jeudi 31 mai 2012

La malaria, la piste du CO2 pulsé et Expo : ensemble contre la malaria

Les moustiques et la malaria : un fléau !

La malaria tue un million de personnes par année ! Surtout des enfants.
Même si c'est peu par rapport au tabac qui fait près de 5 millions de morts par année (Source : OMS) c'est quand même un fléau mondial !
Le moustique qui la transmet serait peut-être l'animal le plus dangereux selon Stopfer, M. (2011). On sait que seules les femelles piquent pour nourrir leurs oeufs, qu'elles sont attirées vers les humains par le CO2 tout particulièrement, même si d'autres odeurs dans l'haleine, la transpiration et la peau jouent un rôle (Leal, W. S. 2010).
Une recherche de Turner, S. L. & Al. (2011) révèle que les moustiques femelles détecteraient les humains par les bouffées d'air riche en CO2 : elles remonteraient ce flux pulsé de CO2 détecté à l'aide de neurones spéciaux cpA. Ces neurones sont spécialement sensibles à des variations du CO2. Cela ouvre des pistes pour de nouveaux anti-moustiques.

Comment éviter les moustiques : de nombreuses recherches.

Les moustiques concernés (Anopheles sp., Culex sp.) sont l'objet de nombreuses recherches pour comprendre comment ils repèrent et s'approchent des humains, afin de perturber ces taxies et éviter que les moustiques nous trouvent et nous piquent, transmettant diverses maladies souvent graves. Ce n'est pas le seul cet axe de recherches contre la malaria, mais cette Bio-Tremplins présente quelques recherches, à l'occasion d'une exposition thématique au musée d'histoire naturelle de Genève sur la malaria.

Le N,N-diethyl-m-toluamide (DEET), composant actif de la plupart des anti-moustiques est courant mais cher et nécessite des applications répétées et à haute concentrations (10 à 70%). Il est donc peu approprié dans le tiers-monde. D'autres stratégies comme de simples moustiquaires pour protéger les dormeurs sont actuellement à la base d'actions à grande échelle dans le monde.
Mais le DEET est peut-être ce que vous mettrez pour vous protéger cet été lors des grillades, baignades ou dans vos voyages,...  dans des pays ou la malaria sévit.

Ensemble contre la malaria : Exposition au musée d’histoire naturelle jusqu'au 9 septembre 2012 

Le Muséum d'histoire naturelle de la Ville de Genève présente, du 15 mai au 9 septembre 2012, une exposition-dossier sur la malaria conçue par le Swiss Malaria Group. cf ICI 
malaria
Fig 1 :  Une défense efficace: en Tanzanie, une moustiquaire au-dessus du lit est la meilleure protection contre les moustiques de la malaria actifs la nuit. [img]Source : Photo: Alexander Jaquement, SolidarMed. libre de droit dans le cadre de l'exposition.


Cette exposition fait un point plus large et plus grand public, (c.f plus bas) et Bio-Tremplins saisit cette occasion pour présenter quelques travaux récents, qui pourraient avoir une pertinence à l'enseignement, comme exemples de taxies en éthologie ou de spécificité des récepteurs dans le système nerveux,…Ou pour votre curiosité scientifique !

DEET : efficace, mais des effets secondaires effrayants !

Le DEET est probablement le plus efficace (Fradin, Mark S.,et al. 2002) des répulsifs, mais fait fondre les plastiques et bloque certains canaux à cations et l'activité de la cholinestérase chez les mammifères (Stopfer, M. 2011),
Ceux qui ont été dans des régions infestées ont pourtant presque tous fini par recourir à ces produits dans leur forme concentrée tant les insectes peuvent être insupportables. Je suis revenu du Canada avec le dos de ma montre complètement lisse, toutes les indications effacées et les branches de mes lunettes bien attaquées, et je n'ai même pas été dans les zones comme en Alaska où on enregistre des centaines de piqûres par pouce carré de peau exposée à l'heure... 
La ville d'Edmonton au Canada donne par exemple des indices d'activité des moustiques (ici) comme nous avons la météo, les indices UV et le pollen.

