dimanche 17 août 2025

Le rapace qui attend le feu rouge , caché par les voitures, pour foncer sur ses proies.

Introduction

Dinets (2025) ici  décrit ses observations d'un rapace qui attend signal sonore du  feu rouge pour longer au raz du sol les voitures arrêtées et foncer sur ses proies. Cette étude décrit le cas d'un jeune autour de Cooper (Accipiter cooperii) ayant appris à associer un signal sonore de passage piéton à la formation de files de voitures, qu'il utilisait comme couvert pour approcher des oiseaux. Un exemple rare et documenté d'adaptation comportementale individuelle à un environnement urbain complexe, L'auteur n'hésite pas à recourir dans son récit à des formulations finalistes et anthropocentrées, ce qui ajoute à la vivacité du témoignage, mais n'aide pas pour enseigner  les modèles explicatifs de l'évolution. C'est donc une occasion idéale de questionner avec les élèves la manière dont on interprète et décrit les comportements animaux.  Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Abstract structuré de l'article (traduit)

"Introduction – Les oiseaux des milieux urbains doivent composer avec un environnement complexe et exigeant. Dans cette étude, les chercheurs décrivent une adaptation comportementale particulièrement remarquable chez l'autour de Cooper (Accipiter cooperii).

Méthodes – Les observations ont été réalisées à l'œil nu dans un habitat urbain du New Jersey, où l'autour de Cooper séjourne principalement en hiver.

Résultats – Un jeune autour de Cooper a été vu en train de chasser près d'une intersection routière, en utilisant les files de voitures arrêtées au feu rouge comme camouflage. Or, ces files n'étaient suffisamment longues que lorsque le feu passait en mode « traversée piétonne ». L'oiseau semblait avoir appris à se préparer à attaquer dès que les signaux sonores annonçaient ce passage en mode piéton.

Discussion – Un tel comportement suppose que l'oiseau ait élaboré une carte mentale des lieux et compris le lien entre les signaux sonores et la modification du flux de circulation — un exploit intellectuel remarquable pour un individu probablement nouvellement arrivé en ville. Un tel niveau de compréhension et d'exploitation des schémas de circulation humaine n'avait encore jamais été documenté chez un animal sauvage." Traduction de Dinets (2025) Jump-To-Science : donner envie d'accéder aux articles                plutot que vulgariser encourage le lecteur à aller vérifier dans l'article d'origine :  ici

Comment un autour de Cooper a appris à utiliser les feux de circulation pour mieux chasser

Adult Cooper's hawk dispatching a house sparrow. Image: Vladimir Dinets.
Fig 1: Autour de Cooper adulte capturant un moineau domestique.  [img]. Photo : Vladimir Dinets.

Le Dr Vladimir Dinets, professeur associé de recherche à l'Université du Tennessee, est zoologiste, spécialisé en comportement animal, écologie et conservation. Depuis 2025, il enseigne également les mathématiques à l'université Rutgers. Il est l'auteur d'un article récemment publié dans Frontiers in Ethology qui documente l'adaptation remarquable d'un nouvel arrivant dans un environnement urbain. Un autour de Cooper, rapace de taille moyenne originaire d'Amérique du Nord, semble avoir appris à adapter sa stratégie de chasse pour attaquer un groupe d'oiseaux précisément au moment où les voitures s'alignent à un feu rouge, après avoir été alerté par un signal sonore indiquant que la phase rouge durerait plus longtemps que d'habitude. Dans cet éditorial invité, il décrit ses observations.

"Il y a de nombreuses années, j'ai passé quelque temps dans le cratère du Ngorongoro, lieu unique en Afrique où d'immenses troupeaux d'animaux sont observés par des foules tout aussi impressionnantes de touristes en 4x4, et où les embouteillages de toutes sortes sont fréquents. Un soir, autour d'un feu de camp, un guide local m'a raconté que certains buffles avaient compris la signification des clignotants et savaient s'écarter à temps des jeeps et des Land Rovers qui tournaient.

Je n'ai jamais eu l'occasion de vérifier cette histoire, mais elle a éveillé mon intérêt pour la perception et les interactions des animaux avec les véhicules humains. L'interaction la plus courante est, hélas, la collision fatale. Mais ce n'est pas toute l'histoire : de nombreux animaux ont appris à utiliser les voitures à leur avantage, et les oiseaux y excellent particulièrement. Les corbeaux lâchent des noix, des palourdes, voire de petits vertébrés sur des routes fréquentées pour qu'ils soient tués ou brisés par les véhicules. Les charognards, comme les corvidés, surveillent les routes pour se nourrir de la faune écrasée. Sur de nombreuses autoroutes américaines, des familles de corbeaux ou de corneilles se répartissent des tronçons qu'elles inspectent du matin au soir. Certains passereaux récupèrent les insectes morts sur les carrosseries, ou nichent dans des véhicules, trains ou bateaux en mouvement. De petits oiseaux utilisent même les voitures comme abri mobile pour échapper aux rapaces, et dans une ville ukrainienne, on sait depuis longtemps que des buses exploitent voitures et tramways pour approcher leurs proies à couvert.

