mardi 28 octobre 2008

Terreur chez les lombrics !

Le grognement qui fait sortir les vers de terre

Dans une nouvelle récente dans Science, Boutin, Chad(2008). The Grunter Gets the Worm rapporte qu'une étude explique enfin une vieille tradition de Floride, le Grunting . Se levant à l'aube ces chasseurs de vers enfoncent un pieu de 30cm dans le sol et en frottent l'extrémité avec une longue lame d'acier, (rooping iron) comme une sorte de râpe, produisant un grognement sinistre et guttural, qui fait sortir les vers de terre !
Jusqu'à présent on ignorait comment cette technique induisait la sortie des vers.

Lors d'un festival en avril, le Eighth Annual Sopchoppy Worm Gruntin' Festival in Sopchoppy, Florida, deux équipes de biologistes (Jayne Yack du Carleton University in Ottawa, Canada, et Kenneth Catania du Vanderbilt University in Nashville, Tennessee) ont installé géophones et sismonètres et ont mesuré ce qui se passe : en grattant leur pieu environ 25 fois en 30 seconds, ils ont produit des vibrations dans le sol à environ 100 hertz et on vu apparaître en moins de 2 minutes de nombreux vers Diplocardia mississipiensis
La preuve que ces vers sont sensibles aux vibrations du sol est donc faite.

Une petite vidéo ici montre la technique et permet d'entendre le bruit qui fait sortir les vers de terre...

Catania et al. (2008) publient dans PLoS ONE une expérience avec une caisse de terre pleine de vers dans laquelle on laisse une taupe creuser une galerie par le coté : ils ont vu fuir les vers à leur vitesse maximale de 50 cm par minute. Ainsi l'action des grunters s'explique par l'imitation du bruit que fait le principal prédateur de ces vers : la taupe creusant.
Ils ont aussi pu par d'autres expériences similaires éliminer l'hypothèse que ce serait le bruit de la pluie tambourinant sur le sol qui cause la fuite des vers.
Evidemment pour les vers, sortir de terre, c'est s'exposer à d'autres prédateurs,... mais la taupe -qui ne sort pas de terre - peut manger son poids en ver de terre par jour et constitue donc une menace encore plus grande que les oiseaux et autres prédateurs de surface.

C'est un peu comme les poissons volants qui fuient les prédateurs marins dans les airs, dit Catania

Encore un comportement qui n'est pas intrinsèquement "bon", mais constitue un optimum entre des pressions de sélection contradictoires, adaptée dans ce milieu-là.
Le rôle décisif du milieu dans l'évolution est bien mis en évidence.


Sources

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