vendredi 29 mai 2009

les souris détectent la maladie à l'odeur...

Un docteur dans le nez des souris ?

The vivid world of odours
Fig 1 : L'odorat chez les humain est anatomiquement plus simple [img] source : prix Nobel 2004

On connait les récepteurs olfactifs, et on sait qu'ils sont distincts et anatomiquement séparés de ceux des phéromones (dans l'Organe Voméro Nasal VNO) chez la plupart des mammifères comme la souris. Chez l'homme les récepteurs sont distincts, mais situés dans le même épithélium nasal (Bio-Tremplins 13 I 08 ). Un chercheur de l'Université de Genève, Ivan Rodriguez, a récemment identifié chez les souris de laboratoire une autre forme de récepteurs appelés formyl peptide receptors (FPR) qui détectent les animaux malades. Picture of rodent

Fig 2 : Si vous êtes malade, cette souris le détectera peut-être. (source)Credit: Photos.com

On connait les récepteurs olfactifs, et on sait qu'ils sont distincts de ceux des phéromones. Un chercheur de l'Université de Genève, Ivan Rodriguez, a identifié chez les souris une autre forme de récepteurs appelés formyl peptide receptors (FPR) qui détectent les animaux malades. Dans une nouvelle ScienceNOW du 22 avril 2009 Claire Thomas rapport que ces récepteurs FPR détectent des substances émises par des pathogènes et sont utilisés par le système immunitaire pour repérer les microbes qui nous attaquent. La présence de ces récepteurs sur des cellules olfactives a donné l'idée à l'équipe de Rodriguez qu'il pourrait y avoir là un mécanisme de détection des agents pathogènes, ou de l'inflammation mais chez d'autres individus : une sorte d'alerte à la maladie. Ils ont exposé des neurones olfactifs de la souris à diverses bactéries pathogènes et à l'urine de souris malades. Et en effet les neurones ont produit des influx pour certaines substances : ils le publient dans Nature (Riviere, S., et al., 2009)

On avait déjà repéré des détecteurs à la peur chez la souris...



Fig 3 : Les ganglions de Grueneberg chez la souris : un autre système de détection olfactif spécialisé [img] Credit: science / AAAS

Des chercheurs Lausannois avaient identifié l'an passé parmi les récepteurs olfactifs des écepteurs à la peur chez la souris (ScienceNOW, 21 August 2008) Voir aussi Bio-Tremplins
de janvier 08 sur les phéromones.

Le virtuel qui remplace l'expérimentation ?

L'expérience des Lausannois est bien illustrée avec une vidéo ici (An) Elle est très belle, mais ... virtuelle.
Faut-il se préparer à ne traiter l'éthologie que par des vidéos comme celle-ci ? Avec les limitation dans les écoles sur l'expérimentation animale on peut craindre de voir cet usage-là du "virtuel" être imposé.
Est-ce bien là la manière la plus féconde de développer la démarche expérimentale...
Konrad Lorenz, Niko Tinbergen, Desmond Morris et d'autres auraient-ils fait leurs découvertes sans élever des oies, des goélands,... ?
Que dire d'un enfant qui observe son hamster dans sa cage grignoter un bout de pomme ? Est-ce de l'expérimentation animale ? N'est-ce pas une attitude à encourager ?

Des détecteurs de maladie ?

D'autre part on avait souvent observé que bien des animaux tendent à éviter les individus malades, et maintenant on commence à comprendre comment. Les chercheurs genevois ont exploré à partir du génome de la souris pour des protéines réceptrices exprimées dans le nez de la souris, et ont trouvé 5 nouvelles protéines : des récepteurs de la famille des FPR. Ensuite des techniques classiques de biologie moléculaire ont permis de mettre en évidence leur activité


Fig 3 : L'activité des récepteurs FPR (fluorescence verte) est principalement dans l'organe voméronasal (VNO). Figure complète avec légende Credit: Stéphane Rivière, Nature

Les neurones exprimant les nouveaux FPR, sont situés dans l'organe Voméronasal (VNO, où les phéromones sont aussi détectées) et connectés directement à l'amygdale (celle du système nerveux, pas celles au fond de la gorge) qui contrôle les réactions émotionnelles.

