mercredi 13 août 2025

FC De l’infiniment grand à l’infiniment petit avec les élèves du secondaire II // 29 Aout La Nuit des chauves-souris 2025


De l'infiniment grand à l'infiniment petit avec les élèves du secondaire II

Formation continue : De l'infiniment grand à l'infiniment petit avec les élèves du secondaire II

Comment intégrer la physique quantique, la relativité générale et la cosmologie dans les programmes de physique
Inscription en ligne

Public cible

  • Enseignant-e-s secondaire II formation générale

Disciplines

  • Physique

Compétences transversales

  • Conception de cours - Didactique et méthodologie
  • Développement de l'enseignement

Objectif

La physique classique du XVIIe au XIXe demeure le cadre de la description de la réalité dans de nombreux domaines scientifiques et technologiques, et sa maîtrise conditionne l'accès aux théories physiques modernes. Ainsi, elle constitue le socle des programmes du secondaire, la physique moderne n'étant le plus souvent abordée qu'au niveau post-maturité. De ce fait, une majorité d'élèves se retrouve coupé d'une connaissance, même vulgarisée, de la physique du dernier siècle. Les défis relevés par les théories développées au XXe constituent une excellente opportunité d'aborder en profondeur différents aspects de la démarche scientifique, notamment les limites des théories classiques rencontrées dans leurs cours, le rayon d'application d'une théorie et les liens épistémologiques et ontologiques entre théories physiques. Ces différents sujets s'inscrivent dans un cadre interdisciplinaire, qui permet de tisser les liens entre sciences expérimentales, mathématiques, histoire et philosophie. Pour introduire les élèves à cette physique, il est nécessaire de créer les conditions d'enseignement appropriés, notamment par la production et le partage de matériel d'enseignement adapté au niveau des élèves en physique et en mathématiques et qui puisse naturellement s'inscrire dans les programmes du secondaire II.

Contenu

Deux projets pédagogiques adressés au secondaire II ont été développés ces dernières années en Suisse Romande et au Tessin, visant d'une part à introduire les idées de la physique quantique, d'autre part les concepts de la relativité générale en passant par la cosmologie. Dans cette formation, on débutera par l'exposé des motivations, des enjeux ainsi que des modalités de création de nouveau matériel d'enseignement, puis des extraits de séquences et d'activités seront présentées et commentées avec la participation des enseignants présents. On présentera un site internet dédié à l'enseignement de la physique quantique et offrant un large éventail de ressources commentées. Nous présenterons aussi les résultats de deux études mesurant l'impact de ces activités sur la motivation et l'apprentissage des élèves, l'une menée sur 4 ans pour la cosmologie et la relativité générale, l'autre le semestre dernier pour la physique quantique. La formation se terminera par une discussion sur les pratiques des enseignants, les limitations et les perspectives envisageables dans le contexte suisse.

Lieu : Université de Genève (salle à confirmer)

Format : présenciel

Langue du cours
: Français

Dates 3.10.2025, 9h00-16h30

Délai d'inscription 15.09.2025

Organisation SCNAT, Swiss Quantum Initiative, Commission romande de physique

Intervenant-e-s
Alice Gasparini, Chira Caprini, Nicolas Brunner, Augustin Baas

Prix Gratuite

Remarques Remboursement du transport en train sur la base du ½ tarif depuis Suisse ou France voisine, repas de midi offert.

SSPMP – Société suisse des Professeurs de Mathématique et de Physique

offre du prestataire


Bientôt  la nuit des chauve-souris !



Logos CCO, Muséum Genève, Les Evaux
Nuit des chauves-souris 2024

Événement à ne pas manquer:
la Nuit des chauves-souris 2025
à Genève!

