vendredi 17 septembre 2010

Imagerie cérébrale : faut-il repenser l’humain émotionnel ?

Il l'aime : l'image le prouve ! ...Vraiment ?

l'amour-desactive-jugement ? Fig 1 : Cette image de l'activité de zones du cerveau serait la preuve que l'auteur de ce blog est amoureux ? Le blog ici associe directement l'activation de certaines zones et le désir, l'attachement et l'amour romantique. La force de conviction des images ne devrait pas se substituer à une discussion des conclusions.[img]Source : A.J. Jacobs (2009) Do I Love My Wife? An Investigative Report Esquire.com

Des images de l'activité de certaines zones du cerveau sont souvent affichées comme "preuve". Surtout dans la presse vulgarisée, mais certains mettent en garde contre la la force de conviction des images qui risque de se substituer à une mise en perspective des résultats permettant des mesurer la porté des conclusions.

Connaitre la manière dont les résultats sont obtenus est une des caractéristiques d'une connaissance scientifique. Mais l'iRMF est un domaine encore nouveau pour beaucoup.
Une journée avec 4 spécialistes de haut niveau sera l'occasion d'en approfondir les techniques, mais aussi d'en mettre en perspective les conclusions.

Formation continue pour les maîtres de biologie, de philosophie et tous les autres !

Imagerie cérébrale : faut-il repenser l'humain émotionnel ?

Vendredi 4 février 2011 salle MS 160 Unimail

avec 4 experts de haut niveau :
François Ansermet, Julien Deonna, Didier Grandjean et Patrik Vuilleumier

Description des techniques d'IRM fonctionnelle, discussion de leurs limites à l'aide d'exemples dans le domaine des émotions, de la prise de décision, de la reconnaissance faciale et vocale et de l'attachement.
- Regard psychanalytique sur le rapport corps/esprit dans les émotions.
- Neurobiologie : le point de vue biologique sur les exemples cités.
- Eclairage philosophique : le rapport du corps et de l'esprit.
- Débat et confrontations de points de vue.

Inscription ici PO-10401 (pour les non-enseignants genevois contacter E. Scheidegger ici)


De nouvelles techniques donnent de nouvelles réponses à des questions fondamentales

La neuroimagerie et notamment l'IRMf (cf Bio-Tremplins du 27 février 2008 Voir les pensées dans le cerveau ?) a ouvert des possibilités d'explorer le cerveau en pleine action : mais l'explosion du nombre des résultats publiés rend difficile de se faire une idée claire de ce qu'on sait vraiment. Et distinguer des extrapolations journalistiques !

De nombreux résultats suggèrent qu'on serait en train de trouver les bases neurologiques de comportements fondamentaux de l'humain comme la morale (Greene, J. D., (2001).Ici ), l'empathie (Singer, T., et al. (2004) ici), ou d'autres sentiments L'agressivité des ados visualisée dans le cerveau ?(Bio-Tremplins du 5 mars 2008) , voire de pénétrer l'intimité de la pensée individuelle (cf Bio-tremplins du 14 mars 2009 lire dans nos pensées ?)

La presse en regorge : par exemple

Un éclairage très différent selon les disciplines

D'un autre côté l'idée que l'esprit se réduirait à l'activité du cerveau (l'esprit serait la manifestation des fonctionnements des neurones et du cerveau) n'est pas démontrée. Les philosophes parlent de monisme par opposition au dualisme dans lequel l'esprit ne se réduit pas à ce qui se passe dans le cerveau. On voit bien que la manière d'aborder cette question est très différente pour un biologiste, un philosophe, un psychologue ou un psychiatre.

Ces qA chacun son cerveau : Plasticité neuronale et,               inconscient [Broché],François Ansermet (Auteur), Pierre,               Magistretti (Auteur)uatre spécialistes renommés ont accepté de confronter leurs visions sur la question du corps et de l'esprit et de confronter leurs éclairages croisés sur ce que sont dans leur domaine les émotions. Un Psychiatre :

  • Prof. François Ansermet, pédopsychiatre, Faculté de Médecine, a exploré avec Pierre Magistretti les liens entre neurosciences et psychanalyses, dans un ouvrage qui a pour titre "Les énigmes du plaisir" à paraître aux Editions Odile Jacob. Ainsi que "À chacun son cerveau : plasticité neuronale et inconscient," [img] aux Editions Odile Jacob
Un neuropsychologue, un philosophe et un neurologue du Centre Interfacultaire en Sciences Affectives CISA :
  • Prof. Didier Grandjean, professeur en neuropsychologie et neurosciences affectives, Faculté de Psychologie et Sciences de l'Education et Centre Interfacultaire en Sciences Affectives,
  • Prof. Julien Deonna, professeur en philosophie, Centre Interfacultaire en Sciences Affectives,
  • Prof. Patrik Vuilleumier, neurologue, Faculté de médecine et Centre interfacultaire de neurosciences, Université de Genève.

A la croisée de la Neurobiologie ...

Juste pour vous faire envie, parmi les très nombreux articles du CISA, citons d'abord un article sur la mémoire des émotions faciales. Nous y reviendrons dans une Bio-Tremplins prochaine.

Et de la psychologie expérimentale...

La psychologie est à l'université de Genève principalement une discipline expérimentale que les biologistes verraient assez facilement comme de l'éthologie humaine. L'objectif est de comprendre le fonctionnement de l'esprit humain, pas directement de soigner. Dans un autre article du CISA avec Grandjean et Vuilleumier (publié sur PLOSone et donc gratuit et librement accessible ici), Vrticka. et al. (2008) étudient avec un dispositif similaire comment le style d'attachement (secure, avoidant, anxious) est lié à l'activation de différentes zones cérébrales. Ils démontrent des liens entre des dimensions psychosociales de l'attachement chez les adultes et des fonctionnements de l'encéphale. En extrapolant et pour provoquer, on pourrait dire que la manière d'aimer et d'avoir besoin d 'affection se manifesterait par l'activation différente de l'amygdale et du striatum. C'est sûr que cette manière de voir la révélée à d'autres les profondeur de notre intimité par un appareil d'IRMf peut faire réagir. Le besoin d'affection et d'amour se réduit-il à des zones qui s'activent ? Les quatre spécialistes ne seront pas du même avis sur des questions comme celle-là, je pense ! Et je me réjouis d'entendre les débats.

Et aussi de la psychologie clinique et de la philosophie...

Je préfère m'abstenir d'essayer de résumer sérieusement les positions dans des domaines que je connais moins... mais je vais tenter de vous donner envie de les connaitre ! La psychologie clinique (le "psy-divan" pour faire court et provocant) aborde ces questions dans un cadre théorique où Freud et Jung ont leur place et où l'objectif est de soigner. La gestion des émotions et naturellement au coeur des approches thérapeutiques mais on parle moins de molécules et de zones activées, ... on intervient plutôt par l'interaction entre le thérapeute et le patient. Le Pr. Ansermet présentera un éclairage de la question qui risque d'étonner les biologistes, mais qui révèlera des dimensions de la question qui passionneront et pourraient inciter à repenser certaines certitudes. Le philosophe Prof. Julien Deonna, montrera comment on a abordé à travers les âges les émotions et le rapport du corps et de l'esprit et ce que ces différentes approches disent sur la pensée de ces époques. Et aussi a mettre en perspective la vision propre à chaque discipline comme un regard possible parmi d'autres. Ceux qui veulent garder leurs positions bien claires et carrées s'abstiendront : ça risque de décoiffer !

D'autres liens sur la neuroimagerie

Sources

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