Pour trouver une aiguille (séquence d'ADN) dans une botte de foin
(le génome) : l'ordinateur à la rescousse !

Il est intéressant de noter qu'ils ont d'abord cherché des séquences qui présentaient des similitude avec les récepteurs connus, donc in silico c'est à dire dans les bases de données génomiques avec des outils informatiques de recherche de séquences similaires, puis ont
recouru à des techniques de biologie moléculaires pour tester l'expression dans les tissus du nez de la souris de ces récepteurs supposés.
Ainsi la Bioinformatique (ou BIST) prend une place de plus en plus importante, mais ne s'oppose pas à la moléculaire, les biologistes font appel à une combinaison de méthodes in vitro et in silico !

L'informatique qui ouvre des horizons

En effet, ici l'informatique ouvre des horizons aux chercheurs et les rend accessibles à nos élèves puisqu'en classe on peut trouver la séquence authentique par exemple de Fpr-rs1 dans les bases de protéines : UniProt O88535
On trouve aussi que les primers utilisés étaient pour cette protéine TTT ATC TGT TGG TTT CCT TTC CA et ACC ACT AAA CTG CAT CTC TTT GAG
Ainsi les élèves peuvent aller explorer - sans doute ont-ils encore besoin d'être guidés - les informations originales et de première main, tenter de trouver des séquences chez l'homme etc (cf ici)...
Une nouvelle forme d'expérimentation, finalement pas si virtuelle que ça !

Cela permettra-t-il un jour de détecter les maladies à l'odeur ?

Selon Rodriguez, ces récepteurs ont été trouvés chez les gerbilles et les rats, et dans notre système immunitaire, mais il y a peu de chances qu'on trouve ces FPR dans le
nez humain.
Il semble donc peu probable que cela explique comment les docteurs de famille diagnostiquaient autrefois certaines maladies en reniflant le malade, comme certains articles de la presse à grand public l'ont suggéré.

Mais Claire Thomas suggère qu'à partir de ces recherches - non virtuelles - on produira peut-être un jour des détecteurs inspirés de ces FPR, aidant au diagnostic en révélant ces molécules associées aux maladies.

Comment développer la curiosité et l'observation des chercheurs qui feront ces découvertes-là ?

Liens :

Update 14 VII 09 : complété avec les implications pour l'enseignement.

C'est l'intention qui compte

C'est l'intention qui compte, pas le geste ...

Des expériences récentes montrent que c'est l'intention de bouger plus que le mouvement effectif du corps qui détermine la conscience d'avoir bougé. Stimuler légèrement certaines zones du cerveau produit une envie de bouger et même la sensation d'avoir bougé si on stimule assez fort, alors qu'une stimulation d'autres zones fait bouger le bras ou les lèvres alors que le patient affirme n'avoir pas bougé du tout.
Picture of brain
Fig 1 : Chez des patients en préparation à la chirurgie pour une tumeur du cerveau, stimuler le cortex pariétal (jaune et rouge) produit l'intention de mouvement, alors qu'une stimulation du cortex prémoteur (jaune) produit des mouvements non conscients. [img] Credit: Angela Sirigu
Quand on agite la main par exemple, c'est l'activation de la zone d'intention du déplacement qui détermine le sentiment d'avoir bougé, et non l'activation de celles qui produisent le mouvement effectif.

Au-delà de l'aire motrice et l'homonculus, l'aire prémotrice ?

Tous les manuels de biologie illustrent le cortex moteur d'où partent les influx qui commandent le mouvement corporel, juste à coté du cortex sensoriel ou somesthésique. De manière très frappante, on a souvent représenté la carte motrice et sensorielle par un petit bonhomme "Homonculus" où chaque partie du corps est représentée proportionnellement à la surface corticale dévolue à cette partie.
Fig 2 : Gauche : les aires motrices (rouge) et sensorielles (vert) primaires. [img] Source A droite : L'" Homonculus" sensoriel où chaque partie du corps est représentée proportionnellement à la surface corticale dévolue à cette partie.[img] Source UtorontoLe cortex prémoteur est moins connu : l'excellent ouvrage on-line (Purves 2001) montre qu'il est juste à coté du cortex moteur et décrit ici comment il est impliqué dans la sélection de séquences particulières de mouvements parmi le répertoire des possibles. "intimately involved in selecting a specific movement or sequence of movements from the repertoire of possible movements"
The primary motor cortex and the premotor area in the human cerebral cortex as seen in lateral (A) and medial (B) views. The primary motor cortex is located in the precentral gyrus; the premotor area is more rostral.
Fig 3 : Le cortex moteur et prémoteur bleu clair et vert [img] Source : Purves (2001).

