mardi 18 novembre 2025

Recherche fondamentale : beaucoup paraissent d’intérêt douteux, 7 qui ont débouché sur des applications décisives

La recherche fondamentale n'a plus vraiment bonne presse. La tendance — encouragée notamment par les organismes de financement (FNS, ANR, NIH, fondations privées) — est de privilégier les projets à retombées immédiates. La recherche fondamentale demeure l'un des moteurs les plus puissants de l'innovation. Le retour pour la société dépasse largement l'investissement initial (on cite souvent comme estimation qu'elle rapporte à long terme 7$ pour chaque $ investi). Parce qu'elle exige du temps et ne promet pas de bénéfices rapides, elle attire peu le secteur privé. D'où la nécessité d'un soutien public durable : sans financements stables et de long terme, une grande partie des avancées décisives de ces dernières décennies n'aurait tout simplement pas émergé.

Il est impossible de dire quelles applications futures seraient perdues en cas de coupes, mais l'histoire - comme l'illustre par exemple Marshall (2025) qui montre que parmi les recherches sans application d'hier, certaines ont fini par structurer des pans entiers de la technologie, de la médecine et même obligé à réviser nos modèles explicatifs scolaires.

Bien sûr, d'innombrables autres recherches "farfelues", en apparence, d'innombrables autres recherches n'ont laissé aucune trace. Mais c'est précisément parce qu'on les a autorisées, encouragées, financées, que parmi elles quelques perles ont pu émerger — souvent très longtemps après.

Jacques Dubochet, prix Nobel de chimie 2017, en donne un exemple savoureux dans sa conférence Nobel. Lorsqu'il soumet, avec ses collègues, les premiers résultats fondateurs de la cryomicroscopie électronique, les reviewers les rejettent sèchement : « L'eau ne fonctionne tout simplement pas comme ça ». Dubochet résume dans sa conférence Nobel de 2017, avec l'humour qu'on lui connait:« As a consequence of the accepted impossibility of vitrifying water, the report of our observation was rejected from publication. » (p. 206).
Après coup, il semble évident que cette publication aurait dû être acceptée. Mais sur le moment, distinguer parmi des centaines d'article farfelus celui qui annonce une avancée majeure n'a rien de trivial. Les éditeurs de Nature et Science ont admis qu'une fois sur deux, le processus éditorial a rejeté des travaux qui ont ensuite valu un prix Nobel. On pourrait aussi dire que c'est remarquable d'avoir su repérer une fois sur deux les perles dans l'avalanche d'article qui leur sont soumis. De plus, n'oublions pas que ce sont d'autres chercheurs du domaine qui relisent et recommandent l'acceptation ou le rejet : ils ne sont pas toujours prêts à accueillir des résultats qui bousculent profondément leur champ.

JTS se demande : combien de nos élèves qui deviendront de brillants scientifiques avons-nous su repérer parmi les élèves élèves étranges, aux questions invraisemblables, timides ou trublions qui voulaient toujours savoir sur la base de quoi nous leur disions ça ?


Nature a sélectionné "7 recherches fondamentales qui ont changé le monde".

Dans une NEWS FEATURE Marshall, (2025) a sélectionné des recherches fondamentales qui ont paru futile mais ont contribué à des applications cruciales.  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici
JTS vous en donne un aperçu et les commente dans la perspective de l'enseignement des sciences… Mais Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Voici une synthèse rapide de chaque découverte, en partant de la recherche fondamentale et  comment elle conduit à des applications ultérieures. Avec, bien sur, la référence de l'article et des suggestions d'usage en classe. 

1. Des Bactéries dans une source chaude à la PCR

A man standing by a green hot spring pool with steam rising from it, surrounded by coniferous trees.
Dans les années 1960, le microbiologiste Thomas Brock explorait les sources chaudes du Yellowstone (ci- contre Mushroom Spring in Yellowstone National Park in 1967Credit: Thomas Brock/USGS  Source Marshall, (2025). , convaincu qu'elles abritaient des micro-organismes capables de survivre à des températures extrêmes. Avec son étudiant Hudson Freeze (ça ne s'invente pas !), il isole une bactérie inconnue, Thermus aquaticus, qui prospère au-delà de 70 °C Freeze & Brock (1970). Quelques années plus tard, d'autres équipes y découvrent une enzyme remarquable : la Taq polymérase. Active dès ~60 °C, optimale autour de 72 °C et capable de supporter les ~95 °C nécessaires pour séparer les deux brins d'ADN, elle s'avère être exactement ce qu'il fallait au biochimiste Kary Mullis pour mettre au point la réaction en chaîne par polymérase (PCR). Simplement par trois étapes de chauffe /refroidissement successives : dénaturation (~95 °C), hybridation (50–65 °C) et extension (~72 °C). À chaque cycle, la quantité d'ADN double — un procédé devenu central en médecine, en recherche et en criminalistique. Nous en avons tous entendu parler lors de la pandémie avec les tests PCR.  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

2. De l'étude du spin nucléaire au scanner IRM et l'imagerie fonctionnelle

Dans les années 1930, le physicien Isidor Rabi étudie un phénomène purement fondamental : le spin des noyaux atomiques. Il découvre que protons et neutrons réagissent différemment à un champ magnétique selon l'orientation de leur spin — une "résonance" sans aucune application envisageable. Ce travail lui vaut le prix Nobel en 1944.
La technique servira d'abord aux chimistes pour analyser la structure des molécules (on en retrouve la trace dans les banques de données de protéines comme la PDB).
Quarante ans plus tard, dans les sous-sols de l'Université de Genève, un chercheur travaillait déjà avec une étrange machine de résonance magnétique nucléaire (RMN) pour étudier… l'entropie du vivant. En physiologie végétale, on mesurait alors deux paramètres clés :
T1, relaxation longitudinale : il reflète surtout la mobilité de l'eau. Dans une graine qui germe, T1 augmente au fil des jours car l'eau y devient plus libre.
T2, relaxation transverse : il renseigne sur la micro-structure des tissus. Dans une graine sèche, T2 est très court ; il s'allonge à mesure que la germination progresse. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Degli Agosti, et al. (<1989),ici
Ces mesures changent avant même qu'on ne voie quoi que ce soit au microscope, et elles permettent d'observer in vivo, sans rien détruire, la dynamique de l'eau dans les tissus. A la pointe à l'époque, elles ont été oubliées depuis...

es étapes de l'imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle cérébrale. [img]. Source :The Oxford Center for functional MRI of the brain, Nuffield Department of Clinical Neurosciences, University of Oxford, United Kingdom in Andreelli, F., & Mosbah, H. (2014)Dans les années 1970, la RMN bascule soudainement dans un tout autre monde : celui de l'imagerie médicale. En exploitant ces mêmes phénomènes de spin, la RMN devient IRM (Imagerie par Résonnance Nucléaire) probablement pour éviter le mot nucléaire qui fait peur), capable de distinguer des tissus mous que les rayons X ne "voient" guère. L'IRM s'impose alors comme un outil central du diagnostic : anomalies cardiaques, tumeurs, lésions des muscles ou des ligaments… La plupart d'entre nous ont déjà passé un moment dans le "tube" bruyant d'un de ces scanners.