Cette année encore, le Parc des Evaux accueillera la traditionnelle Nuit des chauves-souris genevoise, vendredi 29 août 2025 de 18h à 22h. Ce rendez-vous annuel, devenu incontournable pour les familles et les passionné·es de nature, promet une soirée riche en découvertes avec des stands scientifiques, des balades acoustiques, des conférences éducatives, ainsi que des jeux spécialement conçus pour les enfants. Une occasion unique de percer les mystères de ces gardiennes de la nuit!

Depuis presque trois décennies, la Nuit des chauves-souris contribue à la prise de conscience collective sur l'importance de protéger ces curieux mammifères nocturnes, menacés par la pollution lumineuse, la perte de leur habitat ou encore l'utilisation de pesticides. Les chauves-souris jouent en effet un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre des écosystèmes. En Suisse, elles régulent par exemple les populations d'insectes. Dans d'autres régions du monde, elles pollinisent certaines plantes et disséminent des graines. Cette 29e édition espère donc encourager des comportements respectueux de leur environnement et des pratiques favorisant leur protection.

La conférence sur la pollution lumineuse, prévue à 19h, 20h et 21h, abordera l'impact des activités humaines sur la vie de ces mammifères volants, actifs la nuit et particulièrement sensibles à la lumière artificielle. Des stands scientifiques en plein air, sur des thèmes comme l'écholocalisation, le régime alimentaire et l'évolution des chiroptères, permettront aux visiteurs et visiteuses d'approfondir leurs connaissances sur les chauves-souris. Des activités ludiques seront proposées aux enfants tout au long de la soirée, assurant une expérience éducative et divertissante pour toute la famille.

DéCOUVREZ LE PROGRAMME


Le Restaurant des Evaux, ainsi qu'une buvette, proposeront des boissons fraîches, des en-cas et des plats cuisinés.

Organisation de la Nuit des chauves-souris genevoise: Centre de Coordination Ouest pour l'étude et la protection des chauves-souris (CCO-Genève) et le Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, en partenariat avec la Fondation des Evaux et le Restaurant des Evaux.

La Nuit des chauves-souris: un rendez-vous international pour mieux les connaître

Si les chauves-souris ne sont aujourd'hui plus perçues comme dangereuses ou effrayantes mais plutôt comme essentielles à la biodiversité et même mignonnes, c'est en partie grâce à la Nuit des chauves-souris! Cet événement international existe depuis 1997 et représente l'un des événements naturalistes les plus importants de Suisse. Il se déroule chaque année dans une trentaine de pays d'Europe.

Les Centres régionaux du Centre de coordination suisse pour l'étude et la protection des chauves-souris organisent cet événement qui compte 25 manifestations dans tout le pays.

Un dossier de presse regroupant tous les événements suisses est disponible ici.

Informations pratiques pour le public

La Nuit des chauves-souris à Genève est gratuite, sans inscription et tout public (enfants accompagnés dès 6 ans). Les stands sont couverts.

Adresse
Salle événementielle des Evaux (restaurant des Evaux)
Centre intercommunal de sports, loisirs et nature des Evaux
Chemin François-Chavaz, 110
1213 Onex Suisse

Accès
Tram 14, bus J ou K (arrêt Onex - Salle communale)
Bus 2 ou 43 (arrêts La Traille & Vallet)
Bus 19 ou 21 (arrêt Onex-Cité)
Prévoir une marche de 10 minutes en suivant le fléchage.
Parking des Evaux (payant) ; 4 places pour les personnes à mobilité réduite avec macaron sont disponibles gratuitement.