En français ?

  • La Recherche, mars 2009 a fait un article " ce que le cerveau dit au muscle" intranet.jpg
  • La Recherche, juin 2009 La conscience de l'action intranet.jpg

Comment explorer ce que le sujet veut, comment son cerveau commande le mouvement à son insu ?

Depuis quelques années, la dualité corps-esprit (que le psychologique soit immatériel et séparé du corps biologique) est mise à mal par de nombreuses expériences en neurosciences, et le libre arbitre est remis en question, mais les bases neurologiques de l'intention restaient assez mystérieuses. Dans le cas du mouvement on n'avait pas encore clairement identifié la localisation cérébrale des intentions.
Telis, Gisela. (2009) rapporte dans ScienceNow une étude réalisée chez des patients en préparation à la chirurgie pour une tumeur du cerveau. On doit en effet procéder à une sorte de repérage des zones cérébrales en stimulant avec des électrodes pour identifier les zones lésées ou à opérer. Les patients sont donc sous anesthésie locale mais conscients. Angela Sirigu du Centre de Neuroscience Cognitive à Bron, en France (Michel Desmurget, et al. 2009) en a profité pour explorer ce que les patients décrivaient lors des stimulations de certaines zones précises, et apporte une première série de réponses assez troublantes à cette question.

Mais si, ... mais non je n'ai pas bougé !

Avec des stimulations légères (2 ou 5 mA) du cortex pariétal, (cf fig 1jaune et rouge) les patients disaient vouloir bouger leurs bras, jambes ou lèvres, mais ne les bougeaient pas : "J'ai senti une envie de bouger mes lèvres". Avec des stimulations plus fortes (5 ou 8 mA) ils affirmaient avoir bougé "j'ai bougé la bouche, qu'est ce que j'ai dit ?" Par contre lorsqu'on stimulait leur cortex prémoteur (cf fig 1 bleu), on pouvait observer des mouvements mais le patient niait que ses membres aient bougé. D'après Sirigu, c'est donc l'intention qui détermine la conscience du mouvement. Les intentions et les effets attendus produisent la sensation consciente d'avoir bougé, dit-elle.

Et les douleurs fantômes ?

Les amputés se plaignent souvent de douleurs fantômes : des sensations douloureuses perçues comme provenant de parties spécifiques du membre amputé. Par exemple ils se plaignent de douleurs au pouce alors qu'ils sont amputés au coude. Cf Phantom Limbs and Phantom Pain (Purves 2001) On a observé une réorganisation des cartes sensorielles où l'on voit les neurones répondre à des stimulations de parties du corps normalement non concernées. Une stimulation du visage produit par exemple une douleur dans la main amputée.

Drawings of phantom arms and legs, based on patients' reports.
Fig 4 : Les douleurs fantômes que les patients décrivent [img] Source : Purves (2001).
Certaines expériences avaient montré qu'une simple simulation en réalité virtuelle ou par un jeu de miroir permettant de voir le membre manquant se mouvoir en réaction à des mouvements volontaires de l'autre bras ont produit des améliorations thérapeutiques remarquables et ... pas très faciles à expliquer. cf source Peut-être que les travaux de Sirigu éclairent d'un nouvel angle ces expériences : si la conscience du mouvement s'exprime bien en temes d'intention, plus que d'aires motrices ou prémotrices, de nouvelles expériences pourraient explorer les liens entre ce cortex pariétal, ces douleurs fantômes et leur diminution.

La pince qui est un prolongement du bras

l'outil comme une extension de la main
Fig 5 : L'outil finit par être incorporé au schéma corporel comme une extension du corps : comme si les mâchoires de la pince était deux doigts de la main [img] Source ScienceNow Balter, Michael. (2008).
 