Plus tard encore, une variante, l'IRM fonctionnelle (IRMf), permet de suivre les variations de débit sanguin dans le cerveau. C'est elle qui produit les fameuses images colorées du cerveau en action, au cœur des neurosciences contemporaines (Pour aller plus loin ; cf Smith (2012)
Et tout cela à partir d'une recherche fondamentale qui, à l'origine, n'avait aucune application en vue.

3. Des Cristaux liquides des racines de carotte aux écrans plats

Recherche fondamentale : observation curieuse du comportement anormal de cristaux de cholestérol chauffés, sans utilité envisagée.

Black and white photograph of Otto Lehmann standing at a bench using a microscope.Tout commence à Prague en 1888. En étudiant des extraits de carotte, le botaniste Friedrich Reinitzer observe un comportement impossible selon les catégories de l'époque : un cristal qui fond… mais qui garde sa couleur bien au-delà de son point de fusion. Intrigué, il contacte le physicien Otto Lehmann (ci-contre , Source< Marshall, (2025)., équipé d'un microscope chauffant. Ensemble, ils montrent qu'une fois "fondu", ce matériau garde une organisation ordonnée — comme un cristal — tout en devenant fluide, comme un liquide. Lehmann forge alors un concept nouveau : les cristaux liquides.

Problème : cette idée heurte de plein fouet les catégories solidement installées — solide, liquide, gaz — qui structuraient alors la physique et la chimie. Pendant des décennies, la communauté rejette ou minimise ces résultats, tant il est difficile d'admettre qu'un matériau puisse échapper aux cases existantes. Cette résistance est bien connue des enseignants : ils la rencontrent souvent : les modèles naifs des élèves résistent à l'enseignement - Piaget l'avait montré depuis longtemps : face à des données qui bousculent nos modèles explicatifs, on tente d'abord de les faire entrer dans ses anciens schèmes avant d'accepter de les transformer — ou d'en construire de nouveaux.

Il faudra attendre les années 1950 pour que le domaine renaisse, puis 1968 pour que les premiers écrans plats liés aux cristaux liquides voient le jour. Aujourd'hui, cette découverte alimente non seulement téléviseurs et smartphones, mais aussi microscopes, capteurs, matériaux intelligents, robots ou systèmes anti-contrefaçon. Une révolution née d'un cristal qui refusait obstinément d'entrer dans les cases.
Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Reinitzer (1888) ici  Lehmann, Otto, (1889).

4. Des séquences répétées chez des archées salines au système CRISPR/Cas9

La décPortrait of Francisco Mojica viewed through a shelf in a laboratory filled with flasks and bottles.ouverte de CRISPR n'est pas l'œuvre d'un seul génie, mais le résultat d'un enchaînement d'observations fondamentales et appliquées. À la fin des années 1980, Francisco Mojica (ci- contre , Source< Marshall, (2025). ici< étudie des micro-organismes, Haloferax mediterranei R-4, une archée des marais salants d'Alicante et repère dans leur génome de curieuses séquences répétées <(Mojica & Rodriguez‐Valera, 2016) ici. Pendant plusieurs années, différentes hypothèses sont testées puis réfutées lors des vérifications expérimentales. Le déclic vient lorsqu'on remarque que ces séquences contiennent des fragments d'ADN de virus : les bactéries semblent conserver la trace de leurs agresseurs. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineMojica & Rodriguez-Valera,(2016).
Plus tard, au Danemark, une équipe de Danisco étudie comment protéger les bactéries du yaourt contre les phages. En 2007, en séquençant des souches devenues résistantes, ils observent que de nouveaux fragments d'ADN ont été insérés précisément dans ces régions répétées. Leur article  démontre que ces séquences constituent un véritable système immunitaire adaptatif. L'appliqué venait ainsi étayer — et relancer — le fondamental.Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Barrangou, & al. (2007)
On voit ici que la science n'avance pas en ligne droite ni par un seul esprit inspiré : des données perturbent les modèles existants ; on tente d'abord de les plier aux anciens cadres ; mais les faits résistent, et l'on finit par reconstruire un nouveau modèle explicatif. Les chercheurs ne procèdent pas autrement que les élèves lorsqu'ils apprennent.

Autoradiograph of an unpublished Sanger sequencing gel, dated August 21, 1992, where regularly spaced repeats were discovered in Haloferax mediterranei. Repeats are marked with side bars.Sequences of regularly spaced repeat regions. DNA stretches containing four regularly spaced repeats (highlighted in yellow) are shown as representative examples of the sequences originally reported in Haloferax mediterranei (A) [4], Escherichia coli (B) [5], and Mycobacterium bovis (C) [6]. Inner inverted repeats are underlined.JTS Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage à offrir aux élèves des données authentiques plutôt que leur faire apprendre des conclusions, les aider à interpréter des données réelles :  Mojica & Rodriguez‐Valera (2016) dans leur review présentent des données précieuses : un gels de séquencage (ici) et des séquences  (ici) qui permettront aux élèves de constater que les séquences CRISPR sont bien Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats des courtes séquences palindromiques répétées et groupées. 

Sur la base de ce cadre conceptuel, Doudna et Charpentier montrent qu'on peut "reprogrammer" cette machinerie pour couper n'importe quel ADN : CRISPR/Cas9 devient un outil d'édition génomique d'une précision inédite.
Cela a ouvert un immense champ de nouvelles possibilités pour la recherche fondamentale et permis les premières thérapies soignant des maladies génétiques comme la drépanocytose, certains déficits immunitaires ou des troubles métaboliques graves. Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont reçu le prix Nobel de chimie en 2020 pour avoir mis au point cette méthode d'édition du génome.


