vendredi 25 juillet 2025

Boomerasking: poser une question pour pouvoir y répondre soi-meme

Il y a des gens qui savent écouter; par exemple en pratiquant l'écoute active qui donne le sentiment d'être bien compris et aide celui qui bénéficie de l'écoute.
A cause de leur pertinence à l'entretien d'aide, des formations continues ont été données dans les écoles Genevoises sur la méthode Gordon et la communication non-violente de Marsahll Rosenberg.
Par exemple, ces ouvrages devraient être dans toutes les bibliothèques des écoles :
  • Gordon, T. (2001). Enseignants efficaces : Une autre approche de la discipline en classe (trad. française). Marabout. (Œuvre originale publiée en 1974)
    cf aussi ici (intranet)
  • Rosenberg, M. B. (2015). Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) : Introduction à la Communication NonViolente (trad. française). La Découverte. (Œuvre originale publiée en 1999).  cf. par exemple Le site suisse : www.cnvsuisse.ch.,  et un exemple ici

A l'inverse  de cette communication empathique qui implique une attention et une compréhension profondes du message de l'interlocuteur, en utilisant des techniques de reformulation et de questionnement pour s'assurer de bien comprendre le message, il y a le Boomerasking.

Analyse du Boomerasking ; poser une question pour susciter l'occasion de se raconter.

Brooks et Yeomans (2025) ici de la  Harvard Business School et de l'Imperial College de Londres . Ils introduisent la pertinence de leur article ainsi " Les interactions humaines reposent largement sur la conversation, qui exige en permanence des microdécisions sur ce que l'on dit et comment on le dit. Poser des questions sincères et écouter attentivement les réponses est reconnu comme un comportement socialement bénéfique.
Cette étude montre toutefois qu'un certain type de comportement, appelé boomerasking — le fait de poser une question puis d'y répondre soi-même en parlant de soi, sans rebondir sur ce que dit l'interlocuteur — révèle un intérêt centré sur soi et une forme de désintérêt pour l'autre.Ces résultats offrent des pistes concrètes pour améliorer la qualité de nos échanges quotidiens."

Abstract
"Les humains passent une grande partie de leur vie à converser, et ils poursuivent souvent plusieurs objectifs à la fois. Nous examinons ici deux désirs fondamentaux : être à l'écoute de son interlocuteur et se livrer sur soi-même. Nous introduisons une manière répandue par laquelle les gens tentent de concilier ces objectifs parfois concurrents : le boomerasking — une séquence dans laquelle une personne commence par poser une question à son interlocuteur (« Comment s'est passé ton week-end ? »), laisse l'autre répondre, puis répond à la même question (« Le mien était incroyable ! »). Le boomerasker commence donc par une question, mais — comme un boomerang — celle-ci revient rapidement à son point de départ.

Nous identifions trois types de boomerasks :

    le ask-bragging (poser une question suivi d'une révélation positive, par exemple des vacances extraordinaires) ;

    le ask-complaining (poser une question suivi d'une révélation négative, par exemple un décès dans la famille) ;

    et le ask-sharing (poser une question suivi d'une révélation neutre, par exemple un rêve étrange).

Bien que ceux qui pratiquent le boomerasking pensent laisser une impression positive, leur décision de partager leur propre réponse — plutôt que de relancer ou approfondir celle de leur interlocuteur — apparaît comme égocentrée et peu attentive à la perspective de l'autre. En conséquence, les gens perçoivent les boomeraskers comme insincères et préfèrent les interlocuteurs qui se livrent de façon plus directe et authentique". Traduction Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Fig 1: Dans tous les cas étudiés (se vanter (Bragging), se plaindre (Complaining), partage neutre (neutral sharing))  l'interlocuteur n'apprécie pas le boomerasking (barres blanches) par comparaison avec la communication franche [img]. Source : Brooks et Yeomans (2025)  ici

Un exemple par Améline Nothomb

« Les questions de Christa étaient de fausses questions. Elle me les posait dans l'unique but que je les lui pose en retour : interroger était l'un des moyens privilégiés de sa perpétuelle autopromotion.
Consciente qu'elle n'écouterait pas ma réponse, docile cependant, je dis :
  • Archée. Et toi ?
  • Équité, répondit-elle en détachant les syllabes, comme quelqu'un qui a trouvé quelque chose. Tu vois, nos choix sont révélateurs : toi, c'est un mot pour le simple amour du mot; moi qui viens d'un milieu défavorisé, c'est une notion qui a valeur d'engagement.
  • Bien sûr, commentai-je en pensant que si le ridicule tuait, l'intruse eût disparu depuis longtemps.
Au moins étais-je d'accord sur un point : nos choix étaient significatifs. Le sien dégoulinait de bons sentiments: il n'exprimait aucun amour du langage en effet, mais un besoin éperdu de se faire valoir." Nothomb Amélie Antechrista Livre de  poche p 81.

(Les membres Jump-To-Science peuvent obtenir ces articles).

Références:

  • Brooks, A. W., & Yeomans, M. (2025). Boomerasking : Answering your own questions. Journal of Experimental Psychology: General, 154(3), 864‑893. https://doi.org/10.1037/xge0001693
  • Nothomb Amélie Antechrista Livre de  poche p 81.