Date
Vendredi 29 août 2025

Horaire
18h-22h en continu


Site officiel du Muséum d'histoire naturelle de Genève

info.museum@geneve.ch
MUSÉE D'HISTOIRE DES SCIENCES

Parc de la Perle du Lac
128, rue de Lausanne,
1202 Genève - CH
T +41 (0)22 418 50 60


vendredi 25 juillet 2025

Boomerasking: poser une question pour pouvoir y répondre soi-meme

Il y a des gens qui savent écouter; par exemple en pratiquant l'écoute active qui donne le sentiment d'être bien compris et aide celui qui bénéficie de l'écoute.
A cause de leur pertinence à l'entretien d'aide, des formations continues ont été données dans les écoles Genevoises sur la méthode Gordon et la communication non-violente de Marsahll Rosenberg.
Par exemple, ces ouvrages devraient être dans toutes les bibliothèques des écoles :
  • Gordon, T. (2001). Enseignants efficaces : Une autre approche de la discipline en classe (trad. française). Marabout. (Œuvre originale publiée en 1974)
    cf aussi ici (intranet)
  • Rosenberg, M. B. (2015). Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) : Introduction à la Communication NonViolente (trad. française). La Découverte. (Œuvre originale publiée en 1999).  cf. par exemple Le site suisse : www.cnvsuisse.ch.,  et un exemple ici

A l'inverse  de cette communication empathique qui implique une attention et une compréhension profondes du message de l'interlocuteur, en utilisant des techniques de reformulation et de questionnement pour s'assurer de bien comprendre le message, il y a le Boomerasking.

Analyse du Boomerasking ; poser une question pour susciter l'occasion de se raconter.

Brooks et Yeomans (2025) ici de la  Harvard Business School et de l'Imperial College de Londres . Ils introduisent la pertinence de leur article ainsi " Les interactions humaines reposent largement sur la conversation, qui exige en permanence des microdécisions sur ce que l'on dit et comment on le dit. Poser des questions sincères et écouter attentivement les réponses est reconnu comme un comportement socialement bénéfique.
Cette étude montre toutefois qu'un certain type de comportement, appelé boomerasking — le fait de poser une question puis d'y répondre soi-même en parlant de soi, sans rebondir sur ce que dit l'interlocuteur — révèle un intérêt centré sur soi et une forme de désintérêt pour l'autre.Ces résultats offrent des pistes concrètes pour améliorer la qualité de nos échanges quotidiens."

Abstract
"Les humains passent une grande partie de leur vie à converser, et ils poursuivent souvent plusieurs objectifs à la fois. Nous examinons ici deux désirs fondamentaux : être à l'écoute de son interlocuteur et se livrer sur soi-même. Nous introduisons une manière répandue par laquelle les gens tentent de concilier ces objectifs parfois concurrents : le boomerasking — une séquence dans laquelle une personne commence par poser une question à son interlocuteur (« Comment s'est passé ton week-end ? »), laisse l'autre répondre, puis répond à la même question (« Le mien était incroyable ! »). Le boomerasker commence donc par une question, mais — comme un boomerang — celle-ci revient rapidement à son point de départ.

Nous identifions trois types de boomerasks :

    le ask-bragging (poser une question suivi d'une révélation positive, par exemple des vacances extraordinaires) ;

    le ask-complaining (poser une question suivi d'une révélation négative, par exemple un décès dans la famille) ;

    et le ask-sharing (poser une question suivi d'une révélation neutre, par exemple un rêve étrange).

Bien que ceux qui pratiquent le boomerasking pensent laisser une impression positive, leur décision de partager leur propre réponse — plutôt que de relancer ou approfondir celle de leur interlocuteur — apparaît comme égocentrée et peu attentive à la perspective de l'autre. En conséquence, les gens perçoivent les boomeraskers comme insincères et préfèrent les interlocuteurs qui se livrent de façon plus directe et authentique". Traduction Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Fig 1: Dans tous les cas étudiés (se vanter (Bragging), se plaindre (Complaining), partage neutre (neutral sharing))  l'interlocuteur n'apprécie pas le boomerasking (barres blanches) par comparaison avec la communication franche [img]. Source : Brooks et Yeomans (2025)  ici