5. D'un peptide de lézard venimeux à un médicaments contre le diabète et l'obésité

Le GLP-1 est une hormone intestinale humaine. Dans les années 1980, Svetlana Mojsov montre qu'elle stimule la sécrétion d'insuline. Daniel Drucker et d'autres poursuivent ces travaux et découvrent en 1996 qu'elle réduit aussi la prise alimentaire. Le mécanisme est prometteur, mais inutilisable tel quel : le GLP-1 est dégradé en quelques minutes dans l'organisme. Les chercheurs se tournent alors vers son récepteur : peut-on l'activer avec une molécule plus stable ?

Close up of a black and orange lizard standing on a rock with its forked tongue sticking out.C'est là qu'intervient l'importance inattendue d'un reptile : le monstre de Gila (ci-contre Credit: Getty Source  Marshall, (2025)
). En 1992, une équipe identifie dans son venin un peptide, l'exendine-4, très proche du GLP-1. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : Eng, & al.(1992) ici

Drucker teste alors s'il peut activer le récepteur du GLP-1 (c'est à dire agir comme agoniste) tout en étant plus résistant à la dégradation. C'est le cas : il conduira ensuite l'essai clinique de phase III du premier médicament issu de cette approche, l'exénatide, efficace contre le diabète de type 2 et induisant aussi une perte de poids.

Les traitements modernes du diabète et de l'obésité, comme Ozempic, reposent sur un ensemble de recherches fondamentales et appliquées. Parmi elles, l'étude du venin du monstre de Gila — une curiosité qui n'aurait sans doute pas été jugée cruciale — a fourni une pièce essentielle pour comprendre comment agir durablement sur la voie du GLP-1. (Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineReardon (2024) 

6. Des Petunias décolorés à l'interférence par ARN

petuniasIci aussi tout part d'une recherche fondamentale qui ne semblait mener nulle part. En 1990, Richard Jorgensen tente simplement de rendre des pétunias violets encore plus intenses en ajoutant une seconde copie du gène du pigment. Résultat inattendu : les fleurs deviennent… irrégulièrement blanches. Ci-contre des recherches sur les pétunias ont contribué à comprendre le mécanisme de l'ARN interférant  Source Wikipedia [img]  Une anomalie sans explication "The mechanism responsible is unclear" , mais suffisamment intrigante pour lancer une série d'études. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine[…] JNapoli, & Jorgensen, R. (1990 )

En examinant ce phénomène paradoxal, plusieurs équipes montrent qu'il peut être reproduit en introduisant de petits fragments d'ARN dans les cellules. Puis, en 1998, Andrew Fire et Craig Mello élucident enfin le mécanisme : de courts ARN double-brins déclenchent la dégradation de l'ARN messager correspondant. Sans ARN messager, la cellule ne peut plus produire la protéine visée. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Fire, […] & Mello (1998) ici Fire et Mello recevront le prix Nobel de physiologie ou médecine en 2006
Ce processus, baptisé interférence par ARN (RNAi), devient rapidement un outil essentiel pour comprendre l'expression des gènes.
Il complète le trop classique schéma ADN-> ARN-> protéine qui occupe encore une place centrale dans no cours. Faut-il compléter - pour dépasser ce modèle trop rigide et déterministe, ou au contraire s'abstenir pour éviter  que ce soit "trop compliqué pour les élèves. Probablement plutôt prévoir une prgression.  Chevallard (1991) prédirait qu'il restera longtemps dans les savoirs en classe : il sera présenté comme définitif, il est facilement traduit en exercices et aisé à évaluer. Cf. la transposition didactique en génétique ici

cf. le RNAi , le "dogme" et l'éducation dans JTS  cf ici

Sur le plan médical ouvre la voie à une nouvelle classe de traitements capables "d'éteindre" sélectivement un gène. Exemple : Fitusiran contre l'hémophilie (Pasi, et al., 2017) ici).

cf aussi JTS Le cheminement d'une découverte... le flair et le hasard ?

7. De la datation des météorites à la lutte contre le plomb dans les carburants

Black and white photograph of Clair Patterson using distillation equipment in a lab.Dans les années 1950, le géochimiste Clair Patterson cherche à dater les roches en utilisant les isotopes du plomb issus de la désintégration de l'uranium et du thorium. Son objectif est strictement fondamental : déterminer l'âge de la Terre. Mais il se heurte immédiatement à un obstacle méthodologique majeur : toutes ses mesures sont contaminées par du plomb présent partout dans l'environnement. Pour contourner ce problème, il construit l'un des tout premiers "laboratoires propres", entièrement filtré.

Grâce à cette rigueur expérimentale, Patterson parvient à mesurer avec précision l'âge du météorite Canyon Diablo — 4,55 milliards d'années — ce qui fixe par extension l'âge de la Terre. Une énigme fondamentale est résolue. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine : ici
Mais cette même démarche l'amène à une autre question : d'où vient tout ce plomb qui fausse les analyses ? Avec le géochimiste Mitsunobu Tatsumoto, il montre en 1963 que la pollution au plomb a atteint les régions les plus isolées des océans, et qu'elle est récente à l'échelle historique. Les données pointent toutes vers la même source : l'essence au plomb. Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origineici

Malgré l'opposition farouche de l'industrie, leurs résultats finiront par s'imposer et contribueront aux interdictions progressives de l'essence au plomb. On estime aujourd'hui que ces mesures ont évité plus d'un million de décès et des coûts sociétaux colossaux.
C'est un exemple particulièrement clair d'une recherche visant à résoudre un problème fondamental — dater la Terre — débouche, par nécessité méthodologique, sur l'identification d'une pollution mondiale et sur l'une des plus grandes mesures de santé publique du XXᵉ siècle.

Références

  • Barrangou, R., Fremaux, C., Deveau, H., Richards, M., Boyaval, P., Moineau, S., Romero, D. A., & Horvath, P. (2007). CRISPR Provides Acquired Resistance Against Viruses in Prokaryotes. Science, 315(5819), 1709‑1712. https:// doi.org/10.1126/science.1138140
  • Castree, N. (2019). An alternative to civil disobedience for concerned scientists. Nature Ecology & Evolution, 3(11), 1499‑1499. https:// doi.org/10.1038/s41559-019-1023-
  • Chevallard, Y. (1991). La transposition didactique. Du savoir savant au savoir enseigné (2e éd. revue et augmentée, 1985 lre). La Pensée sauvage.
  • Degli Agosti, Robert; LENK, Rudolf; Greppin, Hubert. Examen d'une plantule par la R.M.N. In: Saussurea, 1989, vol. 20, p. 89–95. ici
  • Eng, J., Kleinman, W. A., Singh, L., Singh, G., & Raufman, J. P. (1992). Isolation and characterization of exendin-4, an exendin-3 analogue, from Heloderma suspectum venom. Further evidence for an exendin receptor on dispersed acini from guinea pig pancreas. Journal of Biological Chemistry, 267(11), 7402‑7405. https:// doi.org/10.1016/S0021-9258(18)42531-8
  • Fire, A., Xu, S., Montgomery, M. K., Kostas, S. A., Driver, S. E., & Mello, C. C. (1998). Potent and specific genetic interference by double-stranded RNA in Caenorhabditis elegans. Nature, 391(6669), 806‑811. https:// doi.org/10.1038/35888
  • Freeze, H., & Brock, T. D. (1970). Thermostable Aldolase from Thermus aquaticus. Journal of Bacteriology, 101(2), 541‑550. https:// doi.org/10.1128/jb.101.2.541-550.1970
  • Gardner, C. J., Thierry, A., Rowlandson, W., & Steinberger, J. K. (2021). From Publications to Public Actions : The Role of Universities in Facilitating Academic Advocacy and Activism in the Climate and Ecological Emergency. Frontiers in Sustainability, 2, 679019. https:// doi.org/10.3389/frsus.2021.679019
  • Lehmann, Otto, Über fliessende Krystalle, Zeitschrift für Physikalische Chemie 4: 462–472 (1889) https:// doi.org/10.1515/zpch-1889-0434
  • Lombard, F., & Weiss, L. (2018). Can Didactic Transposition and Popularization Explain Transformations of Genetic Knowledge from Research to Classroom? Science & Education. https://doi.org/10.1007/s11191-018-9977-8
  • Marshall, M. (2025). 7 basic science discoveries that changed the world. Nature, 646(8087), 1040‑1043. https:// doi.org/10.1038/d41586-025-03474-x
  • Mojica, F. J. M., & Rodriguez‐Valera, F. (2016). The discovery of CRISPR in archaea and bacteria. The FEBS Journal, 283(17), 3162‑3169. https:// doi.org/10.1111/febs.13766
  • Napoli, C., Lemieux, C., & Jorgensen, R. (1990). Introduction of a chimeric chalcone synthase gene into petunia results in reversible co-suppression of homologous genes in trans. The plant cell, 2(4), 279‑289. https:// www.jstor.org/stable/3869076 pdf ici
  • Pasi, K. J., Rangarajan, S., Georgiev, P., Mant, T., Creagh, M. D., Lissitchkov, T., Bevan, D., Austin, S., Hay, C. R., Hegemann, I., Kazmi, R., Chowdary, P., Gercheva-Kyuchukova, L., Mamonov, V., Timofeeva, M., Soh, C.-H., Garg, P., Vaishnaw, A., Akinc, A., … Ragni, M. V. (2017). Targeting of Antithrombin in Hemophilia A or B with RNAi Therapy. New England Journal of Medicine, 377(9), 819‑828. https:// doi.org/10.1056/NEJMoa1616569
  • Reardon, S. (2024). How 'miracle' weight-loss drugs will change the world. Nature, 635(8037), 22‑24. https:// doi.org/10.1038/d41586-024-03589-7
  • Reinitzer,Beiträge zur Kenntniss des Cholesterins, >Monatshefte für Chemie 9: 421–441 (1888). ici
  • Smith, K. (2012). Brain imaging : fMRI 2.0. Nature, 484(7392), 24‑26. https:// doi.org/10.1038/484024a
  • Tatsumoto, M., & Patterson, C. C. (1963). Concentrations of Common Lead in Some Atlantic and Mediterranean Waters and in Snow. Nature, 199(4891), 350‑352. https:// doi.org/10.1038/199350a0
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vendredi 31 octobre 2025

"Coévolution génitale chez les vertébrés et la femelle négligée" : La complexité des voies génitales femelles de certaines espèces et le contrôle de la fécondation


Vous avez sans doute entendu parler de l'extraordinaire pénis du Colvert...  La Pr Brennan pose alors la question : « Mais pourquoi personne n'a étudié le vagin ? »

Le 25 septembre dernier, le Bioscope, le programme SSI de l'UniGE et la Fondation Convergences ont accueilli la Professeure Patricia Brennan (Mount Holyoke College, USA) pour une conférence intitulée « Vertebrate genital co-evolution and the overlooked female » (Coévolution génitale chez les vertébrés et la femelle négligée).

L'étude de l'évolution sexuelle remonte à Darwin, et la vulgarisation l'a souvent présentée sous l'angle d'une « guerre des sexes » Voir par . ex.  Futura-sciences.. Beaucoup ont déjà entendu parler de la surprenante longueur du pénis du canard colvert, parfois supérieure à 15 cm. Mais, comme le souligne avec humour la Dre Brennan :

https://www.pattybrennan.com/
Fig 1 : Illustrations Catherine Delphia Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans la vidéo d'origine :  ici

Pour les curieux et les curieuses qui n'auraient pas le temps de regarder la conférence, P. Brennan y montre que les voies génitales femelles du colvert sont spiralées en sens inverse du pénis, formant parfois de véritables impasses anatomiques dans lesquelles la femelle peut aiguiller le pénis. Ce mécanisme expliquerait pourquoi 30 à 40 % des copulations forcées ne conduisent qu'à 3 à 4 % des naissances

Mais, comme le souligne avec humour la Pr Brennan :

« Pourquoi ne s'est-on jamais demandé à quoi ressemble le vagin du colvert ? »
C'est autour de cette question que ses recherches se développent. Féministe et biologiste évolutionniste, Patricia Brennan étudie la coévolution des organes génitaux mâles et femelles chez les vertébrés. Elle met en évidence un déséquilibre frappant : l'anatomie et la fonction des organes mâles ont été abondamment décrites (voir par exemple : Eberhard, 1985), tandis que celles des femelles - et leur complexité complémentaire pourtant indissociables - sont longtemps restées ignorées. Ainsi, la robustesse du cloaque ou du vagin des espèces illustrées en fig. 2 n'avait jamais été étudiée.. 

Fig 2 Exemple de figure tirée de Eberhard, W. G., 1985, présentée par P. Brennan comme illustration d'une recherche où la femelle est passée sous silence.

Ses travaux révèlent une diversité morphologique insoupçonnée : chez les oiseaux, les chauves-souris, les dauphins, les requins, les raies ou encore les serpents, les organes génitaux présentent une grande variété d'adaptations. Pre. Brennan et son équipe explorent ainsi les mécanismes de compatibilité et de résistance entre sexes, témoignant d'une véritable coévolution fonctionnelle.