 On a récemment pu mettre en évidence, Balter, Michael. (2008) le rapporte dans une news de Science, que tout se passe comme si l'outil bien intégré était devenu un prolongement du bras. Les chercheurs de l'équipe de Giacomo Rizzolatti de l'University de Parme ont observé lorsqu'un macaque utilise pendant longtemps une pince, les séquences d'activation du mouvement sont les memes dans des aires cérébrale F1 et F5 avec une pince à action directe ou à action inverse (lorsqu'on serre les poignées, la pince se déserre avec les pinces inverses): "the pattern of neuronal activity is somehow transferred from the hand to the tool ". Comme si le cerveau commandait directement les mâchoires de la pince " as if the tool were the hand of the monkey and its tips were the monkey's fingers." Les auteurs évoquent les neurones-miroirs dont la région F5 est riche. Rizzzolati développe d'ailleurs l'idée que ce seraient les intentions des autres qui seraient interprétées dans ces neurones-miroirs. (cf Bio-tremplins Neurones-miroirs) voir aussi : The neural basis of tool use review | intranet.pdf et Paper on mirror neurons Giacomo Rizzolatti et al

C'est l'intention qui compte, mais alors nous ne sommes pas maîtres de nos gestes ?

Plusieurs recherches suggèrent donc que ce soit la volonté d'agir qui compte plus que la réelle action. Du moins en ce qui concerne notre conscience. Cela heurte notre bon sens... remet en question notre responsabilité. -Bon sang, je sais bien ce que j'ai fait, non ? On sait que l'introspection ne permet pas vraiment de découvrir les mécanismes mentaux. Et le biologiste en était resté, souvent, à cette position prudente, faute de données qui soient acceptables pour un expérimentaliste. Mais cela change. Que la volonté puisse être explorée par les neurosciences est tout à fait fascinant. Oui, mais est-ce de la biologie ?

L'intentionnalité : un des ressorts fondamentaux de la personnalité ?

Il semble que le sentiment de contrôle de nos actions soit un des ressorts centraux du fonctionnement psychologique humain. "The desire to combat uncertainty and maintain control has long been considered a primary and fundamental motivating force in human life and one of the most important variables governing psychologicalwell-being and physical health " Whitson, J. A., & Galinsky, A. D. (2008). L'intentionnalité est peut-être aussi la racine de bien des conceptions qui font obstacle à la compréhension en évolution ou en physiologie : quand les élèves abordent l'évolution de la girafe en termes de finalité "parce que ça lui est utile de manger les feuilles du haut" , ou l'influx nerveux en termes de volonté du potentiel d'action de se déplacer vers la synapse "parce que c'est là qu'il veut / doit aller ". On voit que des questions traitées plutôt par les philosophes ou les psychologues commencent à avoir des nouvelles réponses issues des neurosciences, et que nous nous trouvons entrain d'aborder des questions qui paraissaient hors du champ de la biologie jusqu'alors. Parce que de nouveaux outils d'exploration du cerveau comme ceux de Sirigu ou l'IRMf étudient le fonctionnement du cerveau en action, sommes-nous sommes contraints de redessiner les limites de notre discipline ? Faut-il éjecter les neurosciences de la biologie enseignée ou élargir notre vision de ce qu'est la biologie ?

Sources

Révisé le 5 juin . complété notablement sur les douleurs fantômes et l'outil extension du bras.

Encore un symbole suisse démystifié

Le génome de la vache n'a plus de secrets ?

Après Swissair et UBS, un autre symbole Suisse perd de son mystère : la vache. Son génome a été complètement séquencé par 300 scientifiques de 25 pays dont l'équipe des Pr. Antonarakis et Zdobnov et l'Institut Suisse de BioInformatique à l’UNIGE. Lucky cow. This Hereford female was picked to have her genome sequenced.
Fig 1 : la vache dont le génome a été séquencé : une Hereford, nommée L1 Dominette.Source [img]


Fig 1 : Le génome de la vache est accessible à chacun et en classe depuis MapViewer (Source droite: Science