Un exemple par Améline Nothomb

« Les questions de Christa étaient de fausses questions. Elle me les posait dans l'unique but que je les lui pose en retour : interroger était l'un des moyens privilégiés de sa perpétuelle autopromotion.
Consciente qu'elle n'écouterait pas ma réponse, docile cependant, je dis :
  • Archée. Et toi ?
  • Équité, répondit-elle en détachant les syllabes, comme quelqu'un qui a trouvé quelque chose. Tu vois, nos choix sont révélateurs : toi, c'est un mot pour le simple amour du mot; moi qui viens d'un milieu défavorisé, c'est une notion qui a valeur d'engagement.
  • Bien sûr, commentai-je en pensant que si le ridicule tuait, l'intruse eût disparu depuis longtemps.
Au moins étais-je d'accord sur un point : nos choix étaient significatifs. Le sien dégoulinait de bons sentiments: il n'exprimait aucun amour du langage en effet, mais un besoin éperdu de se faire valoir." Nothomb Amélie Antechrista Livre de  poche p 81.

(Les membres Jump-To-Science peuvent obtenir ces articles).

Références:

  • Brooks, A. W., & Yeomans, M. (2025). Boomerasking : Answering your own questions. Journal of Experimental Psychology: General, 154(3), 864‑893. https://doi.org/10.1037/xge0001693
  • Nothomb Amélie Antechrista Livre de  poche p 81.

mardi 10 juin 2025

Peut-on "voir" des couleurs invisibles ?

Voir l'invisible… un oxymore ou un paradoxe à découvrir ?

Des recherches récentes remettent en question ce que nous pensons être indiscutable : ce que nous voyons !
On sait la difficulté des élèves - dans les labos ou TP - à voir ce qui nous paraît évident et à rejeter ce qui ne rentre pas dans leurs schémas de pensée. 

"L'élève ne croit pas ce qu'il voit, il voit ce qu'il croit"
…trouvé chez plusieurs chercheurs dont Giordan et Astolfi probablement repris de Gaston Bachelard, dans La formation de l'esprit scientifique (1938) « Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit. »
Ces publications aideront peut-être vos élèves à se décentrer de leurs impressions et perceptions du monde... une compétence indispensable en science et peut-être aussi dans un monde où nos perceptions superficielles projetées sur les autres contribuent à bien des conflits.

A) Une première publication, (Ma, et al., 2025) décrit comment des chercheurs ont réussi avec des lentilles munies de composites de nanoparticules à absorber de l'infrarouge (invisible pour nos yeux, donc) pour le ré-émettre dans le visible. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

B) Une deuxième publication (Gibney, E., 2025) rapportent  dans une news de Nature comment Fong, …, Ng,et al. (2025) ont réussi à balayer la rétine au fond de loeil de 5 sujets en illuminant les cônes "verts" seulement, produisant la sensation d'une couleur qui ne peut être vue naturellement Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine :  ici

C) Une troisième publication (Sara Reardon, 2024) décrit comment  équipe de spécialistes des matériaux (Ou, et al. 2024) sont parvenus à rendre temporairement transparente la peau de souris révélant ainsi les organes sous-jacents. Simplement en  appliquant un pigment courant, la tartrazine, l'un de ceux qui donnent leur couleur orange caractéristique aux célèbres snacks Cheetos. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine :  ici

