OGM, Vaccins, évolution, ... la science contestée ? Ou les élèves enfin intéressés à des questions scientifiques ?
La science a quelque chose à dire sur ces questions, elles peuvent motiver les élèves, pourtant il est difficile de les "caser dans le programme"... Les évaluations de PISA évaluent (ou cherchent à...) la capacité à identifier les questions, et de tirer des conclusions basées sur des données afin de comprendre et de prendre des décisions.
Le nouveau plan d'étude romand PER (qui concerne les élèves jusqu'à 15 ans pour les nombreux lecteurs hors de suisse)
" La culture scientifique peut se définir comme le fait de savoir identifier, sur la base de connaissances scientifiques, des questions et en tirer des conclusions fondées sur des faits, en vue d'appréhender et d'interpréter la réalité. Cette compréhension vise à prédire des effets à partir de causes identifiées. Entre autres, elle permet de repérer les changements du monde naturel dus à l'activité humaine et à prendre des décisions à ce propos. "Le PER souligne l'importance :
"que chacun possède des outils de base lui permettant de comprendre les enjeux des choix effectués par la communauté, de suivre un débat sur le sujet et d'en saisir les enjeux principaux. Face aux évolutions toujours plus rapides du monde, il est nécessaire de développer chez tous les élèves une pensée conceptuelle, cohérente, logique et structurée, d'acquérir souplesse d'esprit et capacité de concevoir permettant d'agir selon des choix réfléchis. " (Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP), 2011)
Je sais que la cohérence entre les intentions affichées, la masse de contenus et la place dans la grille horaire est particulièrement difficile avec la réduction des sciences expérimentales à Genève.
Ne m'envoyez pas de messages irrités. De nombreux scientifiques privés et institutionnels se sont groupés pour réfléchir et agir par exemple VSECO.
Des injonctions à débattre des questions science-société...
Il y a donc des injonctions explicites pour ouvrir un débat sur les questions "vives" en classe de Biologie. Il y a des injonctions implicites par le traitement dans les médias de ces thèmes sous un angle assez critique, mêlant parfois sous le nom de "la science" un ensemble d'acteurs : des multinationales avec leurs pratiques géopolitiques, des lobbys industriels et leur communication persuasive, des chercheurs académiques avec leurs publications, la vulgarisation scientifique dont on a vu comment elle dénature inévitablement, ( cf Bio-Tremplins : La percolation des découvertes scientifiques dans la presse)
Il y a les questions en classe d'élèves sur les risques des OGM, la place de l'homme dans l’évolution , la méfiance des vaccins, etc.
Les questions "vives" ?
Les questions vives sont celles qui font débat, souvent issues de l'actualité. Il y a les questions scientifiquement vives (est-ce qu'un écosystème plus diversifié est plus stable ?) Il y a des questions qui sont scientifiquement plutôt froides, mais "socialement vives" (L'évolution peut-elle produire les merveilles de la nature et l'homme par des mécanismes biologiques seulement ? Les OGM sont-ils dangereux ?).Elles sont souvent écartées en classe... Juste traiter les faits de la science en classe et espérer que la contestation s'en ira n'est pas efficace.
"- elles sont vives parce qu'elles suscitent des débats dans la production des savoirs savants de référence ;Il y a la façon de "débattre" dans le monde politique et les médias qui cherche la sensation et n'a pas peur de la mauvaise foi, et ou l'affirmation ferme et la rhétorique remplacent souvent la solidité des arguments et des faits. On peut trouver cette façon regrettable – j'aurais personnellement des mots plus durs– mais mener un débat en classe qui soit basé sur des faits scientifique, leur argumentation à la lumière des hypothèse qui les fondent,... avons-nous été formé à cela ?
- elles sont vives parce qu'elles sont prégnantes dans l'environnement social et médiatique, et que les acteurs de la situation didactique (élèves et enseignants) ne peuvent y échapper;
- elles sont vives enfin parce qu'en classe, les enseignants se sentent souvent démunis pour les aborder.
Ces technosciences sont sujettes à débat dans la recherche, dans la société. Nous nous proposons de les mettre en débat en classe. Elles font partie de ce que les anglophones appellent la « frontier science » et sont caractérisées par un manque de consensus entre les chercheurs, notamment sur les risques et les effets environnementaux. D'où l'importance de mettre en œuvre des situations-débats en classe dans lesquelles les déclarations des différents chercheurs, des institutions, des journalistes... sont débattues et examinées.
Les élèves sont porteurs d'argumentations façonnées par les médias ou leur milieu socioculturel. Il s'agit de favoriser une prise de distance vis-à-vis de ces discours et d'aider à l'émergence d'une parole autonome et informée. L'argumentation devient ainsi productrice d'apprentissage : au cours du travail argumentatif se construit une connaissance." Simonneaux, L. (2003).
On n'y coupera pas, il faudra débattre en classe... mais comment ?
affichette du mini-colloque.pdf
Une spécialiste pour débattre de ... comment débattre en classe
Laurence Simonneaux, une spécialiste internationale de la didactique des questions vives donnera une conférence dans le cadre d'un minicolloque de la didactique de la biologie à l'IUFE. La conférence est ouverte à tous Elle prendra l'exemple de la relation alimentation-environnement et... évoquera les OGM sans doute.
Elle nous présentera ses recherches, sa réflexion sur la façon dont un débat peut être mené en classe de sciences.
Conférence mercredi 2 mai 2012, 8h30 à 10h30
Laurence Simonneaux
Comment débattre des questions vives science-société en classe ?
Sciences II, salle 1S059
C'est une opportunité rare de rencontrer une chercheure de renom que le y.. pardon l'IUFE est heureuse de vous offrir ! Et vous pourrez rester pour le reste de la journée débattre avec les étudiants en didactique de la biologie de leurs projets. :-))
Tous les détails sur http://doiop.com/didabio12
Sources
- Conférence intercantonale de l’instruction publique de la Suisse romande et du Tessin (CIIP). (2011). Plan d'études Romand, Mathématiques et sciences de la nature. Romandie, Suisse.
- Legardez Alain, Simmoneaux Laurence, (2011). Développement durable et autres questions d’actualité - Educagri éditions
- Simonneaux, L., & Simonneaux, J. (2005). Argumentation sur des questions socio-scientifiques. Didaskalia(27), 79-108.
- Simonneaux, L. (2003). L'argumentation dans les débats en classe sur une technoscience controversée. Aster(37).Simonneaux, L. Panissal, N. & Brossais, E. (2012). Students’ perception of risk about nanotechnology after an SAQ teaching strategy, International Journal of Science Education. En ligne, et sous presse.
- Simonneaux, L. & Chouchane, H. (2011). The reasoned arguments of a group of future biotechnology technicians on a controversial socioscientific issue: human gene therapy. Journal of Biological Education, 45, 3, 150-157.
- Simonneaux, L. & Simonneaux, J. (2009). Students’ socio-scientific reasoning on controversies from the viewpoint of Education for Sustainable Development. Cultural Studies of Science Education. 4, 3, 657-689.Simonneaux, L. (2001) Role-play or debate to promote students' argumentation and justification on an issue in animal transgenesis. International Journal of Science Education. Vol 23, N° 9, 903-928.
- Comment Obtenir un article mentionné : Get-a-doi
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire