jeudi 7 juin 2007

iPS : les cellules souches sans embryon : fini les problèmes ethiques ?

wwooaw !

Il faut absolument que vous ayez connaissance d'une news de David Cyranoski Simple switch turns cells embryonic Technique removes need for eggs or embryos dans Nature news du 6 June 2007;

3 groupes de recherche publient cette semaine dans Nature et Cell Stem Cell qu'ils ont réussi à reprogrammer des cellules normales de la peau (de souris) pour les rendre pluripotentes : ces cellules-souches peuvent se différencier en très nombreux tissus différents (comme les cellules embryonnaires qui ont pu à partir d'une seule cellule fécondée se diviser et devenir cellule musculaire, sanguine, neurone etc). On les a nommées induced pluripotent stem cells (iPS cells)
Fibroblastes : source : wikipedia-"fibroblast"

On peut théoriquement -et en partie on sait déjà - diriger leur différenciation en divers types de cellules (cardiaques pour réparer le coeur après infarctus (des essais prometteurs Laugwitz et al 2005), rétiniennes pour lutter contre la cécité (MacLaren R. E. , et al. , 2006) ou sanguines pour dépasser le manque chronique de donneurs, par exemple...) Le potentiel est énorme ; à l'horizon, on peut même espérer recréer des organes pour remplacer ceux qui sont abîmés.
Le batracine régénère sa patte complètement
Source Shannon Odelberg , université Utah

C'est d'ailleurs intéressant de noter que la capacité de régénérer un bras par exemple existe encore chez de proches cousins comme les batraciens (oui, le bras entier avec les os, les nerfs et tout ! cf compléments ) Les mécanismes de cette régénération sont probablement en partie présents dans notre génome ?

Il est à noter que ces cellules produites par l'équipe de Shinya Yamanaka de l'Universite de Kyoto sont génétiquement celles de celui à qui on a pris les quelques fibroblastes de sa peau ( pas d'ovules, pas d'embryons) . Elles sont donc compatibles avec son système immunitaire.

Le fait de reprogrammer -de les dé-différencier en sorte : leur redonner le potentiel qu'elles avaient dans l'embryon- les cellules adultes du donneur évite 2 problèmes éthiques : on devait jusqu'à présent utiliser des embryons dans lesquels on introduisait le noyau de la cellule adulte pour en faire une cellule embryonnaire : la rendre pluripotente.


Mais il fallait utiliser un embryon : ce qui choquait de nombreuses personnes. Peut-être n'avaient-elles pas bien compris que ces embryons surnuméraires allaient être décongelés et étaient condamnés, mais il reste que pour eux c'était un problème moral qu'il faut prendre en compte.

L'autre problème est que l'on produisait un embryon avec les gènes du donneur : un clone qui aurait pu être implanté et devenir un être humain clone du donneur. Peut-être ceux qui s'en offusquent n'ont-ils pas compris que c'est actuellement impossible de produire un clone humain -pourtant certains ont essayé- et que les scientifiques impliqués ne voyaient cette technique de clonage thérapeutique que comme une étape pour comprendre mieux et finalement réussir à s'en passer. Encore une fois, même si je ne partage pas ce point de vue : il est moralement défendable et doit être pris en compte dans la pesée éthique des bienfait attendus : les personnes qu'on pourra soigner et sans doute des vies sauvées, etc. Cette question éthique délicate ne se posera peut-être bientôt plus.
La première étape, encore chez la souris, est confirmée - le scandale du coréen Hwang a rendu prudent - par 3 groupes et de nombreux groupes se sont mis à chercher si on peut faire de même chez Homo sapiens.

Depuis l'an passé Yamanaka utilise un un système avec 4 gènes (des facteurs de régulation en fait) introduits dans les cellules par des rétrovirus, et après toute ces années de recherche intenses on est surpris que 4 facteurs suffisent.

L'usage des rétrovirus est une des limitations de cette technique dans sa forme actuelle : on se souvient que les "bébés-bulle" (SCID) soignés à l'hôpital Necker par thérapie génique ont parfois développé un cancer induit par l'endroit où le gène s'insérait dans l'ADN. Ce risque parait plus élevé avec un facteur de transcription.

Reste que cette nouvelle est en fait une très grande étape comparable au Clonage de Dolly : ça mériterait de faire la une des journaux plutôt que les frasques de telle vedette people. 'scusez -moi patin bleu

References

Compléments ultérieurs
  • Quand les nerfs font repousser les pattes, La Recherche, janvier, 2008(intranet.jpg)

4 commentaires:

  1. De la part de Tibo

    je vois pas trop comment il se fait que certains animaux peuvent reconstituer des parties entières de leur corps!?

    Et aussi pourquoi on n'en est pas (plus? ) capable ?

    Enfin, je n'ai pas très bien saisi le point "éthique" ( ce sujet n'étant jamais, comme je me suis plu à lire, qu'une "préoccupation de bien portants" et donc on ne peut plus subjectif ) sur lequel tu es réticent ...

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  2. A propos de la perte d e cette potentialité ?
    un début de réponse :
    http://www.cellscience.com/reviews2/Organ_Regeneration_Immune_Involvement.html

    je crois qu'on n'est pas encore au clair sur la question... ça semble se perdre progressivement sur le chemin des batraciens à nous.

    Il y a des cas de repousse d'un bon bout de doigt chez des enfants. News@nature http://www.nature.com/news/2007/070226/full/070226-8.html
    et pourrait être stimulé par des courants électriques.

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  4. A propos des mécanismes moléculaires de régénération

    un bon bouquin d'embryolo on-line Gilberts et al.

    http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/bv.fcgi?rid=dbio.section.4360

    On y voit le rôle de la vitamine A, notamment.

    Il y a aussi le modèle de coordonnées polaires qui est décrit ici : comme si les régénération produisait les tissus dans un espace de coordonnées polaires...

    http://8e.devbio.com/article.php?id=184&search=regeneration

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