A) Des lentilles pour voir une partie de l'infrarouge

Les humains ne perçoivent pas la lumière infrarouge en raison des propriétés de l'œil. Pourtant, la capacité de voir à l'œil nu cette lumière invisible serait extrêmement précieuse dans de nombreux contextes. Dans cet article, les auteurs présentent des lentilles de contact infusées de nanoparticules capables de convertir la lumière proche infrarouge (NIR) 800–1,600 [nm] en signaux visibles 400–700[nm]. Ces lentilles, souples, compatibles avec l'œil humain et confortables à porter, ont permis à des d'identifier des informations spatiales et temporelles en NIR et de réagir en conséquence.
Équipés de telles lentilles, des participants humains ont pu distinguer des signaux codés en NIR, à la fois sous forme de séquences temporelles et d'images spatiales. Les chercheurs ont aussi mis au point une version trichromatique de ces lentilles, permettant de percevoir différentes "couleurs" dans le NIR, ouvrant ainsi la voie à une véritable vision colorée spatio-temporelle dans ce spectre invisible. Cette recherche ouvre des perspectives pour le développement de matériaux portables permettant une vision infrarouge non invasive, et pour de nouvelles manières de percevoir et de communiquer des informations au-delà du spectre visible. Ils notent que l'IR passe bien à travers les paupières et qu'on pourrait ainsi transmettre discrètement des informations à des yeux fermés.
D'autres on même proposé même que des variantes de ces lentilles les aident à distinguer des nuances de rouge, qui seraient converties en nuances de couleurs qu'ils voient. Traduction IA retouchée de Ma, et al. (2025) Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Graphical abstract 
Fig 1: Abstract visuel de l'article dans Cell
Source : Ma, et al. (2025)
Convertir des photons IR vers le visible, d'où vient l'énergie ... ???

Cette upconversion est un mécanisme comparable à la fluorescence mais inverse (des photons de plus basse énergie (IR) sont convertis en photons d'énergie plus élevée (visible ). Or "Tous les matériaux fluorescents obéissent en général au principe bien connu de la loi de Stokes, qui énonce simplement que les photons d'excitation possèdent une énergie plus élevée que les photons émis. En d'autres termes, l'énergie des photons émis est inférieure à celle des photons absorbés. Cela revient, de manière indirecte, à exprimer que le rendement énergétique ne peut pas dépasser 1. Ce principe reste bien sûr valable uniquement lorsqu'on considère un système où un seul ion est excité." Traduction de  Auzel, F. (2004) ici Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine ici

L'upconversion photonique (ou "conversion ascendante") : plusieurs photons d'énergie plus basse (ex : infrarouge) sont absorbés de manière coopérative ;et leur énergie est "additionnée" par des mécanismes non linéaires ; puis un photon d'énergie plus élevée (ex : lumière visible) est émis.
    → ici, on a un décalage vers le bleu (longueurs d'onde plus courtes). Voir notamment Auzel, F. (2004) Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser  encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine notamment la section 2.2 "Upconversion Processes by Sequential Energy Transfers "

Des limites :
Certains chercheurs restent sceptiques quant à l'intérêt pratique de ces lentilles. « Je ne vois pas d'application qui ne serait pas plus simplement réalisable avec des lunettes infrarouges », commente Glen Jeffery, neuroscientifique à l'University College de Londres, spécialiste de la santé de l'œil. « Si l'évolution n'a pas retenu ce type de mécanisme de vision, c'est probablement pour de bonnes raisons. ».
Une formulation que vos élèves, critiques et bien formés à la pensée évolutive, reformuleront d'un air narquois : « Ce type de mécanisme de vision n'a pas été sélectionné au cours de l'évolution, ce qui signifie probablement qu'il engendre davantage de coûts ou de contraintes que d'avantages sélectifs. »
Applications pour l'enseignement
I) En physique — Ondes et spectres
Pour illustrer le spectre électromagnétique : situer la lumière infrarouge par rapport au visible, et aux  différentes gammes d'ondes (radio, micro-ondes, IR, UV…).
Pour discuter la conservation de l'énergie… en contredisant apparemment la loi de Stokes. L'occasion de rappeler que les lois sont en fait des modèles qui ont un domaine de validité et sont forcément hypothétiques... jusqu'à de nouvelles découvertes qui en redéfinissent les limites - comme ici.
Avec les plus avancés : Interaction onde-matière : comment les nanoparticules de ces lentilles convertissent l'IR en lumière visible ?
Introduction au phénomène de conversion de fréquence : fluorescence, phosphorescence et upconversion photonique

