lundi 17 novembre 2008

Les forêts anciennes absorbent effectivement beaucoup de CO2.

Les forêts anciennes absorbent effectivement beaucoup de CO2.

Fig 1 : réseau FLUXNET, (constitué de tours de mesure des échanges de CO2, vapeur d'eau et d'énergie entre les écosystèmes et l'atmosphère)
Selon Marris, Emma (2008) dans Nature News Old forests capture plenty of carbon, la question de l'absorption par une forêt du CO2, ou de sa neutralité de ce point de vue est débattue et est décisive dans les choix développés pour gérer l'excès de ce gaz à effet de serre. Est-il plus efficace de planter un nouvel arbre ou d'en conserver un ancien ?
Figure 2 : Rajeunir la forêt absorbe plus de CO2 ? (source F.Lombard)

On pensait que seule les forêts jeunes (qui se développent et donc fixent du CO2 dans les nouvelles branches, racines et troncs) réalisaient une absorption nette.En effet nos ouvrages de référence montraient souvent une baisse de la productivité primaire dans la forêt climacique

Figue 3 : un exemple de graphique liant la productivité primaire et la progression le long d'une série vers le climax. (Source www.sciencebitz.com/?page_id=118. )

Une nouvelle étude confirme d'autres qui le suggéraient déjà depuis quelques années : Sebastiaan Luyssaert de l'Université d'Antwerp, en Belgique, dans le cadre de plusieurs réseaux dont FLUXNET, (constitué de tours de mesure des échanges de CO2, vapeur d'eau et d'énergie entre les écosystèmes et l'atmosphère) a montré que les forêts boréales primaires et les forêts tempérées, qui font 15% de toutes les forêts, fixent a peu près 1.3 gigatonnes of de carbone par an +/- une demi gigatonne. Il l'expliquent par l'accroissement des arbres, les nouveaux arbres et la diminution de la respiration dans les arbres anciens.
Ainsi il vaut mieux préserver les forêts, que de les remplacer par des jeunes.

Comment l'information percole-t-elle à travers les étapes de la vulgarisation ?
C'est intéressant de voir quels chemins suit l'information. Elle part des créateurs de connaissance : les chercheurs, qui publient dans des revues très spécialisées puis, quand l'information atteint un niveau de généralité suffisant, dans des revues comme Science ou Nature. Ensuite il y a des journalistes qui vulgarisent, une cascade de simplifications DINOSAURESet souvent de mise en scène sensationnaliste.Cette recherche en est un exemple assez modéré, mais d'autres exemples ont été rassemblés ici

Sources
La publication d'origine dans Nature
La news dans Nature qui résume en une page (parle de 15% de toutes les forêts) La Recherche : 1/3 de page : un interview, une mise en perspective (contexte, méthodes, pertinence des extrapolations, conséquences) La publication d'origine est clairement mentionnée.
  • Dupouey,Jean-Luc. (2008) Les forêts âgées stockent encore du Carbone, La Recherche Intranet.jpg
Science et Vie : un encadre 1/4 de page : quelques faits et deux citation d'un des auteurs, français. Mentionne 30% de la couverture mondiale de forêts. La publication d'origine n'est pas citée ni référencée.
  • P.L. (2008) Les forets anciennes absorbent encore du CO2 Science et Vie Novembre 2008 p. 39 intranet.jpg
Un Blog : Mondedurable mentionne aussi le chiffre de 15%
et la liste continuerait facilement avec les journaux gratuits ...

Et les bio-tremplins aussi ?
...et cette publication continue la liste !Oui, pourtant celle-ci essaye d'être un tremplin, d'inciter chacun à remonter à la source et facilite autant que faire se peut en fournissant les liens...
A chacun de choisir s'il veut en faire un tremplin ou se contenter de la lire...

3 commentaires:

  1. Commentaire par R. Strasser

    Une grand partie est une bêtise ou trivial, mais toujours en faveur de la foret, alors bienvenu.. Comme les règles campagnardes pour la prévision du temps : Explications romantiques et complètement fausses, mais elles marchent bien, comme la "corrélation" entre le nombre de gens qui se noient et la consommation de Bière en fonction du moi de l'année.(et, comme les conclusions avec la foret on conclut: les buveurs de bière se noient.....)

