mardi 18 novembre 2025

Recherche fondamentale : beaucoup paraissent d’intérêt douteux, 7 qui ont débouché sur des applications décisives

La recherche fondamentale n'a plus vraiment bonne presse. La tendance — encouragée notamment par les organismes de financement (FNS, ANR, NIH, fondations privées) — est de privilégier les projets à retombées immédiates. La recherche fondamentale demeure l'un des moteurs les plus puissants de l'innovation. Le retour pour la société dépasse largement l'investissement initial (on cite souvent comme estimation qu'elle rapporte à long terme 7$ pour chaque $ investi). Parce qu'elle exige du temps et ne promet pas de bénéfices rapides, elle attire peu le secteur privé. D'où la nécessité d'un soutien public durable : sans financements stables et de long terme, une grande partie des avancées décisives de ces dernières décennies n'aurait tout simplement pas émergé.

Il est impossible de dire quelles applications futures seraient perdues en cas de coupes, mais l'histoire - comme l'illustre par exemple Marshall (2025) qui montre que parmi les recherches sans application d'hier, certaines ont fini par structurer des pans entiers de la technologie, de la médecine et même obligé à réviser nos modèles explicatifs scolaires.

Bien sûr, d'innombrables autres recherches "farfelues", en apparence, d'innombrables autres recherches n'ont laissé aucune trace. Mais c'est précisément parce qu'on les a autorisées, encouragées, financées, que parmi elles quelques perles ont pu émerger — souvent très longtemps après.

Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie 2017, en donne un exemple savoureux dans sa conférence Nobel. Lorsqu'il soumet, avec ses collègues, les premiers résultats fondateurs de la cryomicroscopie électronique, les reviewers les rejettent sèchement : « L'eau ne fonctionne tout simplement pas comme ça ». Dubochet résume dans sa conférence Nobel de 2017, avec l'humour qu'on lui connait:« As a consequence of the accepted impossibility of vitrifying water, the report of our observation was rejected from publication. » (p. 206).
Après coup, il semble évident que cette publication aurait dû être acceptée. Mais sur le moment, distinguer parmi des centaines d'article farfelus celui qui annonce une avancée majeure n'a rien de trivial. Les éditeurs de Nature et Science ont admis qu'une fois sur deux, le processus éditorial a rejeté des travaux qui ont ensuite valu un prix Nobel. On pourrait aussi dire que c'est remarquable d'avoir su repérer une fois sur deux les perles dans l'avalanche d'article qui leur sont soumis. De plus, n'oublions pas que ce sont d'autres chercheurs du domaine qui relisent et recommandent l'acceptation ou le rejet : ils ne sont pas toujours prêts à accueillir des résultats qui bousculent profondément leur champ.

JTS se demande : combien de nos élèves qui deviendront de brillants scientifiques avons-nous su repérer parmi les élèves élèves étranges, aux questions invraisemblables, timides ou trublions qui voulaient toujours savoir sur la base de quoi nous leur disions ça ?


Nature a sélectionné "7 recherches fondamentales qui ont changé le monde".

Dans une NEWS FEATURE Marshall, (2025) a sélectionné des recherches fondamentales qui ont paru futile mais ont contribué à des applications cruciales.  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici
JTS vous en donne un aperçu et les commente dans la perspective de l'enseignement des sciences… Mais Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Voici une synthèse rapide de chaque découverte, en partant de la recherche fondamentale et  comment elle conduit à des applications ultérieures. Avec, bien sur, la référence de l'article et des suggestions d'usage en classe. 

1. Des Bactéries dans une source chaude à la PCR

A man standing by a green hot spring pool with steam rising from it, surrounded by coniferous trees.
Dans les années 1960, le microbiologiste Thomas Brock explorait les sources chaudes du Yellowstone (ci- contre Mushroom Spring in Yellowstone National Park in 1967Credit: Thomas Brock/USGS  Source Marshall, (2025). , convaincu qu'elles abritaient des micro-organismes capables de survivre à des températures extrêmes. Avec son étudiant Hudson Freeze (ça ne s'invente pas !), il isole une bactérie inconnue, Thermus aquaticus, qui prospère au-delà de 70 °C Freeze & Brock (1970). Quelques années plus tard, d'autres équipes y découvrent une enzyme remarquable : la Taq polymérase. Active dès ~60 °C, optimale autour de 72 °C et capable de supporter les ~95 °C nécessaires pour séparer les deux brins d'ADN, elle s'avère être exactement ce qu'il fallait au biochimiste Kary Mullis pour mettre au point la réaction en chaîne par polymérase (PCR). Simplement par trois étapes de chauffe /refroidissement successives : dénaturation (~95 °C), hybridation (50–65 °C) et extension (~72 °C). À chaque cycle, la quantité d'ADN double — un procédé devenu central en médecine, en recherche et en criminalistique. Nous en avons tous entendu parler lors de la pandémie avec les tests PCR.  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