II) En biologie : Susciter des questions sur le fonctionnement de l'œil humain : ce que nos opsines détectent, les spectres de sensibilité des cônes - et l'infrarouge non détecté
Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser cf. par exemple une synthèse assez fouillée de Solomon, et al. (2007) ici

On pourrait envisager de partir de cette recherche - vulgarisée par exemple ici à la RTS - pour discuter les limites de nos perceptions.
Une illustration montrant la procédure élaborée par les scientifiques chinois [Sheng Wang]
Fig 2: Une illustration trouvée dans l'article de la RTS montrant la procédure élaborée par les scientifiques chinois [Sheng Wang][ [img]. Source : Ma, et al. (2025

 Pour les élèves ce qu'ils perçoivent est la vérité. Or la vision est un processus de reconstruction influencé par ce qu'on connaît.  

III) Science-société
Discuter des valeurs morales : faut-il accepter des technologies qui augmentent nos capacités perceptives ou respecter la nature, l'ordre divin, notre héritage génétique ?
De belles discussions en vue

B) Percevoir une couleur que personne n'a jamais vue ?

ig. 1. Overview of principle and prototype system.,(A) System inputs. (i) Retina map of 103 cone cells preclassified by spectral type (7). (ii) Target visual percept (here, a video of a child, see movie S1 at 1:04). (iii) Infrared cellular-scale imaging of the retina with 60-frames-per-second rolling shutter. Fixational eye movement is visible over the three frames shown. (B) System outputs. (iv) Real-time per-cone target activation levels to reproduce the target percept, computed by: extracting eye motion from the input video relative to the retina map; identifying the spectral type of every cone in the field of view; computing the per-cone activation the target percept would have produced. (v) Intensities of visible-wavelength 488-nm laser microdoses at each cone required to achieve its target activation level. (C) Infrared imaging and visible-wavelength stimulation are physically accomplished in a raster scan across the retinal region using AOSLO. By modulating the visible-wavelength beam's intensity, the laser microdoses shown in (v) are delivered. Drawing adapted with permission [Harmening and Sincich (54)]. (D) Examples of target percepts with corresponding cone activations and laser microdoses, ranging from colored squares to complex imagery. Teal-striped regions represent the color"Imaginez que vous voyez une couleur qu'aucun œil humain n'a encore jamais perçue. C'est ce qu'ont permis des chercheurs en utilisant des lasers et des technologies de suivi oculaire pour stimuler de manière ciblée certaines cellules de la rétine. 
Résultat : cinq volontaires ont vu une teinte bleu-vert d'une intensité inédite, baptisée olo, extrêmement saturé — bien au-delà de ce que permet la vision naturelle.
Fong, …, Ng,et al. (2025) ici:

Une nouvelle couleur créée en illuminant seulement les cônes "verts"  dans l'œil humain avec un laser