Pas vraiment répulsif, mais désorientant, le DEET

Une autre recherche récente Ditzen, et al. (2008). rapportée par Petherick, A. (2008). (ici) révèle que le DEET ne fait pas fuir, mais agit plutôt en désactivant la détection des odorants humains que le moustique utilise.
"DEET interferes with a molecular complex in mosquitoes that normally responds to 1-octen-3-ol, a chemical that people sweat and exhale. This interference means that a mosquito encountering DEET loses interest in a juicy human target."Petherick, A. (2008)
Cela ouvre des pistes pour concevoir des nouveaux anti-moustiques :
   "We conclude that DEET masks host odor by inhibiting subsets of heteromeric insect odorant receptors that require the OR83b co-receptor. The identification of candidate molecular targets for the action of DEET may aid in the design of safer and more effective insect repellents." Ditzen, et al. (2008).
D'autant plus que des insectes résistants au DEET (insensibles à son effet insensibilisant faudrait-il dire...) commencent à apparaître (Weaver, J. 2010).

La piste du CO2 pulsé

Une nouvelle recherches en neurophysiologie des récepteurs du moustique ouvre des pistes nouvelles pour lutter contre ces fléaux.
Turner, S. L. & Al. (2011) révèlent que les moustiques détecteraient non pas directement le CO2 des humains mais les bouffées d'air riche en CO2 issues de la respiration : ils remonteraient ce flux pulsé de CO2 qui est détecté à l'aide de neurones spéciaux cpA. Ces neurones sont spécialement sensibles à des variations du CO2.
"Carbon dioxide (CO2) present in exhaled air is the most important sensory cue for female blood-feeding mosquitoes, causing activation of long-distance host-seeking flight, navigation towards the vertebrate host1 and, in the case of Aedes aegypti, increased sensitivity to skin odours2."

Clouds of CO2 exhaled by humans are segmented by wind
            into a series of pulses of vapour separated by clean air.
            Bloodthirsty mosquitoes track humans by following these
            pulses upwind, a process mediated by a specific olfactory
            sensory neuron called cpA
Fig 2 :  Les neurones cpA sont surtout sensibles aux variations du CO2. [img]Source : Stopfer, M. (2011).

D'où l'idée de Turner, S. L. & Al. (2011) : Puisque ces neurones sont spécialement sensibles à des variations du CO2,  du CO2 constant ou des odorants qui stimulent ces mêmes récepteurs de manière durable pourraient couvrir les variations et rendre les humains indétectables.
Mieux,on pourrait trouver une substance qui active de manière prolongée (ultraprolonged odorant) ces neurones pour les rendre incapables de détecter les humains en "assourdissant" les récepteurs de manière à les empêcher de détecter les variations fines du CO2 qui révèlent la respiration humaine (cf. figure 2 b en bas).  
Ils aussi ont fait des expériences qui montrent l'efficacité de tels ultraprolonged odorant comme le 2,3-butanedione, dans des sortes de serres "MalariaSphere"  et exploré comment ces substances perturbent la recherche de leurs proies par les moustiques

Ultra-prolonged activators
            disrupt attraction behaviour of female Culexmosquitoes in
            semi-field conditions
Fig 3 :  Ultra-prolonged activators disrupt attraction behaviour of female Culex mosquitoes in semi-field conditions. [img]Source : Stopfer, M. (2011).

Leurs résultats sont encourageants, mais sont loin d'être applicables immédiatement : ils faut encore mieux comprendre les effets de différentes doses et trouver des ultraprolonged odorant sûrs, économiquement, techniquement viables. On a donc une recherche fondamentale qui a d'abord comme effet de mieux comprendre l'animal, sa physiologie et son comportement. A long terme on sait que cette recherche conduit à des applications et aux "progrès de la médecine".

Dans l'immédiat, une exposition au Muséum d'histoire naturelle de la Ville de Genève traite des aspects médicaux, scientifiques et de l'état actuel des projets d'aide :

Ensemble contre la malaria
Exposition jusqu'au 9 septembre 2012


Le Muséum d'histoire naturelle de la Ville de Genève présente, du 15 mai au 9 septembre 2012, une exposition dossier sur la malaria: "Ensemble contre la malaria" conçue par le Swiss Malaria Group.