Chez les dauphins (Orbach, et al., 2017), le pénis est bloqué dans un repli du vagin et la femelle peut en se tournant un peu  de coté orienter la "pointe chercheuse" du pénis  vers le petit orifice par où la fécondation devient possible. À la question : « Pourquoi continue-t-elle à se laisser faire ? », la Pr Brennan répond : les femelles qui ne se sont pas reproduites n'ont pas transmis leurs gènes ; et l'activation des centres de la récompense suggère que le plaisir peut, de façon complexe, accompagner cette réponse physiologique.

Au-delà de la curiosité anatomique, ces recherches posent des questions fondamentales sur la diversité du vivant, sur les pressions sélectives propres aux interactions sexuelles et sur les biais historiques de la recherche biologique. Elles rappellent aussi à quel point notre regard scientifique reste façonné par ce que nos sociétés choisissent de rendre visible… ou de laisser dans l'ombre.



Co-évolution génitale chez les vertébrés et la femelle négligée
Conférence enregistrée à la Maison de l'enfance et de l'adolescence qui héberge le Bioscope

UNIGE : Sciences, sexe et identité  Un programme scientifique et pédagogique pour la promotion de la santé sexuelle et de l'égalité de genre

Références:

  • Brennan, P. L. R., Clark, C. J., & Prum, R. O. (2009). Explosive eversion and functional morphology of the duck penis supports sexual conflict in waterfowl genitalia. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, 277(1686), 1309–1314. https://doi.org/10.1098/rspb.2009.2139
  • Brennan, P. L. R., & Prum, R. O. (2015). Mechanisms and Evidence of Genital Coevolution: The Roles of Natural Selection, Mate Choice, and Sexual Conflict. Cold Spring Harbor Perspectives in Biology, 7(7), a017749. https://doi.org/10.1101/cshperspect.a017749
  • Eberhard, W. G. (1985). Sexual selection and animal genitalia. Harvard University Press.
  • Orbach, D. N., Marshall, C. D., Mesnick, S. L., & Würsig, B. (2017). Patterns of cetacean vaginal folds yield insights into functionality. PLOS ONE, 12(3), e0175037. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0175037

mercredi 29 octobre 2025

Adieu, Omicron, bonjour "Frankenstein" // "Philomène et la phylogénétique",// CERN Offres éducatives // Lemanscope //

Alors que la tempête déferle sur nos régions, vous êtes nombreux à préparer la rentée lundi…

JTS vous propose quelques ressources pour votre curiosité, pour répondre aux questions des élèves, pour documenter vos cours.
Le dernier variant du Covid surnommé "Frankenstein" parce qu'il intègre des fragments de deux anciens variants; Un dessin animé pour aider à enseigner la classification- sujet souvent difficile à comprendre et pourtant dans les programmes des plus jeunes "Philomène et la phylogénétique"; Les offres du CERN pour vos élèves - qui n'oublie pas les filles, sur les thèmes autrefois perçus comme "plutôt pour les garçons" robotique, de l'électronique et de la réalité augmentée, ainsi que Femmes et filles de science et technologie et bien plus; Les résultat du projet  Lemanscope, où chacun a pu mesurer la transparence et la couleur du Léman pour comprendre les variations saisonnières de la qualité de l'eau sur l'ensemble du lac, dans le cadre d'un projet de science participative:

  • Adieu, Omicron, bonjour "Frankenstein": un nouveau variant du Covid
  • "Philomène et la phylogénétique", un dessin animé pour enseigner la classification du vivant
  • Offres éducatives du CERN à destination des enseignant·e·s et des élèves
  • Le projet Lemanscope : premiers résultats d'un succès !

Et bonne rentrée !


Un variant du covid, la momification, le yoga du visage et décoder le langage animal

Adieu, Omicron, bonjour "Frankenstein": un nouveau variant du Covid

Le point sur le nouveau variant du COVID

Le variant XFG du Covid, surnommé Frankenstein, se propage plus qu'Omicron mais n'est pas plus dangereux. Les vaccins actuels restent efficaces. La vaccination est recommandée pour les plus de 65 ans et les personnes vulnérables. Le Covid pourrait devenir une maladie respiratoire saisonnière, comme la grippe.

Stéphane Délétroz reçoit Alessandro Diana, infectiologue et expert pour la plateforme Infovac. CQFD du 1 octobre à la RTS

Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Références


"Philomène et la phylogénétique", un dessin animé pour enseigner la classification du vivant


Comment expliquer aux enfants que le crocodile est plus proche de la poule que du lézard? La RTS propose un nouveau dessin animé éducatif, "Philomène et la phylogénétique", pour aborder la classification scientifique moderne, en collaboration avec les enseignantes et enseignants.

La RTS enrichit son offre éducative avec le lancement de "Philomène et la phylogénétique", deuxième épisode d'une série de dessins animés conçue spécifiquement pour l'école primaire.

Ce nouveau format, disponible sur RTS Education et Play RTS, s'attaque à l'un des défis pédagogiques les plus délicats: enseigner la classification moderne du vivant.
Un défi pédagogique moderne

"La classification phylogénétique du vivant est un sujet toujours assez délicat à aborder dans les classes", explique l'équipe de production. "La science évolue et ce que les enfants apprennent n'est plus forcément ce que les parents ont appris... ni même les enseignants."

Cette évolution scientifique crée un décalage générationnel dans la compréhension du monde vivant. Là où les anciens manuels parlaient de "reptiles" ou d'animaux "à sang froid", la phylogénétique moderne révèle les véritables liens de parenté entre espèces, parfois contre-intuitifs.
Une approche ludique et rigoureuse

L'épisode met en scène Philomène, étudiante en biologie "fofolle et agitée", qui aide deux enfants, Gaspard et Louise, à ranger leurs jouets selon les principes de la classification scientifique moderne. Au fil de l'histoire, les personnages découvrent pourquoi classer les animaux selon qu'ils "se mangent ou ne se mangent pas" est arbitraire, et comment la science permet un classement objectif.

Le scénario, signé Christine Wirz, transforme une leçon complexe en aventure domestique. Les enfants apprennent ainsi que tous les animaux partagent des "attributs communs" - des yeux et une bouche - et découvrent les différences entre squelettes internes et externes, poils de mammifères et "faux poils" d'insectes.
Une collaboration école-médias renforcée

Ce projet s'inscrit dans une démarche collaborative entre la RTS et le Département de l'instruction publique (DIP) de Genève. Sandrine Schütt Biolluz, coordinatrice de discipline sciences et nature à l'école primaire genevoise, a supervisé scientifiquement le projet.

