

Le scarabée qui prenait une bière pour sa compagne ?

figure1
Fig 1 : Le mâle tente de s'accoupler avec le fond de la bouteille de bière, Notez en haut les pièces copulatrices sorties, et en bas la similitude du motif tacheté du fond de la bouteille avec les élytres de l'insecte.  [img]Source : GWYNN et al 

Le cas de ce scarabée (Julodimorpha bakervelli, un coléoptère Buprestidae ) qui tente de copuler avec un fond de bouteille de bière et persiste pour des heures peut être un exemple qui plaira aux ados. Par ailleurs les Buprestidae sont phytophages et souvent particulièrement beaux (cf images google) .
On peut supposer que la référence à la bière et à la maladresse sexuelle peut attiser leur intérêt. Si on arrive à diriger cette motivation vers l'étude du comportement après les rires gras, les gloussements ou les rougissements gênés.
figure 2
Fig 1 : Julodimorpha bakervelli : les élytres de l'insecte ressemblent à du verre a bouteille.  [img]Source : jeans Photos  http://creativecommons.org/licenses/by-nc/2.0/deed.en
Chez cette espèce les mâles volent et recherchent les femelles qui les attendent immobiles au sol. La couleur et les petites protubérances du fond de la bouteille ressemblent aux élytres.  Les chercheurs australiens ont observé que les mâles restent indéfiniment sur les bouteilles sans même se défendre de fourmis qui les attaquent sur les parties tendres de leur parties génitales (Cf. fig 1 en bas) . Lorsque les chercheurs les ont déplacés, les mâles sont revenus vers les bouteilles. Presque tous les cul de bouteilles du secteur étaient occupés par un mâle. 
On peut envisager de l'utiliser pour illustrer le stimulus-supranormal en éthologie et montrer que ce phénomène n'existe pas seulement chez l’épinoche et les goélands  argentés.

Fig 3 :les classiques exemples de leurres pour le comportement territorial de l'épinoche mâle.  [img]Source : Ethologie.unige.ch
Les auteurs relèvent avec humour que la présence de bouteilles dans la nature pourrait perturber la reproduction de ces Buprestidae : les mâles qui restent sur une bouteille n'ont pas de descendants et que c'est une raison de plus de ne pas jeter les bouteilles dans la nature.
En somme une trop grande fascination pour la bouteille de bière ne favorise pas la sexualité...

Sources

  •  Gwynne, D., & Rentz, D. (1983). Beetles on the bottle: male buprestids mistake stubbies for females (Coleoptera). Australian Journal of Entomology, 22(1), 79-80. intranet.pdf
  • Site IgNobel http://improbable.com/ig/

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