Pourquoi est-ce si difficile de se faire une opinion à propos des régimes et de l'alimentation ?
S'il y a un débat où il est difficile de se faire une opinion, où les modes se succèdent, où les tenants de chaque nouveau régime ou approche revendiquent tous un fondement scientifique, c'est bien la diététique !
Comme les plans d'étude attribuent à        l'enseignement des sciences le rôle d'aider à comprendre,        expliquer et participer aux décisions on comprend la difficulté        des enseignants à synthétiser ce domaine mouvant afin de préparer        leurs cours, guider les élèves et répondre aux questions. 
Fig 1 à droite : [img] PHOTO: SCOTT SUCHMAN; STYLING: NICHOLE BRYANT
Fig 1 à droite : [img] PHOTO: SCOTT SUCHMAN; STYLING: NICHOLE BRYANT
Une des difficultés tient à la nature des  savoirs        scientifiques, des affirmations qui annoncent leurs limites,        qualifient leurs degrés de certitude. Traduire cela en        recommandations et en prescriptions, en régimes ou en choix        personnels, c'est inévitablement perdre cette qualité scientifique        pour tomber dans une certitude : je fais  ce régime ou je fais un        autre.  Au risque que cette décision soit remise en question avec        le progrès de la recherche... 
C'est sans doute ce qui justifie la formulation        des plans d'étude : il s'agit d'aider à décider, à        distinguer ce qui est bien établi de ce qui fait débat, de prendre        en compte ces résultats pour décider - en se souvenant sur quelles        bases on a décidé et se préparer à réviser dans le futur.  
Que sait-on vraiment sur les effets sur la santé          et l'indice de masse corporelle de ces régimes. Alors que de          tous bords on entend que c'est "scientifiquement prouvé que…" (Pour ma part dès que je lis ça j'en déduis que ce            qui va suivre n'est pas très rigoureux…) 
Quatre Reviews dans la revue Science font le point sur ce qui est plutôt bien établi par un consensus et de nombreuses recherches avec leurs nuances et ce qui ne l'est pas et fait encore débat.
Quatre Reviews dans la revue Science font le point sur ce qui est plutôt bien établi par un consensus et de nombreuses recherches avec leurs nuances et ce qui ne l'est pas et fait encore débat.
Optimiser le régime pour la santé, la performance, par le            jeûne, avec le microbiote… 
          
Ce dossier        comprend quatre Review :  - Ludwig, D. S. et al. (2018) nomment          leur article : Dietary fat: From foe to friend?  (les          graisses: ami ou ennemi ?) Jusqu'à récemment les graisses          étaient l'ennemi de la santé et d'une silhouette favorable. On a          distingué ensuite des types de graisses (saturées, insaturées,          Oméga-3, etc.). Certains proposent maintenant de réduire les          glucides massivement au profit de lipides, (régime cétogène).          Ces scientifiques spécialisés dans divers domaines de la          nutrition synthétisent  les données existantes afin d'identifier          les points sur lesquels un large consensus s'est dégagé et ceux          sur lesquels des controverses persistent concernant les          macronutriments et les maladies chroniques.
Fig 2: A droite [img]. Source :PHOTO: SCOTT SUCHMAN; STYLING: NICHOLE BRYANT - Francesco, A. D., et al.(2018) font          le point sur les effets du jeûne en fonction de sa          durée, de son type ( restriction calorique, restriction          temporelle de l'alimentation, régimes similaires au jeûne, …) de          sa périodicité  , du type de personnes et de leur régime.
 - Gentile, et al (2018) examinent les effets du régime alimentaire sur le microbiote; Le régime alimentaire est inextricablement lié à l'obésité, le diabète type 2, et les maladies cardio-vasculaires, mais ce que nous mangeons nourrit aussi ces innombrables hôtes de notre tube digestif qui transforment et modifient ce qui sera absorbé. Le microbiote est de plus en plus vu comme un acteur incontournable qui sous-tend uen large part des effets du régime sur la santé et la maladie.
 - Burke, L. M., et al. (2018) dissèquent les approches              nutritionnelles pour une performance optimale, mettant            en évidence la contribution de la science sportive moderne aux            médailles d'or et aux titres mondiaux. En dépit d'une croyance            durable en un «régime athlétique» unique et supérieur, ils            mettent en évidence la diversité des pratiques de nutrition            sportive chez les athlètes performants en rapport avec la            spécificité des demandes métaboliques de différents sports et            du calendrier des objectifs d'entraînement et de compétition.            Les controverse et désaccords parmi les            experts en nutrition sportive reflètent la diversité des              besoins selon les domaines et les différences dans les                pratiques des athlètes.  
 