2. De l'étude du spin nucléaire au scanner IRM et l'imagerie fonctionnelle

Dans les années 1930, le physicien Isidor Rabi étudie un phénomène purement fondamental : le spin des noyaux atomiques. Il découvre que protons et neutrons réagissent différemment à un champ magnétique selon l'orientation de leur spin — une "résonance" sans aucune application envisageable. Ce travail lui vaut le prix Nobel en 1944.
La technique servira d'abord aux chimistes pour analyser la structure des molécules (on en retrouve la trace dans les banques de données de protéines comme la PDB).
Quarante ans plus tard, dans les sous-sols de l'Université de Genève, un chercheur travaillait déjà avec une étrange machine de résonance magnétique nucléaire (RMN) pour étudier… l'entropie du vivant. En physiologie végétale, on mesurait alors deux paramètres clés :
T1, relaxation longitudinale : il reflète surtout la mobilité de l'eau. Dans une graine qui germe, T1 augmente au fil des jours car l'eau y devient plus libre.
T2, relaxation transverse : il renseigne sur la micro-structure des tissus. Dans une graine sèche, T2 est très court ; il s'allonge à mesure que la germination progresse. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Degli Agosti, et al. (<1989),ici
Ces mesures changent avant même qu'on ne voie quoi que ce soit au microscope, et elles permettent d'observer in vivo, sans rien détruire, la dynamique de l'eau dans les tissus. A la pointe à l'époque, elles ont été oubliées depuis...

es étapes de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle cérébrale. [img]. Source :The Oxford Center for functional MRI of the brain, Nuffield Department of Clinical Neurosciences, University of Oxford, United Kingdom in Andreelli, F., & Mosbah, H. (2014)Dans les années 1970, la RMN bascule soudainement dans un tout autre monde : celui de l'imagerie médicale. En exploitant ces mêmes phénomènes de spin, la RMN devient IRM (Imagerie par Résonnance Nucléaire) probablement pour éviter le mot nucléaire qui fait peur), capable de distinguer des tissus mous que les rayons X ne "voient" guère. L'IRM s'impose alors comme un outil central du diagnostic : anomalies cardiaques, tumeurs, lésions des muscles ou des ligaments… La plupart d'entre nous ont déjà passé un moment dans le "tube" bruyant d'un de ces scanners.

Plus tard encore, une variante, l'IRM fonctionnelle (IRMf), permet de suivre les variations de débit sanguin dans le cerveau. C'est elle qui produit les fameuses images colorées du cerveau en action, au cœur des neurosciences contemporaines (Pour aller plus loin ; cf Smith (2012)
Et tout cela à partir d'une recherche fondamentale qui, à l'origine, n'avait aucune application en vue.

3. Des Cristaux liquides des racines de carotte aux écrans plats

Recherche fondamentale : observation curieuse du comportement anormal de cristaux de cholestérol chauffés, sans utilité envisagée.

Black and white photograph of Otto Lehmann standing at a bench using a microscope.Tout commence à Prague en 1888. En étudiant des extraits de carotte, le botaniste Friedrich Reinitzer observe un comportement impossible selon les catégories de l'époque : un cristal qui fond… mais qui garde sa couleur bien au-delà de son point de fusion. Intrigué, il contacte le physicien Otto Lehmann (ci-contre , Source< Marshall, (2025)., équipé d'un microscope chauffant. Ensemble, ils montrent qu'une fois "fondu", ce matériau garde une organisation ordonnée — comme un cristal — tout en devenant fluide, comme un liquide. Lehmann forge alors un concept nouveau : les cristaux liquides.

Problème : cette idée heurte de plein fouet les catégories solidement installées — solide, liquide, gaz — qui structuraient alors la physique et la chimie. Pendant des décennies, la communauté rejette ou minimise ces résultats, tant il est difficile d'admettre qu'un matériau puisse échapper aux cases existantes. Cette résistance est bien connue des enseignants : ils la rencontrent souvent : les modèles naifs des élèves résistent à l'enseignement - Piaget l'avait montré depuis longtemps : face à des données qui bousculent nos modèles explicatifs, on tente d'abord de les faire entrer dans ses anciens schèmes avant d'accepter de les transformer — ou d'en construire de nouveaux.

Il faudra attendre les années 1950 pour que le domaine renaisse, puis 1968 pour que les premiers écrans plats liés aux cristaux liquides voient le jour. Aujourd'hui, cette découverte alimente non seulement téléviseurs et smartphones, mais aussi microscopes, capteurs, matériaux intelligents, robots ou systèmes anti-contrefaçon. Une révolution née d'un cristal qui refusait obstinément d'entrer dans les cases.
Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Reinitzer (1888) ici  Lehmann, Otto, (1889).