"Avec ce dessin animé, c'est une vraie aide qui est proposée aux enseignants et aux enfants pour mieux aborder cette question", souligne l'équipe de production dirigée par Tania Chytil.

"Philomène et la phylogénétique" fait suite à "L'histoire de l'électricité", premier épisode de cette série éducative. Ce dernier, écrit par Christine Pompéi sous la supervision de Sandrine Schütt Biolluz et Christian Collongo (DIP), a ouvert la voie à cette nouvelle approche pédagogique.

La série témoigne de la volonté de la RTS de "collaborer avec le milieu de l'éducation et de répondre au mieux à leurs besoins", que ce soit pour les sciences, l'éducation aux médias ou la citoyenneté.

Tania Chytil  sur la Rts.ch


Offres éducatives à destination des enseignant·e·s et des élèves


Automne 2025 | 17.10.2025  Retrouvez toutes les offres sur https://voisins.cern/fr/schools

Inscrivez votre classe 
Codez la science - Ateliers scolaires

Vendredi 14 novembre 2025 /09:00 - 10:30 / 10:30 - 12:00 / 13:30 - 15:00 / 15:00 - 16:30 Au Portail de la science du CERN  en Français À partir de 8 ans 

Inscriptions : indico.cern.ch/e/codez-la-science


Êtes-vous enseignant.e en sciences et technologies ? Inscrivez votre classe pour un atelier de 1h30 au Portail de la science du CERN.
Petit.e.s et grand.e.s sont invité.e.s à découvrir le monde fascinant de la robotique, de l'électronique et de la réalité augmentée ! Encadrés par des passionné.e.s, ces ateliers ludiques et interactifs vous permettront de créer, expérimenter et apprendre en vous amusant.
Le CERN Micro Club et l'association Informasciences organisent des ateliers d'initiation à la programmation pour les jeunes. Cette année le thème est l'intelligence synthétique.
A vos agendas 

Femmes et filles de science et technologie

Semaine du 2 au 6 février 2026 Dans vos classes /  Français ou anglais À partir de 7 ans 

Inscriptions dès le 10 novembre, plus d'information sur cern.ch/femmesdescience


Le 11 février est la Journée internationale des femmes et des filles de science. À cette occasion, pendant une semaine, la Faculté des sciences de l'UNIGE, l'EPFL, le LAPP, le LAPTh et le CERN proposent aux établissements scolaires la venue de femmes scientifiques ou ingénieures pour parler de leurs métiers aux élèves (en classes mixtes).
Elles sont invitées à raconter leur parcours, dévoiler quelques mystères de la science et à mener quelques petites expériences si elles le souhaitent. L'idée est de faire évoluer la perception des classes envers les métiers scientifiques et d'ingénierie, en présentant des modèles féminins. Et qui sait, peut-être de susciter des envies de carrière, en particulier chez les filles. 

Les activités qui pourraient intéresser vos élèves 

Futur en tous genres 

Jeudi 13 novembre 2025 / 09:00 - 12:15 /  14:00 - 17:15 Au campus du Portail de la science du CERN  en Français
Enfants scolarisés dans :

  • Le canton de Genève en 9e, ou
  • Le canton de Vaud de 7H à 9H, ou
  • Le canton du Valais en 8H.

Inscriptions : indico.cern.ch/e/futur-en-tous-genres

Le temps d'une demi-journée, les enfants sont invités à découvrir le CERN et les différents domaines professionnels qu'on y trouve, afin de réfléchir à leurs choix de carrière et à leurs perspectives de vie sans a priori ou idée préconçue.

Au programme : Un atelier dans un labo du Portail de la science, une visite guidée du 1er accélérateur de particules du CERN et de la salle de contrôle du détecteur de particule ATLAS ! Plusieurs personnes présenteront leur métier au CERN et pourront répondre aux questions des élèves. Retrouvez le programme complet ici.
Autres activités disponibles

Invitez un chercheur ou une chercheuse du CERN à donner une conférence sur son métier directement dans votre classe !

Le CERN offre aux enseignant·e·s et à leurs élèves la possibilité de participer à des ateliers de labo, assister à des spectacles scientifiques, visiter des expositions interactives, voir des films et faire des visites guidées.

Retrouvez également les conditions de participation, les procédures d'inscription et toutes les informations pratiques de nos autres activités pour les scolaires sur https://voisins.cern/fr/offers.

Événements publics

Les informations sur les événements à venir seront disponibles sur https://visit.cern/fr/events au fur et à mesure de l'ouverture des inscriptions.

Vous recevez ce courriel car vous avez demandé à être ajouté à la liste de diffusion des offres éducatives à destination des écoles locales du CERN.



Le projet Lemanscope : premiers résultats d'un succès !

Aidez-nous à mesurer la transparence et la couleur du Léman pour comprendre les variations saisonnières de la qualité de l'eau sur l'ensemble du lac, dans le cadre d'un projet de science participative de l'EPFL en collaboration avec l'Association pour la Sauvegarde du Léman (ASL), l'UNIL et l'EAWAG.

Nous avons réuni déjà plus de 500 bénévoles ayant accès à une embarcation sur le Léman pour effectuer des mesures de mai 2024 à octobre 2025, à travers l'utilisation d'un disque de Secchi ou l'application EyeOnWater – couleur.

Chaque mesure compte et contribuera à collecter les données nécessaires pour permettre aux scientifiques de mieux comprendre le complexe écosystème du Léman. Il n'y a donc pas de contraintes sur le nombre, le lieu ou la fréquence de mesures. Que vous soyez sur le Léman à titre professionnel ou de loisirs, votre contribution est significative.

En participant à cette étude, vous jouerez un rôle essentiel dans l'évaluation de la santé du Léman et permettrez aux scientifiques d'identifier d'éventuels problèmes et d'orienter les actions de préservation.

Grâce aux participants à ce projet , plus de 3'400 mesures ont été saisies dans l'application Eye on Water depuis le début du projet. Elles ont notamment permis de mettre en évidence la difficulté du satellite à estimer précisément la transparence lorsque celle-ci dépasse 10 mètres.
Avec l'arrivée de l'automne, le Léman se rafraîchit et le plancton se fait plus rare ce qui engendre une augmentation de la transparence de l'eau, il est donc très intéressant d'aller sur l'eau pour faire des mesures. L'étude Lémanscope prendra en compte les données saisies jusqu'au 31 octobre. Toutefois, nous vous invitons à continuer à prendre des mesures durant l'hiver, où la transparence peut dépasser les 15 mètres. Ces données permettront d'assurer un suivi sur le long terme.
D'ici là, vous pouvez vous inscrire (https://asleman.org/webinaires/) à la prochaine visio-conférence :
  • le lundi 15 décembre de 19h à 20h. Plastiques dans le Léman, overdose ? avec Alexis Pochelon, responsable de projet à l'association pour la sauvegarde du Léman.