On peut, par exemple, aisément voir depuis MapViewer si la vache a aussi un gène pour l'insuline. Elle en a effectivement un sur le chromosome 29 (solution). Sur UniProt on trouve la protéine insuline sous le nom P01317 (INS_BOVIN) Il est intéressante et stimulant de faire découvrir aux élèves que la vache a aussi l'insuline, les cytochromes, l'EPO, l'hémoglobine, la CFTR de la mucoviscidose etc . Et qu'elles sons similaires. (Cf formation BIST)

Selon les chercheurs qui publient leurs travaux 24 avril dans la revue Science, (News Couzin-Frankel,Jennifer. 2009) ce génome constitue une source majeure d’informations, tant pour l’étude de l’évolution des mammifères que pour la biologie des bovins. En parallèle, une étude complémentaire est publiée sur les bases génétiques du lait des mammifères.

contenu en gènes de différentes espècesUn génome vachement bien

Le génome de la vache est composé d’au moins 22'000 gènes – au sens classique – codant pour l’information nécessaire à la synthèse des protéines, ainsi que de 500 gènes de microARN, qui eux régulent la production de la plupart de ces protéines. Oui, on commence à parler de gènes pour ces séquences d'ARN régulateurs qui ne deviendront pourtant jamais des protéines. (Une définition actuelle du gène selon M.-C. Blatter). La grande majorité des gènes de la première catégorie sont capables de coder pour plusieurs protéines différentes grâce à un mécanisme dénommé épissage alternatif. (Cf Bio-Tremplins ici) «Le séquençage du génome de la vache a révélé que ce mécanisme de diversification a moins changé au cours de l’évolution qu’on ne le pensait précédemment», déclare Alexandre Reymond, responsable de cette étude.
Fig 3 à droite : la vache a presque le même nombre de gènes que nous et bien moins que la vigne, le riz ou la paramécie qui en contient presque le double... vexant, non ? Du moins si l'on considère que le nombre des gènes est une mesure de la valeur de l'organisme.... Cliquer pour agrandir cette image. (Source ISB-SIB)


Amos Bairoch (2009) déclare que ce chiffre de 22'000 est probablement surévalué. C'est qu'il n'est pas aisé de reconnaitre si une séquence d'ADN code pour un gène ou non. Il y a bien des algorithmes qui estiment très rapidement où sont les gènes possibles ou probables et il y a la recherche de séquences pour lesquelles une protéine a été trouvée expérimentalement. Swiss-Prot devenu UniProt qu'Amos Bairoch a fondé et dirige est une base qui recense ces informations très précises, dignes de la "qualité Suisse"...

Quelles particularités

On a observé que le génome bovin se différenciait par 147 gènes liés aux processus d’immunité, de lactation, de digestion et de métabolisme. Ces changements pourraient expliquer notamment l’extraordinaire capacité des bovins à transformer l’herbe et le foin peu nourrissants en une viande et un lait de haute valeur nutritive, capacité exploitée depuis les premiers temps de l’agriculture par les êtres humains.

Article en français :

Les gènes expliqueront-ils comment une vache peut produire 91kg de lait par jour ?

une vache qui a produit 91 kg de lait
Fig 4 : Cette vache a passé dans un quotidien parce qu'elle a produit 91kg de lait en un seul jour. (Article intranet.jpg).

Avec cette masse de données sur l'essence même de ce qui constitue la biologie d'un bovin, on pourra peut-être mieux comprendre comment une bonne vache peut produire 91 kg de lait en un jour et comment beaucoup de vaches font plus 40kg/jour en moyenne sur l'année. On a en effet trouvé des changements de gènes liées à la prolactine qui est l'hormone de la lactation. On va peut-être pouvoir explorer comment cette vache a été modifiée dans ses gènes (notez que je n'ai pas dit OGM) par l'action de milliers d'années de sélection et croisements par les éleveurs ...

Fig 4 : Une mère gnou et son nouveau-né. Elle ne produit sûrement pas 40kg de lait par jour !

C'est que la domestication l'a mené manifestement très loin de l'état naturel où les mammifères produisent du lait seulement lorsqu'elles ont des petits et dans des quantités bien moindres ! D'accord, les baleines bleues produisent 600l. de lait par jour, mais c'est un autre format...

La coévolution de la vache et de la tolérance au lait ...