4. Des séquences répétées chez des archées salines au système CRISPR/Cas9

La décPortrait of Francisco Mojica viewed through a shelf in a laboratory filled with flasks and bottles.ouverte de CRISPR n'est pas l'œuvre d'un seul génie, mais le résultat d'un enchaînement d'observations fondamentales et appliquées. À la fin des années 1980, Francisco Mojica (ci- contre , Source< Marshall, (2025). ici< étudie des micro-organismes, Haloferax mediterranei R-4, une archée des marais salants d'Alicante et repère dans leur génome de curieuses séquences répétées <(Mojica & Rodriguez‐Valera, 2016) ici. Pendant plusieurs années, différentes hypothèses sont testées puis réfutées lors des vérifications expérimentales. Le déclic vient lorsqu'on remarque que ces séquences contiennent des fragments d'ADN de virus : les bactéries semblent conserver la trace de leurs agresseurs. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineMojica & Rodriguez-Valera,(2016).
Plus tard, au Danemark, une équipe de Danisco étudie comment protéger les bactéries du yaourt contre les phages. En 2007, en séquençant des souches devenues résistantes, ils observent que de nouveaux fragments d'ADN ont été insérés précisément dans ces régions répétées. Leur article  démontre que ces séquences constituent un véritable système immunitaire adaptatif. L'appliqué venait ainsi étayer — et relancer — le fondamental.Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Barrangou, & al. (2007)
On voit ici que la science n'avance pas en ligne droite ni par un seul esprit inspiré : des données perturbent les modèles existants ; on tente d'abord de les plier aux anciens cadres ; mais les faits résistent, et l'on finit par reconstruire un nouveau modèle explicatif. Les chercheurs ne procèdent pas autrement que les élèves lorsqu'ils apprennent.

Autoradiograph of an unpublished Sanger sequencing gel, dated August 21, 1992, where regularly spaced repeats were discovered in Haloferax mediterranei. Repeats are marked with side bars.Sequences of regularly spaced repeat regions. DNA stretches containing four regularly spaced repeats (highlighted in yellow) are shown as representative examples of the sequences originally reported in Haloferax mediterranei (A) [4], Escherichia coli (B) [5], and Mycobacterium bovis (C) [6]. Inner inverted repeats are underlined.JTS Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage à offrir aux élèves des données authentiques plutôt que leur faire apprendre des conclusions, les aider à interpréter des données réelles :  Mojica & Rodriguez‐Valera (2016) dans leur review présentent des données précieuses : un gels de séquencage (ici) et des séquences  (ici) qui permettront aux élèves de constater que les séquences CRISPR sont bien Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats des courtes séquences palindromiques répétées et groupées. 

Sur la base de ce cadre conceptuel, Doudna et Charpentier montrent qu'on peut "reprogrammer" cette machinerie pour couper n'importe quel ADN : CRISPR/Cas9 devient un outil d'édition génomique d'une précision inédite.
Cela a ouvert un immense champ de nouvelles possibilités pour la recherche fondamentale et permis les premières thérapies soignant des maladies génétiques comme la drépanocytose, certains déficits immunitaires ou des troubles métaboliques graves. Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont reçu le prix Nobel de chimie en 2020 pour avoir mis au point cette méthode d'édition du génome.


5. D'un peptide de lézard venimeux à un médicaments contre le diabète et l'obésité

Le GLP-1 est une hormone intestinale humaine. Dans les années 1980, Svetlana Mojsov montre qu'elle stimule la sécrétion d'insuline. Daniel Drucker et d'autres poursuivent ces travaux et découvrent en 1996 qu'elle réduit aussi la prise alimentaire. Le mécanisme est prometteur, mais inutilisable tel quel : le GLP-1 est dégradé en quelques minutes dans l'organisme. Les chercheurs se tournent alors vers son récepteur : peut-on l'activer avec une molécule plus stable ?

Close up of a black and orange lizard standing on a rock with its forked tongue sticking out.C'est là qu'intervient l'importance inattendue d'un reptile : le monstre de Gila (ci-contre Credit: Getty Source  Marshall, (2025)
). En 1992, une équipe identifie dans son venin un peptide, l'exendine-4, très proche du GLP-1. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Eng, & al.(1992) ici

Drucker teste alors s'il peut activer le récepteur du GLP-1 (c'est à dire agir comme agoniste) tout en étant plus résistant à la dégradation. C'est le cas : il conduira ensuite l'essai clinique de phase III du premier médicament issu de cette approche, l'exénatide, efficace contre le diabète de type 2 et induisant aussi une perte de poids.