Ce n'est pas la première fois que des chercheurs parviennent à stimuler des cônes individuels — ces photorécepteurs de l'œil dont le cerveau décode les signaux en couleurs. Mais c'est la première fois que cette stimulation est réalisée sur une surface suffisante pour modifier de façon significative la perception visuelle. « Ce qui est inédit ici, c'est la démonstration que de telles "nouvelles couleurs" peuvent bel et bien être perçues », souligne Sérgio Nascimento, physicien spécialiste de la vision humaine à l'Université de Minho (Portugal).
Les chercheurs (Fong, …, Ng,et al., 2025), qui ont détaillé leur technique dans Science Advances (avril 2025), ont baptisé cette couleur inédite olo. Elle évoque le bleu paon ou le bleu sarcelle (teal), mais avec un niveau de saturation "hors normes", selon Ren Ng (Université de Californie, Berkeley), co-auteur de l'étude et lui-même l'un des cinq testeurs. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine :  ici
Figure 3 : Le dispositif OZ permettant de stimuler sélectivement les cônes M (verts) : Fong, …, Ng,et al., 2025  [img]
La méthode — surnommée Oz — permet de contrôler précisément les doses de lumière envoyées à chaque cellule de la rétine, de manière à "leurrer" les signaux que le cerveau interprète comme une couleur, ou même à créer des signaux qu'il n'a jamais rencontrés.
Ren Ng précise que cette approche pourrait aussi générer d'autres couleurs inédites. Elle pourrait également, à terme, améliorer la perception des couleurs chez les personnes daltoniennes pour lesquels il n'existe actuellement aucun traitement efficace. Pour l'instant, la technique ne permet de contrôler la couleur que sur une petite portion du champ visuel (environ deux fois le diamètre apparent de la Lune). De plus, elle repose sur des équipements encore rares. Mais même sans applications immédiates, cette avancée est déjà « un véritable exploit technique », selon Jenny Bosten, neuroscientifique à l'Université du Sussex (Royaume-Uni). « Le potentiel pour de futures recherches est immense. » Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine :  ici
La vision des couleurs
spectres de sensibilité relative des cones et bâtonnetsLa vision humaine des couleurs repose sur la comparaison par le cerveau des signaux envoyés par trois types de cônes, chacun sensible à une gamme différente (mais chevauchante) de longueurs d'onde : les cônes S (bleu), M (vert) et L (rouge). Chaque couleur perçue correspond à un "profil d'activation" unique de ces trois types de cônes. Or, en temps normal, toute stimulation du cône M (au milieu du spectre) active aussi, dans une certaine mesure, les cônes voisins S ou L.  cf. les spectres de sensibilité relative des cônes (et des bâtonnets (rods))

Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser cf. par exemple une synthèse assez fouillée de Solomon, et al. (2007) ici et figure ci-contre
L'équipe de Ren Ng s'est donc demandé si une stimulation isolée du cône M pourrait engendrer une nouvelle perception colorée.
Après avoir cartographié précisément la rétine de chaque participant, les chercheurs ont pu cibler des cônes M spécifiques avec des microdoses de lumière laser.
Résultat : les participants ont perçu une couleur olo plus intense que n'importe quel bleu-vert naturel. Pour tenter de la "ramener" dans l'espace des couleurs connues, il a fallu y ajouter de la lumière blanche. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine :  ici

Des sensations de couleurs différentes avec un laser d'une seule couleur
Le système Oz a également permis de générer toute une palette de couleurs en utilisant une seule longueur d'onde de lumière. En modulant l'intensité du laser pour chaque type de cône, les chercheurs ont réussi à reproduire le "schéma d'activation" attendu par le cerveau pour chaque couleur — donnant l'illusion d'une vidéo en couleur, produite à partir d'un seul laser !

Les chercheurs explorent maintenant la possibilité d'adapter cette technologie pour aider les personnes daltoniennes. Chez ces dernières, seuls deux types de cônes fonctionnent correctement. Des travaux antérieurs chez le singe écureuil ont montré qu'un traitement génique peut restaurer la vision des couleurs en ajoutant un troisième type de cône. Ici, l'idée serait de "simuler" ce troisième canal grâce au contrôle laser. « Le cerveau recevrait alors trois types d'informations. Reste à savoir s'il pourrait en faire une vision complète des couleurs », explique Ren Ng.

Au-delà des applications possibles, cette recherche offre un outil unique pour mieux comprendre comment les signaux de la rétine se traduisent en perception colorée dans le cerveau. « Cette technique ouvre des perspectives d'exploration inédites — sans doute plus que tout autre outil utilisable chez l'humain », conclut Kimberly Jameson."
Traduction adaptée de Gibney, E (2025) ici  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine:  ici