On a récemment mis en évidence que la tolérance au lactose jusqu'à l'age adulte résulte du gène à ARN très récent dans l'évolution de l'homme Si nous produisons la lactase même adultes c'est sans doute parce que cela a permis à nos ancêtres de mieux passer les périodes de disette en se nourrissant du lait des vaches. Ceux qui ne le toléraient pas ont eu une progéniture plus restreinte et nous sommes donc plus rares à être leurs descendants. Cf Bio-Tremplins: L'évolution , les gènes le lait et les migrations Voir aussi les travaux de chercheurs du CNRS Co-évolution du génome des vaches et des buveurs de lait

Le système immunitaire expliquera-t-il comment la vache arrive à mieux extraire des nutriments de l'herbe ?

L'étude du génome révèle que la vache a de nombreuses protéines de défense immunitaires dans celles qui lui sont spécifiques. Pour les chercheurs, on peut y voir plusieurs explications : une protection contre les bactéries dont son estomac complexe est rempli (jusqu'à 10^11par ml Hobson, P. N. (1988)) , ou contre les maladies qui se transmettraient plus facilement à cause de la promiscuité dans dans les troupeaux. Par ailleurs on est en train de passer d'une vision du système immunitaire dont la fonction serait principalement de protéger des bactéries et autres agents pathogènes, vers une vision ou ce système nous permet de gérer avec finesse un cheptel (!) de bactéries qui est utile. (Cf Bio-Tremplins ici)
la digestion complexe des ruminants
Fig 5 : Schéma du système digestif d'une vache (source)

Dans cette perspective, l'étude des séquences dont on dispose désormais pourra peut-être - c'est une hypothèse que je trouve intéressante - éclairer le rôle du système immunitaire dans la gestion de cet incroyable écosystème qu'est la panse (rumen) des ruminants. On sait que des bactéries y travaillent pour réaliser la digestion de la cellulose : une exclusivité des ruminants. Les bactéries rendent la salade très calorique pour la vache. Les chevaux ou les éléphants ne ruminent pas (ce qui explique que le crottin est fibreux et la beuse homogène, les fibres étant digérées).

Les trois quarts des gènes communs avec les mammifères

La comparaison du génome de la vache avec les autres mammifères disponibles révèle (cf fig 6) que les 3/4 de ses gènes sont communs avec les autres mammifères, qu'elle en a presque 17'000 en commun avec nous et qu'elle n'en a que 147 qui lui sont propres (cf fig 6B). Protein orthology comparison among genomes of cattle, dog, human, mouse, and rat
Fig 6 : Une comparaison des gènes pour révéler le degré d'orthologie entre divers mammifères (Bos taurus, Canis familiaris, Homo sapiens, Mus musculus, Rattus norvegicus, placentaires), l'opossum (Monodelphis domestica, marsupiaux), et l'ornithorynque (Ornithorhynchus anatinus, monotrèmes) Cette comparaison des gènes révèle que la vache a une grande majorité de ses gènes en commun avec les autres mammifères [img]source

Les protéines - ou gènes - homologues sont similaires et ont une origine commune. Les orthologues ont des fonctions différentes mais liées, au sein d'organismes différents. (Voir définitions Homologue-Paralogue-Orthologue)

La vache plus similaire de nous mais la souris plus proche...

Alors même qu'on a bien établi par ailleurs que notre lignage se sépare de celui menant la souris (cf fig 5D) nettement plus tard que pour la vache, la souris diffère par plus de gènes. Amos Bairoch explique que le cas est classique : la souris a un temps de génération beaucoup plus court et donc la vitesse de l'évolution rapporté au nombre d'années est plus rapide (plutôt qu'au nombre de générations).