Alors ce sont maintenant les glucides qui sont l'ennemi de la santé et de la ligne, et les lipides les alliés ?
Quelques extraits du review par Ludwig, et al. (2018). Depuis longtemps les conseils diététiques étaient fondés sur le principe que des apports élevés en lipides seraient la cause de l'obésité, du diabète, des maladies cardiaques et peut-être du cancer. Récemment, les preuves des effets néfastes sur le métabolisme des glucides transformés ont suscité un regain d'intérêt pour des régimes à faible teneur en glucides et à haute teneur en matières grasses ou cétogènes - un type de régime alimentaire pauvre en glucides où les lipides fournissent typiquement ≥ 70% de l'énergie. Cependant, certains chercheurs font valoir que la quantité relative de graisses et d'hydrates de carbone alimentaires a peu d'importance pour la santé et que ce qui importe ce sont les sources de graisse ou d'hydrates de carbone qui sont consommées.
Les auteurs font le point sur les limites et        potentiels  des régimes cétogènes, leur adéquation à certains        types de personnes. 
Ils discutent ensuite ce qu'on sait sur la nature        des graisses consommées (acides gras poly- ou mono-insaturés,        saturés, trans-, etc) et les effets sur l'obésité et le diabète,        le cancer, etc. 
Jump to science          vous encourage à consulter l'article d'origine Ludwig, et al. (2018). 
Pour vous donner envie, voici quelques extraits 

Fig 1: Variation de la mortalité associée aux types d'acides gras : un incrément de 2% de trans est associé à une augmentation de la mortalité de 20% [img]. Source :
Consensus et controverses
L'article relève ce qui fait encore débat (les        effets des ratio glucides/lipides dans divers cas d'apports        énergétiques et de masse corporelle,  leur effet à long terme,        leur influence en fonction de facteurs génétiques et        phénotypiques, l'observance        (respect effectif du régime), les effets        environnementaux). Cf Box1        
Ils résument en un tableau (Box2 ) ce qui fait consensus. Il y a        consensus sur le fait que les acides gras trans sont néfastes.        Ceux issus de transformations industrielles pour donner des        propriétés intéressantes (solidité à température ambiante, longue        conservation) comme les margarines ont montré "dans de multiples            études à grande échelle leur association directe au risque de            maladie coronarienne et d'autres maladies chroniques."          Ludwig, et al. (2018)        notre traduction.  
Points de consensus (extraits) .
1. En mettant l'accent sur la qualité des éléments nutritifs, il est possible de parvenir à une bonne santé et à un faible risque de maladies chroniques pour de nombreuses personnes qui suivent un régime avec un large éventail de ratios glucides-lipides.
2. Le remplacement des graisses saturées par des graisses insaturées d'origine naturelle est bénéfique pour la santé de la population en général. Les gras trans d'origine industrielle sont nocifs et devraient être éliminés. Le métabolisme des graisses saturées peut varier selon le régime alimentaire pauvre en glucides, une question qui nécessite encore des recherches.
3. Le remplacement des glucides hautement transformés (y compris les céréales raffinées, les produits à base de pommes de terre et les sucres libres) par des glucides non transformés (légumes sans légumineuses, fruits entiers, légumineuses et céréales complètes ou peu transformées) est bénéfique pour la santé.
4. Les facteurs biologiques semblent influer sur les réponses aux régimes alimentaires de différentes compositions en macronutriments. Les personnes ayant une sensibilité à l'insuline et une fonction des cellules β relativement normales peuvent bien se nourrir avec des régimes comportant un large éventail de ratios glucides-lipides; ceux qui ont une résistance à l'insuline, une hypersécrétion d'insuline ou une intolérance au glucose peuvent bénéficier d'un régime alimentaire pauvre en glucides et en gras.
5. Un régime cétogène peut conférer des avantages métaboliques particuliers à certaines personnes présentant un métabolisme anormal des glucides, cela devrait être confirmé par une étude à long terme.
6. Des régimes bien composés, faibles en glucides et riches en graisses, ne nécessitent pas de fortes consommations de protéines ou de produits d'origine animale. Il est possible de réduire la consommation de glucides en remplaçant les céréales, les féculents et les sucres par des huiles végétales non hydrogénées, des noix, des graines, des avocats et d'autres produits végétaux riches en graisses.
Et le microbiote ?
Gentile, C. L., & Weir, T. L. (2018) discutent        comment les nutriments ingérés sont essentiels non seulement pour        la santé humaine, mais également pour la santé et la survie des        milliers de milliards (ils disent trillons) de microbes présents        dans les intestins. L'alimentation est un élément clé de la        relation entre l'homme et ses résidents microbiens. Les microbes        intestinaux utilisent les nutriments ingérés pour leurs processus        biologiques fondamentaux, et les métabolites de ces processus        peuvent avoir des effets importants sur la physiologie humaine.        Des études chez l'homme et des modèles animaux commencent à        révéler les fondements de cette relation, et de plus en plus        d'indices suggèrent qu'elle pourrait sous-tendre certains des        effets plus importants de l'alimentation sur la santé et la        maladie humaines.
Jump-to-science encourage le lecteur à consulter        le  Special Issue Diet and Health : optimizing metabolism 
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Introduction to special issue
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Reviews
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Références:
- Burke, L. M., & Hawley, J. A. (2018). Swifter, higher, stronger: What's on the menu? Science, 362(6416), 781‑787. https://doi.org/10.1126/science.aau2093
 - Francesco, A. D., Germanio, C. D., Bernier, M., & Cabo, R. de. (2018). A time to fast. Science, 362(6416), 770‑775. https://doi.org/10.1126/science.aau2095
 - Gentile, C. L., & Weir, T. L. (2018). The gut microbiota at the intersection of diet and human health. Science, 362(6416), 776‑780. https://doi.org/10.1126/science.aau5812
 - Ludwig, D. S., Willett, W. C., Volek, J. S., & Neuhouser, M. L. (2018). Dietary fat: From foe to friend? Science, 362(6416), 764‑770. https://doi.org/10.1126/science.aau2096
 - Ray, L. B. (2018). Optimizing the diet. Science, 362(6416), 762‑763. https://doi.org/10.1126/science.aav9415
 

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