L'attaque au passage piéton

C'est en cherchant ce genre d'interactions que j'ai remarqué un comportement intrigant à une intersection près de chez moi. L'endroit n'était pas particulièrement animé : même à l'heure de pointe, seules quelques voitures attendaient au feu. Mais, parfois, un piéton appuyait sur le bouton de traversée, ce qui allongeait la phase rouge et formait une file plus longue, atteignant un petit arbre de rue au feuillage dense. C'est alors que le feu émettait un signal sonore destiné aux personnes aveugles.

The study area. The route used by the hawk to attack a flock of birds feeding in front of house #2 is shown with white arrows. The hawk appeared in the tree in front of house #11 as soon as sound signals at the streetlight at the intersection (marked with white asterisks) indicated that red light will be longer than usual, and attacked when the queue of cars reached house #8, making it possible for the hawk to move to the tree in front of house #1 without being visible to potential prey. Credit: Dinets, 2025.
Fig 2: Zone d'étude. L'itinéraire emprunté par l'autour pour attaquer un groupe d'oiseaux se nourrissant devant la maison n° 2 est indiqué par des flèches blanches. L'oiseau apparaissait dans l'arbre situé devant la maison n° 11 dès que les signaux sonores du feu de circulation à l'intersection (indiquée par des astérisques blancs) annonçaient que la phase rouge durerait plus longtemps que d'habitude, puis attaquait lorsque la file de voitures atteignait la maison n° 8, ce qui lui permettait de rejoindre l'arbre situé devant la maison n° 1 sans être visible de ses proies potentielles. [img]. Source : Vladimir Dinets.


Un matin d'hiver, alors que j'attendais au feu, j'ai vu un autour de Cooper sortir de ce petit arbre, raser le trottoir le long de la file de voitures, virer brusquement, traverser entre deux véhicules et plonger sur une proie près d'une maison.

En observant les jours suivants, j'ai découvert que la maison visée appartenait à une famille habituée à manger dans son jardin, laissant derrière elle miettes et restes, qui attiraient moineaux, colombes et parfois étourneaux. C'est ce que le rapace convoitait.

Ce qui m'a frappé, c'est que l'attaque survenait uniquement lorsque la file de voitures s'étendait jusqu'à l'arbre, ce qui n'arrivait qu'après activation du mode piéton. Dès que le signal sonore retentissait, l'autour se perchait dans l'arbre, attendait l'allongement de la file, puis attaquait à couvert.

Intelligence et mémoire spatiale

Cela signifie que l'oiseau avait compris le lien entre le signal sonore et la longueur future de la file, et qu'il possédait une carte mentale précise des lieux : lorsque la file atteignait son arbre, il ne pouvait plus voir ses proies et devait se fier à la mémoire.

Il s'agissait d'un jeune individu. Les autours de Cooper nichent rarement en ville dans cette région, mais sont des visiteurs hivernaux réguliers. Ce rapace, probablement arrivé depuis quelques semaines seulement, avait déjà intégré cette stratégie.

L'hiver suivant, j'ai vu un autour adulte chasser de la même manière, probablement le même individu. L'été d'après, le signal sonore a cessé de fonctionner, et les habitants de la maison ont déménagé, mettant fin aux rassemblements d'oiseaux. Depuis, aucun autour n'a été observé à cet endroit.

Une adaptation urbaine remarquable

L'autour de Cooper fait partie d'un petit nombre de rapaces ayant réussi à s'adapter à la vie urbaine, un environnement difficile et dangereux, surtout pour un prédateur de proies vivantes : éviter vitres, câbles, véhicules… tout en capturant sa nourriture chaque jour. Ces observations montrent que cette espèce peut survivre — et même prospérer — en ville, grâce à une remarquable capacité d'apprentissage.

La survie des plus intelligents ?

[NdJTS cette formulation pourrait être discutée avec les élèves ... car l'évolution ne favorise pas la survie mais la reproduction,... et le terme d'intelligence ressemble beaucoup à de l'anthropocentrisme. Cf. p. ex  Betz, & C (2019) ici]

Ces observations montrent que l'autour avait compris le lien entre le signal sonore et la longueur future de la file de voitures. L'oiseau devait aussi disposer d'une carte mentale précise des lieux : lorsque la file atteignait son arbre, il ne pouvait plus voir l'endroit où se trouvaient ses proies et devait s'y rendre de mémoire.