Les traitements modernes du diabète et de l'obésité, comme Ozempic, reposent sur un ensemble de recherches fondamentales et appliquées. Parmi elles, l'étude du venin du monstre de Gila — une curiosité qui n'aurait sans doute pas été jugée cruciale — a fourni une pièce essentielle pour comprendre comment agir durablement sur la voie du GLP-1. (Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineReardon (2024) 

6. Des Petunias décolorés à l'interférence par ARN

petuniasIci aussi tout part d'une recherche fondamentale qui ne semblait mener nulle part. En 1990, Richard Jorgensen tente simplement de rendre des pétunias violets encore plus intenses en ajoutant une seconde copie du gène du pigment. Résultat inattendu : les fleurs deviennent… irrégulièrement blanches. Ci-contre des recherches sur les pétunias ont contribué à comprendre le mécanisme de l'ARN interférant  Source Wikipedia [img]  Une anomalie sans explication "The mechanism responsible is unclear" , mais suffisamment intrigante pour lancer une série d'études. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine[…] JNapoli, & Jorgensen, R. (1990 )

En examinant ce phénomène paradoxal, plusieurs équipes montrent qu'il peut être reproduit en introduisant de petits fragments d'ARN dans les cellules. Puis, en 1998, Andrew Fire et Craig Mello élucident enfin le mécanisme : de courts ARN double-brins déclenchent la dégradation de l'ARN messager correspondant. Sans ARN messager, la cellule ne peut plus produire la protéine visée. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Fire, […] & Mello (1998) ici Fire et Mello recevront le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2006
Ce processus, baptisé interférence par ARN (RNAi), devient rapidement un outil essentiel pour comprendre l'expression des gènes.
Il complète le trop classique schéma ADN-> ARN-> protéine qui occupe encore une place centrale dans no cours. Faut-il compléter - pour dépasser ce modèle trop rigide et déterministe, ou au contraire s'abstenir pour éviter  que ce soit "trop compliqué pour les élèves. Probablement plutôt prévoir une prgression.  Chevallard (1991) prédirait qu'il restera longtemps dans les savoirs en classe : il sera présenté comme définitif, il est facilement traduit en exercices et aisé à évaluer. Cf. la transposition didactique en génétique ici

cf. le RNAi , le "dogme" et l'éducation dans JTS  cf ici

Sur le plan médical ouvre la voie à une nouvelle classe de traitements capables "d'éteindre" sélectivement un gène. Exemple : Fitusiran contre l'hémophilie (Pasi, et al., 2017) ici).

cf aussi JTS Le cheminement d'une découverte... le flair et le hasard ?

7. De la datation des météorites à la lutte contre le plomb dans les carburants

Black and white photograph of Clair Patterson using distillation equipment in a lab.Dans les années 1950, le géochimiste Clair Patterson cherche à dater les roches en utilisant les isotopes du plomb issus de la désintégration de l'uranium et du thorium. Son objectif est strictement fondamental : déterminer l'âge de la Terre. Mais il se heurte immédiatement à un obstacle méthodologique majeur : toutes ses mesures sont contaminées par du plomb présent partout dans l'environnement. Pour contourner ce problème, il construit l'un des tout premiers "laboratoires propres", entièrement filtré.

Grâce à cette rigueur expérimentale, Patterson parvient à mesurer avec précision l'âge du météorite Canyon Diablo — 4,55 milliards d'années — ce qui fixe par extension l'âge de la Terre. Une énigme fondamentale est résolue. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : ici
Mais cette même démarche l'amène à une autre question : d'où vient tout ce plomb qui fausse les analyses ? Avec le géochimiste Mitsunobu Tatsumoto, il montre en 1963 que la pollution au plomb a atteint les régions les plus isolées des océans, et qu'elle est récente à l'échelle historique. Les données pointent toutes vers la même source : l'essence au plomb. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineici

Malgré l'opposition farouche de l'industrie, leurs résultats finiront par s'imposer et contribueront aux interdictions progressives de l'essence au plomb. On estime aujourd'hui que ces mesures ont évité plus d'un million de décès et des coûts sociétaux colossaux.
C'est un exemple particulièrement clair d'une recherche visant à résoudre un problème fondamental — dater la Terre — débouche, par nécessité méthodologique, sur l'identification d'une pollution mondiale et sur l'une des plus grandes mesures de santé publique du XXᵉ siècle.

Références

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  • Degli Agosti, Robert; LENK, Rudolf; Greppin, Hubert. Examen d'une plantule par la R.M.N. In: Saussurea, 1989, vol. 20, p. 89–95. ici
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  • Fire, A., Xu, S., Montgomery, M. K., Kostas, S. A., Driver, S. E., & Mello, C. C. (1998). Potent and specific genetic interference by double-stranded RNA in Caenorhabditis elegans. Nature, 391(6669), 806‑811. https:// doi.org/10.1038/35888
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