C) Un colorant alimentaire permet de voir l'intérieur d'une souris

"Dans une news de Science, Sara Reardon (2024) ici décrit une recherche récente :  En général.pour  observer ce qui se passe à l'intérieur du corps, les médecins utilisent toute une gamme de techniques d'imagerie coûteuses : rayons X, échographie, IRM, endoscopie, etc.
Mais une équipe de spécialistes des matériaux (Ou, et al. 2024) a trouvé une approche beaucoup plus simple — du moins chez la souris. En appliquant un pigment courant, ils sont parvenus à rendre temporairement transparente la peau des animaux, révélant ainsi les organes sous-jacents. "
"En plaçant la main devant une lampe, les doigts apparaissent rougeâtre, mais on ne distingue pas les os, les muscles ou les vaisseaux sanguins. Cela s'explique par la diffusion de la lumière dans les tissus biologiques, qui empêche une transmission directe. Cette diffusion est liée à la composition hétérogène des tissus. Chaque matériau transparent possède un indice de réfraction, défini comme le rapport entre la vitesse de la lumière dans le vide et dans le matériau. Par exemple, la lumière se déplace dans l'eau à environ 75 % de sa vitesse dans le vide (indice de 1,33). Lorsque la lumière traverse des matériaux d'indices différents, elle change de direction — le principe même des lentilles optiques. 

Transparence si les milieux ont le même indice de réfraction   

Dans les tissus, les lipides des membranes cellulaires ont un indice d'environ 1,4, supérieur à celui de l'eau environnante. Résultat : les cellules se comportent comme une multitude de petites lentilles désordonnées qui diffusent la lumière dans toutes les directions. Certaines techniques permettent déjà de rendre des tissus — voire des souris entières — transparents, en éliminant les lipides et en ne laissant qu'un gel aqueux, mais ces méthodes détruisent les membranes cellulaires et ne peuvent donc être utilisées sur des animaux vivants.Traduction adaptée de Sara Reardon (2024) ici  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine ici
"Guosong Hong (Ou, et al. 2024) ont cherché à ajuster l'indice de réfraction de l'eau, en l'élevant pour le rapprocher de celui des lipides et des protéines. D'après leurs calculs, un colorant jaune synthétique appelé tartrazine permettait de ralentir la lumière à la vitesse adéquate. Ce colorant, autorisé par la FDA et utilisé pour teinter de nombreux aliments (comme les Cheetos Doritos ou les boissons Kool-Aid), semblait donc sûr pour un usage biologique.
En général, ajouter de la couleur à l'eau la rend moins transparente. Mais ici, la tartrazine absorbe la lumière bleue tout en réduisant le contraste d'indice entre l'eau et les lipides, ce qui permet aux lumières rouge et orange de traverser les tissus sans diffusion — ceux-ci deviennent ainsi transparents dans ces longueurs d'onde. Comme le résume Hong : « Les lipides et l'eau restent chimiquement différents, mais la lumière ne le perçoit plus et les traverse aisément. »
 https://www.science.org/content/article/slathering-mice-common-food-dye-turns-their-skin-transparent
Concrètement, après avoir rasé des souris et massé le colorant sur leur peau nue, les chercheurs ont obtenu en quelques secondes une sorte de « vitrail biologique » aux teintes orangées. Ils pouvaient alors observer en direct le battement cardiaque des animaux, ou le transit des aliments dans l'intestin.
À l'aide d'un microscope, l'équipe a aussi examiné d'autres tissus, comme les fibres musculaires d'une patte rasée — ce qui nécessiterait normalement l'implantation d'un endoscope. Ils ont même appliqué le colorant sur le cuir chevelu, le rendant transparent. Associée à un autre colorant fluorescent rouge foncé, cette technique leur a permis d'observer l'activité neuronale dans les couches superficielles du cerveau (le crâne des souris étant naturellement très fin et partiellement translucide).
 
À terme, cette approche pourrait offrir aux chercheurs une fenêtre pour étudier l'activité cérébrale d'un animal en situation naturelle, en pleine exploration ou en train d'effectuer des tâches.Traduction adaptée de Sara Reardon (2024) ici  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la news d'origine ici ou dans l'article d'origine :  ici

Références:

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