Les différentes races de vaches

Un article dans le même numéro de Science, The Bovine HapMap Consortium. (2009) analyse les différences entre la vache Hereford séquencée et 6 autres races bovines. Parmi d'autres résultats passionnants je relève : les chercheurs ont pu mettre en évidence les effets de la domestication et un probable effet d'étranglement qui suggère que les populations actuelles sont issues d'un nombre limité lors de la domestication. Effective population size in the past estimated from linkage disequilibrium data. Inset graph shows effective population size for the European humans over the same period; from (13). Breeds as in Fig. 1.,,
Fig 7 : Estimation de la population des différentes races de vaches estimé par déséquilibre de linkage Source
The Bovine HapMap Consortium. (2009)
Selon une présentation de A. Bairoch (2009) deux sous-espèces ont été domestiquées Bos primigenius taurus (la vache) et Bos primigenius indicus (le zebu). Il y a 800 races différentes, 1.3 milliard de vaches et elles produisent 18% des gaz a effet de serre. L'espoir de comprendre ce qui produit tant de méthane et comment y remédier est relancé. La comparaison des différentes races devient plus facile avec le génome complet de référence. On espère aussi réussir à améliorer encore la production de lait et réduire celle de méthane. La tribune sous-titrait "Plus de lait moins de pets "Brouet Anne-Muriel (2009) intranet-pdf.

Les combats de Reines du val d'Hérens expliqués ?

Est-ce que ces séquences permettront d'expliquer pourquoi les combats ritualisés qui sont généralement le fait des mâles (2 bouquetins à droite) chez les ongulés (Cerf-intranet) se produisent entre les femelles chez les vaches d'Hérens. Y a-t-il une modification génétique qui révèle comment ce comportement s'exprime chez la femelle plutôt que chez le mâle ? Ce qu'on a vu chez la souris permet de l'envisager (Bio-Tremplins) un seul gène modifié (lié aux phéromones) TRPC2 fait que les souris femelles ont un comportement de mâle.
Fig 8. Les combats de reines sont des évènements importants en Valais

Si le séquençage de ce génome permet d'aider à limiter la pollution, à avoir du meilleur lait pour mettre dans mon thé, et à comprendre mieux le Valais, c'est vachment bien, non ? (Ok c'est facile, mais je n'allais pas laisser passer une occasion de le placer...) : ))

Sources

dimanche 3 mai 2009

Faire vraiment des sciences expérimentales en classe. Avec Gérard de Vecchi

Lundi 18 mai la didactique de la biologie de l'IUFE organise un mini-colloque :

Faire vraiment des sciences expérimentales en classe

Avec Gérard De Vecchi

Auteur notamment de : De Vecchi, G. (2006). Enseigner l'expérimental en classe : pour une véritable éducation scientifique Paris: Hachette éducation. Site Web

Qui sera intéressé :

  • Les enseignants en formation (EEF, notamment en sciences expérimentales)
  • Les futurs Formateurs de Terrain (FT) soit les enseignants accueillant des stagiaires.
  • Des enseignants qui veulent repenser leur enseignement.
  • Des didacticiens et chercheurs en éducation.
  • Des chercheurs en sciences intéressés aux questions d'éducation scientifique.
  • Des gens simplement ouverts aux questions éducatives

A) Conférence - débat le matin à Uni Mail Salle MS 150

  • 8h15 Introduction (F.Lombard - R.Kopp)
  • 8h30 Conférence par Gérard De Vecchi «Faire vraiment des sciences expérimentales en classe»
  • 10h30 Pause
  • 11h Débat avec l'assemblée : Gérard De Vecchi (Discutants F.Lombard - R.Kopp)
  • 11h45 Conclusion F.Lombard - R.Kopp

B) Présentation publique des projets "DidaBiolo" des Enseignants En Formation (EEF) biologie l'après-midi à Uni Mail Salle M 3393

Description du projet : DidaBioloProjets09

Horaire : 7 projets à 20min + 10 min. discussion N.B: la présentation tient lieu d'examen pour ces EEF.

* 13h30 : Projet Henchoz Fournier Cudre-Mauroux
* 14h00 : Projet Dufour Emery Martinelli
* 14h30 : Projet De_Vevey Chakparonian
* 15h00 : Projet Malterre

* 16h00 : Projet Alberi Le_Tanh
* 16h30 : Projet Hamdam Saggio
* 17h00 : Projet In_Albon

Organisation : francois.lombard@unige.ch

Colloque réalisé avec le Soutien de l'EDSE dans le cadre de l'IUFE
Tous les détails à l'adresse http://doiop.com/MiniColloqueDidaBio09
Une affichette est ici