    L'activité de foret n'a aucune importance dans un état durable. Ce n'est que la masse de carbone fixée sur ou en terre qui compte, égale sous quel forme. Tout le carbone sur ou sous terre, mort ou vivant, organique ou inorganique N'EST PAS DU CARBONE dans l'air. Et c'est dans l'air ou il y a le problème qui provoque le réchauffement.

    Concernant les Foret, c'est que la biomasse qui compte au moment donne. La foret vierge EST durable (à l'échelle de l'humanité) alors un pool +/- constant de carbone fixe. Le bilan de ces échanges est NUL. Par définition sinon elle n'est pas durable (steady state). Si q.q. peux montrer qu'il peux à long terme "cultiver" une foret avec une densité de C plus élevée alors ce serait préférable, mais je crois que personne entrerait a un tel pari. Pour garder le statu quo en CO2 dans l'air il faudrait "seulement "arrêter de bruler le pétrole et le gaz et garder la biomasse sur terre. OU il faudrait AUGMENTER la BIOMASSE chaque année sur terre dans la mesure qu'on brule le pétrole et le gaz. Toute végétation qui passe par un estomac (et des microbes) ne compte pas, parce que le bilan de carbone est zéro (sans compter le pétrole utiliser pour transport etc etc.

    Si on veut même RÉDUIRE le CO2 dans l'air (REMEDIATION) il y a qu'une solution: Reconstituer les DINOSAURES volatilises et les fixer sur ou sous terre. Voir poster. Tout les calculs de flux sont du camouflage pour purifier le moral. La seule chose qui compte est de savoir combien de CO2 l'humanité accepte d'avoir dans l'air (en acceptant le climat qui va avec). Une fois fixe ce niveau il faut savoir que chaque changement de quantité de C dans l'air sera le même changement de quantité de C sur et sous terre avec signe oppose. A nous de faire la "répartition" entre Biomasse, Carbone minéral et matière organique morte. Les activités et turn-overs ne comptent PAS dans cette équation parce que on parle de bilans a un moment donne (steady state d'un système durable, ou toutes les dérivées des fonctions sont zéro.)


    En pratique cela veux dire que compenser le pétrole brulé se fait uniquement en utilisant de la matière organique végétale dans toutes les constructions possibles (briques, Chalets,, barrières le long des routes, Allées le long des routes. Coraux et mangrove en grandes surfaces. Une augmentation permanente de Biomasse et matière organique NON BRULÉE. Un village en bois stock le carbone d'une foret pour des centaines d'années et entretemps la foret en produit du bois pour un autre village etc. Cette augmentation de masse organique stockée sur terre peut arrêter quand le pétrole et le gaz seront épuisés....... et voila on se trouvera a l'age des DINOSAURES verts.....(See poster http://tecfa.unige.ch/perso/lombardf/bist/bio-review/strasser-wood-conserv-docs/). Le poster est une blague, mais les discussions de flux sont une bêtise.

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  2. Voilà qui relance notre débat sur la vulgarisation!!!

    Je comprends bien que tu incites des élèves du gymnase (pardon Collège) à aller voir la publication originelle. C'est un excellent exercice. Mais que dire au reste des habitants de cette planète qui n'auront jamais la motivation de lire une seule ligne d'un véritable article scientifique. Rien, si je suis ton raisonnement. Ce serait passablement élitiste. Ces gens doivent pourtant être informés, il y a des enjeux cruciaux et urgents qui nécessitent une prise de conscience générale. La démocratie exige que chacun possède un pouvoir sur les décision collectives. Comment informer correctement tous ces citoyens? En les abonnant tous à "Nature"? Et en les forçant à lire sous peine de cruelles tortures?

    Et même pour les vrais scientifiques, la masse de publications est telle qu'il est impossible de tout suivre. Chacun se spécialise de plus en plus et personne n'a plus de vue d'ensemble sur l'évolution du savoir scientifique. J'en conclus qu'il faut absolument des gens pour digérer et synthétiser tout ça, même si cette tâche est extrêmement délicate, j'en suis pleinement conscient. Le gros problème c'est que rien n'est jamais totalement certain pour un scientifique, mais qu'il faut pourtant bien prendre des décisions. Il me semble que les travaux du GIEC pour le climat montrent la bonne voie.