Il s'agissait d'un jeune individu. Dans cette région, les autours de Cooper nichent rarement en ville mais sont des visiteurs hivernaux fréquents. L'oiseau que j'observais était donc presque certainement un migrant, installé depuis seulement quelques semaines, et il avait déjà appris à exploiter les feux de circulation et leurs rythmes. Une prouesse, à mes yeux."

Immature Cooper's hawk in an ambush. Image: Vladimir Dinets.
Fig 3:  Autour de Cooper Immature à l'affut. [img]. Source :Vladimir Dinets. Frontiers in Ethology — un exemple frappant d'adaptation comportementale à un environnement anthropisé, à découvrir et à partager en classe. En n'oubliant de référer l'auteur Dinets(2025) ici 

Références:

  • Dinets, Vladimir. "Street Smarts: A Remarkable Adaptation in a City-Wintering Raptor." Frontiers in Ethology 4 (May 23, 2025). https://doi.org/10.3389/fetho.2025.1539103.
  • Betz, N., Leffers, J. S., Thor, E. E. D., Fux, M., de Nesnera, K., Tanner, K. D., & Coley, J. D. (2019). Cognitive Construal-Consistent Instructor Language in the Undergraduate Biology Classroom. CBE—Life Sciences Education, 18(4), ar63. https://doi.org/10.1187/cbe.19-04-0076

mercredi 13 août 2025

FC De l’infiniment grand à l’infiniment petit avec les élèves du secondaire II // 29 Aout La Nuit des chauves-souris 2025


De l'infiniment grand à l'infiniment petit avec les élèves du secondaire II

Formation continue : De l'infiniment grand à l'infiniment petit avec les élèves du secondaire II

Comment intégrer la physique quantique, la relativité générale et la cosmologie dans les programmes de physique
Inscription en ligne

Public cible

  • Enseignant-e-s secondaire II formation générale

Disciplines

  • Physique

Compétences transversales

  • Conception de cours - Didactique et méthodologie
  • Développement de l'enseignement

Objectif

La physique classique du XVIIe au XIXe demeure le cadre de la description de la réalité dans de nombreux domaines scientifiques et technologiques, et sa maîtrise conditionne l'accès aux théories physiques modernes. Ainsi, elle constitue le socle des programmes du secondaire, la physique moderne n'étant le plus souvent abordée qu'au niveau post-maturité. De ce fait, une majorité d'élèves se retrouve coupé d'une connaissance, même vulgarisée, de la physique du dernier siècle. Les défis relevés par les théories développées au XXe constituent une excellente opportunité d'aborder en profondeur différents aspects de la démarche scientifique, notamment les limites des théories classiques rencontrées dans leurs cours, le rayon d'application d'une théorie et les liens épistémologiques et ontologiques entre théories physiques. Ces différents sujets s'inscrivent dans un cadre interdisciplinaire, qui permet de tisser les liens entre sciences expérimentales, mathématiques, histoire et philosophie. Pour introduire les élèves à cette physique, il est nécessaire de créer les conditions d'enseignement appropriés, notamment par la production et le partage de matériel d'enseignement adapté au niveau des élèves en physique et en mathématiques et qui puisse naturellement s'inscrire dans les programmes du secondaire II.

Contenu

Deux projets pédagogiques adressés au secondaire II ont été développés ces dernières années en Suisse Romande et au Tessin, visant d'une part à introduire les idées de la physique quantique, d'autre part les concepts de la relativité générale en passant par la cosmologie. Dans cette formation, on débutera par l'exposé des motivations, des enjeux ainsi que des modalités de création de nouveau matériel d'enseignement, puis des extraits de séquences et d'activités seront présentées et commentées avec la participation des enseignants présents. On présentera un site internet dédié à l'enseignement de la physique quantique et offrant un large éventail de ressources commentées. Nous présenterons aussi les résultats de deux études mesurant l'impact de ces activités sur la motivation et l'apprentissage des élèves, l'une menée sur 4 ans pour la cosmologie et la relativité générale, l'autre le semestre dernier pour la physique quantique. La formation se terminera par une discussion sur les pratiques des enseignants, les limitations et les perspectives envisageables dans le contexte suisse.