 Alexis Pochelon Responsable de projet +41 22 736 86 20  www.lemanscope.org Rue des Cordiers 2, CH-1207 Genève


mercredi 1 octobre 2025

Voir une personne malade, même virtuellement, mobilise déjà cellules et molécules de notre système immunitaire.


Une autre ligne de défense contre les pathogènes : une réaction neuro-immune,
à la fois comportementale et cellulaire s'active dès qu'une limite entre soi et autrui malade est franchie.

Qui n'a pas pu se retenir de se gratter après avoir vu une personne qui semblait couvert de puces ?
Qui s'est senti malade d'avoir vu une personne qui tousse, se mouche, 
Alors que certains voient le corps et l'esprit comme des entités distinctes (on parle de dualisme) - et qualifient certaines maladies de "seulement psychologiques" et opposé aux effets physiologiques exemple
D'autres
(monistes) voient l'esprit comme l'effet des fonctionnements de l'organisme, notamment du cerveau.
Cette recherche montre bien que le fonctinnement effectif de l'organisme dépasse la frontière entre l'esprit qui voit virtuellement une personne malade et le corps ( les cellules et molécules du système immunitaire).

Ce peut-être une intéressante entrée en matière pour le système nerveux ou immunitaire.
JTS propose aussi des pistes pour approfondir avec des élèves intéressés ou pour des TM cf. tout en bas.

JTS vous propose le communiqué de presse de l'UNIGE, une analyse de l'abstract et une figure de la publicationJump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser pour donner envie d'approfondir dans l'article d'origine :  Trabanelli, …& Serino, 2025)ici
Puis l'interview d'une chercheuse de l'étude dans CQFD, puis les "bulles"  dans les interactions sociales de E.T. Hall qui semblent correspondre à la PPS, et plus bas des pistes pour aller plus loin en classe

Des scientifiques du CHUV et de l'UNIGE démontrent qu'il est possible d'activer le système immunitaire par le biais de la réalité virtuelle.

La simple exposition à un avatar malade dans un environnement de réalité virtuelle suffit à déclencher une réponse immunitaire mesurable chez l'humain. C'est ce que démontre une équipe multidisciplinaire de recherche du CHUV et de l'Université de Genève (UNIGE). Ces résultats, publiés dans Nature Neuroscience, ouvrent des pistes prometteuses pour mieux comprendre l'influence du cerveau sur la défense immunitaire, offrant de nouvelles perspectives pour la recherche sur les effets placebo, les troubles psychosomatiques ou encore la modulation de la réponse immunitaire.
La simple perception visuelle d'un avatar malade sur un écran suffit à déclencher une réponse immunitaire mesurable chez l'humain. © CHUV
Confronté sur un écran à une menace d'infection purement virtuelle, le cerveau de l'individu sain déclenche une réponse immunitaire similaire à celle d'une personne réellement infectée.
La recherche montre que la simple exposition à un avatar malade dans un environnement de réalité virtuelle suffit à déclencher une réponse immunitaire mesurable chez l'humain.

Cette recherche, menée par la Dre Sara Trabanelli (UNIGE) et le Dr Michel Akselrod (CHUV-UNIL), a été publiée dans Nature Neuroscience. Elle révèle un dialogue jusqu'ici inconnu entre cerveau et système immunitaire: une réponse défensive initiée non pas par un pathogène réel, mais par la seule anticipation cérébrale d'une menace infectieuse.

Une nouvelle voie de communication cerveau-immunité

Ainsi, il est possible de stimuler le cerveau de manière virtuelle pour qu'il envoie des signaux au système immunitaire et lui demande de se mobiliser pour se défendre face à un agent pathogène.
Différentes expériences ont été menées par le CHUV et l'UNIGE sur environ 250 participant-e-s. Ces dernier-e-s ont été confronté-e-s en réalité virtuelle à des avatars humains, dont certains présentaient des signes visuels d'infection, d'autres avaient un visage neutre ou effrayé. Durant 15 minutes, le sujet a observé sur un écran un visage d'une personne qui s'approche et présente les signes d'une infection classique comme la varicelle, par exemple. Sa réaction a été monitoré par plusieurs biais dont l'électroencéphalogramme, l'IRM et l'analyse sanguine. Résultat: l'approche d'un avatar infecté dans la réalité virtuelle suffit à activer des régions cérébrales liées à la détection de menace et à la régulation de l'immunité. Plus étonnant encore: des marqueurs immunitaires typiques d'une réponse à une infection réelle étaient bel et bien présents dans le sang des participant-e-s.

Le cerveau anticipe le danger infectieux

Pour comparer cette réponse à celle d'une véritable activation immunitaire, un autre groupe de participant-e-s a reçu un vaccin. Les réponses immunitaires observées dans les deux cas — exposition virtuelle ou vaccination — ont montré des similitudes étonnantes. Il ressort par exemple, en comparant un sujet vacciné contre la grippe et un sujet exposé à la réalité virtuelle, que plusieurs biomarqueurs de la réponse immunitaire mesurables dans le sang sont comparables dans l'infection réelle et virtuelle.
Cette étude révèle donc une capacité du cerveau à anticiper un danger infectieux et à engager l'organisme dans une réponse défensive, avant même qu'un agent pathogène réel n'intervienne. Elle ouvre la voie à une compréhension renouvelée des interactions entre le système nerveux central et le système immunitaire.

Pistes thérapeutiques prometteuses

Ces découvertes ouvrent des pistes prometteuses pour mieux comprendre l'influence du cerveau sur la défense immunitaire, offrant de nouvelles perspectives pour la recherche sur les effets placebo, les troubles psychosomatiques ou encore la modulation de la réponse immunitaire. À terme, la réalité virtuelle pourrait même devenir un outil thérapeutique pour renforcer ou inhiber certaines réponses immunitaires, soutenir l'efficacité des vaccins ou aider à désensibiliser les personnes allergiques
Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  Trabanelli, …& Serino, 2025)ici

Abstract

Once contact with a pathogen has occurred, it might be too late for the immune system to react. Here, we asked whether anticipatory neural responses might sense potential infections and signal to the immune system, priming it for a response. We show that potential contact with approaching infectious avatars, entering the peripersonal space in virtual reality, are anticipated by multisensory–motor areas and activate the salience network, as measured with psychophysics, electroencephalography and functional magnetic resonance imaging. This proactive neural anticipation instigates changes in both the frequency and activation of innate lymphoid cells, mirroring responses seen in actual infections. Alterations in connectivity patterns between infection-sensing brain regions and the hypothalamus, along with modulation of neural mediators, connect these effects to the hypothalamic–pituitary–adrenal axis. Neural network modeling recapitulates this neuro–immune cross-talk. These findings suggest an integrated neuro–immune reaction in humans toward infection threats, not solely following physical contact but already after breaching the functional boundary of body–environment interaction represented by the peripersonal space.