    Je suis aussi très agacé par le terme "vulgarisation". Il montre bien le mépris des scientifiques de l'époque pour le reste du monde. Et je crains qu'ils n'aient pas tant changé depuis. Je proposerais plutôt "interprète scientifique", car il s'agit bien de faire le pont entre deux langues et deux cultures qui s'ignorent. J'irais même plus loin en exigeant des scientifiques qu'ils sachent se faire comprendre des gens "normaux", je veux dire ceux qui ne sont pas de leur "caste". N'oublions pas que ce sont eux (les contribuables) qui les payent, ils ont donc des comptes à rendre, et dans un langage compréhensible du commun des mortels. Non, mais!

    Evidemment, je provoque, mais il y du vrai et du sérieux là derrière.

    Christian Lavorel VD

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  3. C'est marrant, ce débat me rappelle le fameux article de Humberto Ecco sur les catholiques et les protestants, à propos des Macs et les PC. Les curés seraient donc des sortes de vulgarisateurs de la bible qui cherchent à la rendre plus facilement accessible au plus grand nombre (avec les dérives que l'on sait), tandis que les pasteurs inciteraient à aller chercher le salut directement dans le livre saint.

    Pour la bible, je suivrais facilement les protestants car ce livre est assez facile d'accès. Il est plein de paraboles, donc déjà très bien "vulgarisé". Pour la recherche scientifique, je suis plutôt catholique vu l'ampleur et la difficulté de la tâche.

    Tout dépend à quel public on s'adresse. Au collège, on peut (on doit) rester protestant. Mais demander au citoyen moyen de lire des revues scientifiques, même science et Vie, est parfaitement illusoire. Ces gens s'informent pendant leurs loisirs, souvent après une longue journée de travail. Ils ont donc besoin d'informations courtes et agréables à lire, sinon ils ne les liront tout simplement pas. Et comme ils on quitté l'école depuis belle lurette, on ne les changera pas. Les revues scientifiques, les vraies, sont destinées aux scientifiques et à ceux qui tentent de l'être et pour ce public là elles sont très bien faites. Pour les autres elles sont parfaitement illisibles.

    Les scientifiques ont donc le devoir d'aller à la rencontre de ces gens. Il doivent aller à la TV, à la radio et dans les journaux à grand tirage. Ils doivent faire l'effort de collaborer avec des journalistes et de se plier à leurs exigences (en partie du moins). C'est un exercice très difficile, mais excellent pour tous. Et puis surtout Ils doivent cesser de mépriser ceux qui tentent de parler le langage des non initiés. Il y a des exemples très encourageants à la radio suisse romande: "La science de Pain" sur la première entre 7 et 8 heures (très drôle) ou "Impatience", toujours sur la première entre 17 et 18 heures. A la TV, je connais moins mais c'est plutôt du côté d'Arte qu'il faut chercher.

    Et puis nous avons besoin d'équipes scientifiques qui se spécialisent dans la synthèse, non pas pour donner un avis définitif sur quoi que ce soit, mais pour rendre compte de l'état de la recherche sur un sujet donné qui intéresse le reste du Monde. Et qui soient évidemment en mesure d'actualiser leurs conclusions à intervalles réguliers. C'est très difficile, mais indispensable. Et puis si le sujet est très polémique, on peut toujours rendre compte des divers avis, comme on le fait en politique.

    Dans un registre plus personnel, j'ai eu un immense choc, après l'université, quand j'ai commencé à travailler à Champ-Pittet au contact des visiteurs. Le niveau d'ignorance sur la nature était tel que je ne voyais pas comment m'adresser efficacement à ces gens. Et puis j'ai fait l'effort d'écouter leurs attentes et leurs interrogations. J'ai appris à connaître mon public. Du coup, il devenait possible d'informer ce façon pertinente et avec beaucoup de plaisir. Pourtant, j'avais régulièrement des remarques de "vrais scientifiques" qui me faisaient comprendre que de telles simplifications étaient inadmissibles. J'ai appris à les ignorer. A chacun son métier.

    Maintenant j'enseigne la science à des très jeunes. Je dois encore beaucoup simplifier. Heureusement, j'aime bien cet exercice... et je l'assume!

    Christian Lavorel

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