Lieu : Université de Genève (salle à confirmer)

Format : présenciel

Langue du cours
: Français

Dates 3.10.2025, 9h00-16h30

Délai d'inscription 15.09.2025

Organisation SCNAT, Swiss Quantum Initiative, Commission romande de physique

Intervenant-e-s
Alice Gasparini, Chira Caprini, Nicolas Brunner, Augustin Baas

Prix Gratuite

Remarques Remboursement du transport en train sur la base du ½ tarif depuis Suisse ou France voisine, repas de midi offert.

SSPMP – Société suisse des Professeurs de Mathématique et de Physique

offre du prestataire


Bientôt  la nuit des chauve-souris !



Logos CCO, Muséum Genève, Les Evaux
Nuit des chauves-souris 2024

Événement à ne pas manquer:
la Nuit des chauves-souris 2025
à Genève!

Cette année encore, le Parc des Evaux accueillera la traditionnelle Nuit des chauves-souris genevoise, vendredi 29 août 2025 de 18h à 22h. Ce rendez-vous annuel, devenu incontournable pour les familles et les passionné·es de nature, promet une soirée riche en découvertes avec des stands scientifiques, des balades acoustiques, des conférences éducatives, ainsi que des jeux spécialement conçus pour les enfants. Une occasion unique de percer les mystères de ces gardiennes de la nuit!

Depuis presque trois décennies, la Nuit des chauves-souris contribue à la prise de conscience collective sur l'importance de protéger ces curieux mammifères nocturnes, menacés par la pollution lumineuse, la perte de leur habitat ou encore l'utilisation de pesticides. Les chauves-souris jouent en effet un rôle essentiel dans le maintien de l'équilibre des écosystèmes. En Suisse, elles régulent par exemple les populations d'insectes. Dans d'autres régions du monde, elles pollinisent certaines plantes et disséminent des graines. Cette 29e édition espère donc encourager des comportements respectueux de leur environnement et des pratiques favorisant leur protection.

La conférence sur la pollution lumineuse, prévue à 19h, 20h et 21h, abordera l'impact des activités humaines sur la vie de ces mammifères volants, actifs la nuit et particulièrement sensibles à la lumière artificielle. Des stands scientifiques en plein air, sur des thèmes comme l'écholocalisation, le régime alimentaire et l'évolution des chiroptères, permettront aux visiteurs et visiteuses d'approfondir leurs connaissances sur les chauves-souris. Des activités ludiques seront proposées aux enfants tout au long de la soirée, assurant une expérience éducative et divertissante pour toute la famille.

DéCOUVREZ LE PROGRAMME


Le Restaurant des Evaux, ainsi qu'une buvette, proposeront des boissons fraîches, des en-cas et des plats cuisinés.

Organisation de la Nuit des chauves-souris genevoise: Centre de Coordination Ouest pour l'étude et la protection des chauves-souris (CCO-Genève) et le Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, en partenariat avec la Fondation des Evaux et le Restaurant des Evaux.

La Nuit des chauves-souris: un rendez-vous international pour mieux les connaître

Si les chauves-souris ne sont aujourd'hui plus perçues comme dangereuses ou effrayantes mais plutôt comme essentielles à la biodiversité et même mignonnes, c'est en partie grâce à la Nuit des chauves-souris! Cet événement international existe depuis 1997 et représente l'un des événements naturalistes les plus importants de Suisse. Il se déroule chaque année dans une trentaine de pays d'Europe.

Les Centres régionaux du Centre de coordination suisse pour l'étude et la protection des chauves-souris organisent cet événement qui compte 25 manifestations dans tout le pays.

Un dossier de presse regroupant tous les événements suisses est disponible ici.

Informations pratiques pour le public

La Nuit des chauves-souris à Genève est gratuite, sans inscription et tout public (enfants accompagnés dès 6 ans). Les stands sont couverts.

Adresse
Salle événementielle des Evaux (restaurant des Evaux)
Centre intercommunal de sports, loisirs et nature des Evaux
Chemin François-Chavaz, 110
1213 Onex Suisse

Accès
Tram 14, bus J ou K (arrêt Onex - Salle communale)
Bus 2 ou 43 (arrêts La Traille & Vallet)
Bus 19 ou 21 (arrêt Onex-Cité)
Prévoir une marche de 10 minutes en suivant le fléchage.
Parking des Evaux (payant) ; 4 places pour les personnes à mobilité réduite avec macaron sont disponibles gratuitement.

Date
Vendredi 29 août 2025

Horaire
18h-22h en continu


Site officiel du Muséum d'histoire naturelle de Genève

info.museum@geneve.ch
MUSÉE D'HISTOIRE DES SCIENCES

Parc de la Perle du Lac
128, rue de Lausanne,
1202 Genève - CH
T +41 (0)22 418 50 60