La malaria (ou paludisme) est considérée comme l’un des principaux fléaux dans le monde. Causée par un minuscule protozoaire, Plasmodium (agent), et se transmettant d’une personne à une autre par la piqûre du moustique anophèle (vecteur), cette maladie est l’une des plus meurtrières de notre planète en tuant chaque année plus de  600,000 de personnes. Elle constitue par ailleurs l’une des principales causes de pauvreté et de sous-développement de nombreux pays émergents.

Le Swiss Malaria Group* (SMG), qui regroupe quatorze organisations suisses, a joué un rôle actif et souvent pionnier dans l’innovation, la validation et l’implémentation des moyens de lutte. Ces efforts ont débouché sur un accroissement du nombre de programmes de distribution de moustiquaires imprégnées, des avancées dans le domaine des produits diagnostiques et sur l’introduction de thérapies combinées à base d’artémisinine (TCA) dans de nombreux pays. Des partenariats solides ont été établis entre des institutions dans les pays endémiques et des organismes au niveau international.

Malgré des décennies d’efforts, la lutte des humains contre la malaria est encore loin d’être gagnée. L’exposition "Ensemble contre la malaria" souhaite rappeler qu’une meilleure mobilisation générale des milieux de la recherche, de l’économie comme du public, pourrait sinon éradiquer, du moins fortement réduire cette maladie parasitaire.

Cette exposition s’affirme ainsi comme une "piqûre de rappel". Sa présentation au Muséum contribuera à sensibiliser un large public, tout particulièrement les jeunes et les enfants de la région, qui ne sont pas toujours suffisamment conscients de l’ampleur du problème du paludisme dans les pays du Sud. En accueillant "Ensemble contre la malaria" au Muséum, les entomologistes rappellent par ailleurs que les recherches sur la systématique et l’écologie des diptères anophèles joueront certainement un rôle déterminant dans la lutte contre le paludisme, en permettant de mieux cerner les faiblesses du vecteur de la maladie.

Sami Kanaan, Conseiller administratif, Département de la culture et du sport,  a inauguré l'exposition le 15 mai 2012 en présence de Didier Burkhalter, Conseiller fédéral,  chef du Département des Affaires étrangères et de Richard Kmawi, Ministre de la santé de la République de Namibie. Puis une table ronde, animée par des spécialistes, a permis de mieux cerner les enjeux présents et à venir de la lutte contre le paludisme dans le monde.

Ensemble
            contre la malaria
Ensemble contre la malaria: visuel libre de droit dans le cadre de l'exposition

"Ensemble contre la malaria" est bilingue français-allemand, avec une  traduction anglaise à  disposition.
Entrée libre.

Les pdf des versions française et anglaise de la brochure  ainsi que de l’iconographie, dont des photos de l'inauguration et de la table ronde, sont à disposition sur http://www.ville-ge.ch/mhng/presse_2012_malaria.php.

*Swiss Malaria Group (SMG)
Les organisations suivantes se sont alliées dans la lutte contre le paludisme dans le cadre du "Swiss Malaria Group" (SMG): la Direction du développement et de la coopération suisse, l’Institut tropical et de santé publique suisse, Novartis Pharma, la Fondation Novartis pour le développement durable, Mepha, Syngenta, Vestergaard-Frandsen, SolidarMed, la Croix-Rouge Suisse, Medicines for Malaria Venture, Drugs for Neglected Diseases initiative et Foundation for Innovative New Diagnostics. Le SMG travaille également très étroitement avec le partenariat mondial  "Faire reculer le paludisme" (Roll Back Malaria Partnership) implanté à Genève.
Le but du SMG est de créer des synergies entre ses membres et d'intensifier la lutte mondiale contre le paludisme afin de réduire le nombre de cas. Le SMG vise à soutenir les pays endémiques par des approches innovatrices en matière de lutte contre la maladie, de transfert de connaissances et de financements. En sensibilisant les institutions politiques et le grand public, le SMG a pour but d'accroître le soutien financier et pratique suisse aux organisations luttant contre le paludisme.

Informations pratiques
Muséum d'histoire naturelle de la Ville de Genève
1 route de Malagnou
1208 Genève, Suisse
Entrée libre
Ouvert du mardi au dimanche, de 10h à 17h
Tél: +41 (0)22 418 63 00; fax: +41 (0)22 418 63 01; info.mhn@ville-ge.ch
www.ville-ge.ch/mhng

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