L'abstract décortiqué et traduit

La rationale : en quelques mots pourquoi il est important de faire cette recherche
Quand le contact avec un agent pathogène est établi, il est parfois trop tard pour que le système immunitaire réagisse efficacement.

La question qu'ils examinent
Les chercheurs ont donc étudié si le cerveau pouvait anticiper une menace d'infection et préparer l'organisme à se défendre.

Les méthodes utilisées pour y répondre
En utilisant la réalité virtuelle, ils ont examiné - par des mesures, électroencéphalographiques et d'IRM fonctionnelle - si l'approche d'« avatars infectieux » dans l'espace proche du corps (espace péripersonnel) active des zones cérébrales impliquées dans l'attention et l'alerte (le salience network).

Les résultats en résumé
Cette activation entraîne des changements mesurables dans les cellules immunitaires, comparables à ceux observés lors d'infections réelles. L'analyse des mesures indique aussi une communication directe entre ces régions cérébrales et l'hypothalamus, via l'axe hypothalamus hypophyse surrénales, qui module la réponse immunitaire.

L'interprétation et les implications
Ces résultats suggèrent l'existence d'une réaction intégrée neuro–immune chez l'humain face aux menaces infectieuses, déclenchée non pas uniquement après le contact physique, mais dès la transgression de la frontière fonctionnelle entre le corps et l'environnement représentée par l'espace péripersonnel. 

En clair, le cerveau ne réagit pas seulement après une infection, mais peut enclencher une réponse immunitaire dès la perception d'une menace potentielle dans l'espace environnant du corps

Pathogens represent special forms of threats that must be detected and avoided. Through evolution, social species developed a series of behavioral responses, such as social distancing, aimed at preventing contacts and thus infections that have been termed the 'behavioral immune system'. In primates, a mechanism that might be functional to predict contact with potential harm has been described within a network of fronto–parietal neurons, which integrate tactile stimuli on the body with external sensory information close to the body, that is, the peripersonal space (PPS) system

Les réponses comportementales et physiologiques aux pathogènes sont-elles vraiment distinctes ?

Selon les auteurs (traduite et original ci-contre)
Les agents pathogènes représentent des menaces particulières qu'il faut détecter et éviter. Au cours de l'évolution, les espèces sociales ont développé toute une série de réponses comportementales — comme la mise à distance sociale — pour limiter les contacts et réduire ainsi le risque d'infection. Ce dispositif est parfois appelé le « système immunitaire comportemental ».

Chez les primates, un mécanisme permettant d'anticiper un contact potentiellement nocif a été identifié dans un réseau de neurones fronto–pariétaux. Ce système intègre les stimulations tactiles perçues sur le corps avec les informations sensorielles venant de l'environnement immédiat, autrement dit dans l'espace péripersonnel (PPS). Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Comment étaient crées ces avatars "infectieux" et pourquoi des avatars ?

"Pour étudier les réactions face à une menace d'infection, les chercheurs ont créé des avatars virtuels présentant des signes visibles de maladie, et les ont comparés à deux conditions de contrôle : des avatars neutres et des avatars « effrayants » mais non infectieux (un stimulus menaçant et émotionnellement marquant, mais non pathogène ; ). Les résultats, basés sur des évaluations explicites, une échelle de distance d'assise et un test d'association implicite, montrent que les avatars « infectieux » étaient perçus comme malades et contagieux, et suscitaient des réactions d'évitement implicite plus marquées que les autres.

Pourquoi un avatar et non un acteur ( patient simulé) ?
L'article ne le dit pas mais JTS suppose que les avatars sont plus standardisés (mêmes visages, même mouvements) et ne peuvent manifestement pas transmettre de réels pathogènes ni d'autres indices (olfactifs, ?) Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Remerciements

Dre Sara Trabanelli pour sa relecture et validation de ce texte

Quand la réalité virtuelle stimule notre système immunitaire

 La RTS présente cette recherche ainsi "Et si un simple casque de réalité virtuelle suffisait à activer nos défenses immunitaires? […] des chercheurs ont montré que voir un personnage "malade" de trop près à travers la VR déclenche une réponse immunitaire comparable à celle dʹun vaccin.
Ces travaux, (Trabanelli, …& Serino, 2025)ici publiés dans la revue Nature Neuroscience, ouvrent de nouvelles pistes pour les allergies et la vaccination.

Les distances interpersonnelles : des bulles en fonction de la situation sociale 

L'étendue du peripersonal space (PPS) discuté dans la recherche de Trabanelli & al. (2025) (~90 cm) Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser  ici  évoque la zone intime des distances sociales de E.T. Hall (1971): il découpe l'espace autour de soi en 4 "bulles" correspondant à chaque type d'interaction interpersonnelle ou sociale : distance intime, distance personnelle, distance sociale, distance publique (intranet.pdf).  

Hall décompose l'espace autour de soi en 4 zones en fonction de l'interaction.


D'autres recherches mesurant les effets du mental sur la santé

Une chirurgie avec trépanation : le placebo a ~autant d'effet que la chirurgie effective ( et les deux additionnés encore plus !)
D'autres liens collectés sur ce thème ici



Références:

  • Hall, E. T. (1971). La dimension cachée. Seuil. (intranet.pdf)
  • Trabanelli, S., Akselrod, M., Fellrath, J., Vanoni, G., Bertoni, T., Serino, S., Papadopoulou, G., Born, M., Girondini, M., Ercolano, G., Ellena, G., Cornu, A., Mastria, G., Gallart-Ayala, H., Ivanisevic, J., Grivaz, P., Paladino, M. P., Jandus, C., & Serino, A. (2025). Neural anticipation of virtual infection triggers an immune response. Nature Neuroscience, 1–10. https://doi.org/10.1038/s41593-025-02008-y
  • Pierson, M.-L. (2005). L'Image de Soi, mode d'emploi. Eyrolles.